Le texte suivant a été publié dans la revue Z n°4 parue en automne 2010 (1). Le numéro de 176 pages, consacré à Nantes, aux impostures du développement durable et à l’écologie politique est toujours disponible sur commande en envoyant un mail à : contact@zite.fr.
On ne peut réellement comprendre ce qui se passe actuellement à Notre-Dame-des-Landes(tant au niveau du projet que des résistances qu’il suscite) sans plonger dans l’histoire mouvementée de ce méga-projet, lancé dans les années 1970. Les aminches de la revue Z s’y étaient attelés dans leur numéro de l’automne 2010. Leur reportage sur place reste plus que jamais d’actualité.
Ici, dans ce pays de bocages encore préservé de l’urbanisation galopante de la région, c’est un projet d’aéroport international, vieux de quarante ans, qui vient chasser des dizaines d’habitants, une centaine de paysans, et offrir près de 2.000 hectares de terres agricoles au tarmac. Il faut un certain effort d’imagination pour se représenter un aéroport, ses dessertes routières, ses ronds-points, ses hôtels et toutes les infrastructures qui l’accompagnent, à la place des petites parcelles de terre séparées de talus arborés, des langues de landes restées en friche et des troupeaux de vaches laitières. Le bon sens est encore davantage heurté lorsqu’on apprend que la ville de Nantes, administrée par Jean-Marc Ayrault, maire et député PS, dispose déjà d’un aéroport. Comment alors justifier un tel projet ?
Face au travail de contre-expertise des opposants au projet, les promoteurs ont dû adapter leur discours. Aujourd’hui, deux arguments principaux sont mis en avant. Nantes-Atlantique, situé au sud de la ville, serait proche de la saturation. Une justification étonnante lorsqu’on apprend que l’aéroport de Genève, par exemple, qui dispose d’une seule piste de 340 hectares, accueille chaque année 10 millions de passagers. Alors que seulement 2,8 millions de personnes utilisent l’aéroport de Nantes-Atlantique… Autre argument : le survol de l’agglomération, en plus de générer des nuisances sonores, serait un véritable danger. À ce problème, les associations opposées au projet proposent un remède : une piste perpendiculaire à la précédente. Mais cela n’est pas assez beau, pas assez grand, pas assez puissant pour une élite locale gagnée par le même enthousiasme bétonneur. Son rêve ? Un nouvel aéroport, garantit HQE (Haute Qualité environnementale), qui permettrait de redessiner une grande mégalopole Rennes-Nantes-Saint-Nazaire, attirer de nouveaux emplois, de nouveaux investisseurs et permettre ainsi le développement de la région.
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(…) À une vingtaine de kilomètres au nord de Nantes, sur la départementale qui mène au bourg de Notre-Dame-des-Landes, en bordure de route, dans les arbres et devant les maisons, des panneaux de bois affichent tous un simple et ferme « Non à l’aéroport ! ». Ce message en rappelle d’autres, aperçus ici et là, aux quatre coins de la France : « Non à la THT (2) » dans les Pyrénées Orientales, « Stop L’EPR (3) ! » aux abords de Cherbourg, « Stop ITER ( 4) » en Provence ou encore « Non à l’enfouissement des déchets radioactifs » à Fougères, à Bar-le-Duc, ou à Saint-Dizier. C’est à chaque fois le même mélange de stupeur et de colère : un projet conçu dans de lointains bureaux vient bouleverser un monde, ses habitants, leur mode de vie, leurs liens et défigurer un territoire pour un développement dont on ne sait plus très bien à qui il profite.
Ici, dans ce pays de bocages encore préservé de l’urbanisation galopante de la région, c’est un projet d’aéroport international, vieux de quarante ans, qui vient chasser des dizaines d’habitants, une centaine de paysans, et offrir près de 2.000 hectares de terres agricoles au tarmac. Il faut un certain effort d’imagination pour se représenter un aéroport, ses dessertes routières, ses ronds-points, ses hôtels et toutes les infrastructures qui l’accompagnent, à la place des petites parcelles de terre séparées de talus arborés, des langues de landes restées en friche et des troupeaux de vaches laitières. Le bon sens est encore davantage heurté lorsqu’on apprend que la ville de Nantes, administrée par Jean-Marc Ayrault, maire et député PS, dispose déjà d’un aéroport. Comment alors justifier un tel projet ?
Aaaaaaaaaavvvviiiiiiooooooonnnnnnn…
En fait, les arguments ont changé avec le temps : sécurité, environnement, coût, besoin face à l’affluence, standing, tourisme… Certains disparaissent, d’autres apparaissent selon la période politique ou la mode du moment. « Au début, il fallait absolument construire cet aéroport pour pouvoir accueillir le Concorde. Puis pour délester les aéroports parisiens. Puis parce que l’aéroport de Nantes était saturé. Et aujourd’hui pour d’impératives raisons de sécurité ! », explique Claude Colas de l’Acipa (Association citoyenne intercommunaledes populations concernées par le projet d’aéroport).Face au travail de contre-expertise des opposants au projet, les promoteurs ont dû adapter leur discours. Aujourd’hui, deux arguments principaux sont mis en avant. Nantes-Atlantique, situé au sud de la ville, serait proche de la saturation. Une justification étonnante lorsqu’on apprend que l’aéroport de Genève, par exemple, qui dispose d’une seule piste de 340 hectares, accueille chaque année 10 millions de passagers. Alors que seulement 2,8 millions de personnes utilisent l’aéroport de Nantes-Atlantique… Autre argument : le survol de l’agglomération, en plus de générer des nuisances sonores, serait un véritable danger. À ce problème, les associations opposées au projet proposent un remède : une piste perpendiculaire à la précédente. Mais cela n’est pas assez beau, pas assez grand, pas assez puissant pour une élite locale gagnée par le même enthousiasme bétonneur. Son rêve ? Un nouvel aéroport, garantit HQE (Haute Qualité environnementale), qui permettrait de redessiner une grande mégalopole Rennes-Nantes-Saint-Nazaire, attirer de nouveaux emplois, de nouveaux investisseurs et permettre ainsi le développement de la région.
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