samedi 10 novembre 2012

Notre-Dame des Landes : des chouans Bretons contre l’Ayraultbespierre,


Le tumulte de Notre-Dame des Landes déferle sur le monde

La bataille de notre dame des landes !


La nouvelle stratégie mise en place par le pouvoir à Notre-Dame des Landes visait à faire oublier définitivement par les journalistes les événements de la ZAD pour baisser la pression sur Ayrault et les parrains du projet. C’est raté. Si l’action ronronne à Notre-Dame des Landes, le bruit s’en répand dans le monde.

Pour Notre-Dame des Landes, les forces de l’ordre restent fidèles à leur stratégie : fixer la résistance sur son pré carré autour du Far Ouest et démolir ailleurs. Pour fixer les opposants, rien de tel qu’un coup d’aiguillon de temps à autre. C’est ainsi qu’à 7 h 30 mercredi, les gendarmes assaillent les barricades autour du Sabot et à 8 h 20 sont dans le chemin. Vers 10 h ils s’approchent d’une barricade dont le démontage commence peu après. A 11 h 20, ils somment d’autres barricades de se rendrent, les chargent à 12 h 30, se replient à 13 h, chargent à nouveau à 13 h 40, voient de nouvelles barricades pousser devant eux, et se replient tout à fait après avoir gardé le contrôle de la RD281 pendant deux petites heures, le temps à la DDE de charger le contenu de cinq barricades dans leurs véhicules et de repartir.

Bilan de la demi-journée de manœuvres de caserne : deux interpellés à 9 h 30 dont un mis en garde à vue, l’autre relâché, quatre autres personnes arrêtées à midi et retenues un peu de temps, deux personnes emmenées par les gendarmes de la brigade de Sautron. Ce qui a surtout permis à Metro de relayer les informations de la Préfecture, selon lesquelles six gendarmes (des 140 qui intervenaient) auraient été blessés légèrement. Du côté des opposants, malgré l’usage de flashballs et de grenades assourdissantes en tir tendu par les forces de l’ordre, il n’y a pas de blessés.

Un billet enflammé écrit par l’un des militants sur l’assaut d’hier fait état de « la présence continue de plusieurs journalistes » et d’un militant « atteint à la rotule par un tir tendu de flash-ball ». L’on note tout de même, au milieu des invectives adressées aux policiers, une confirmation des informations de l’Etat selon lesquelles les militantes étaient cette fois munis de bouteilles incendiaires, lancées contre les agents de la DDE « des véhicules de chantiers évitent de peu des bouteilles lancées sur la route ». Une vitre d’un véhicule du Conseil Général de Loire-Atlantique en queue de convoi a aussi été brisée. Cependant, ces faits délictueux sont à mettre en rapport d’une présence policière somme toute très importante, mais vaine. Les cinq barricades démontées ont été reconstruites dans l’après-midi et la nuit. D’ailleurs, aujourd’hui, la préfecture n’a fait que garder un œil sur le Far Ouest sans s’y aventurer.

L’action se passe dans les actions de soutien

Bref, aux yeux des médias nationaux, dont nous avons souligné l’étrange appréciation de ce qui était digne de passer pour actualité, les évenements récents de Notre-Dame des Landes avaient toutes les chances de passer aux oubliettes au profit de l’élection américaine, traitée par certains grands journaux comme si c’était la France, et non Porto Rico, qui était en passe de devenir un nouvel Etat américain.

C’était sans compter sans les soutiens extérieurs. Nombre d’entre eux s’attaquent aux patronages politico-économiques du projet d’aéroport. C’est ainsi que dans la nuit du 16 au 17 octobre, du purin a été versé dans les bureaux de Vinci à Bruxelles. Par ailleurs, une vingtaine de permanences socialistes ont été vandalisées, et David Assouline, porte-parole du PS, a eu l’idée de dénoncer ce « vandalisme politique » à la presse et de « réclamer une réaction énergique ». Information dont les principaux médias se sont tout de suite emparés, brisant les espoirs des forces de l’ordre et de leurs donneurs d’ordre politiques de voir – enfin – une journée de silence radio sur les évenements de NDDL. Caramba, encore raté !

Dans la nuit du 16 au 17 octobre, la fédération du Maine-et-Loire a été la première touchée, avec un grand tag « Vinci-PS même combat, solidarité ZAD ». Ont suivi les permanences de Rennes le 19 octobre et dans la nuit du 26 au 27, Dijon (Côte-d’Or) dans la nuit du 19 au 20, Limoges (Haute-Vienne) dans la nuit du 21 au 22, Besançon (25) dans la nuit du 30 au 31, Tulle (Corrèze) dans la nuit du 2 au 3 novembre, Bordeaux (Gironde) et La Rochelle (Charente-Maritime) dans la nuit du 5 au 6. Sur le mur de cette dernière, les opposants ont écrits « La ZAD est partout. Tremblez ! ». Dans la nuit du 24 au 25, les locaux de la section d’Arles ont aussi été touchés, puis Brest et Douarnenez le 29 octobre et le 5 novembre respectivement. A Paris, les permanences de plusieurs députés ont étés frappées (Fanélie Carrey-Conte dans le XXe le 21 octobre, Patrick Bloche dans le XIe le 7 novembre à 10 h 30) ainsi que les sections du IIIe (7/11), du V et VI (nuit du 2 au 3/11) et la section départementale deux fois de suite (31/10 et 7/11). Pour la « réaction énergique », il faudra peut-être affecter en garde statique deux policiers pour chaque permanence et section du PS.

D’autre part, les manifestations – pacifiques – et les messages de solidarité affluent de partout. La ZAD fait état le 8 novembre de soutiens de « Marseille, Lyon, Paris, Carcassonne, Limoges, Arles, Blois, Dijon, Poitiers, Brest, Angers, Toulouse, Barcelone, Cologne, Lille, Bruxelles ». Le 7 novembre, des manifestants ont rebaptisé la place devant le centre commercial avenue de la République à Saint-Nazaire place Notre-Dame des Landes. Une autre semblable a eu lieu il y a deux jours à Niort , où la Grande Rue Notre-Dame a été rebaptisée Impasse Notre-Dame des Landes.

La liste des rassemblements partout en France ne cesse de s’allonger. Outre celui qui a lieu tous les deux jours devant la Préfecture de Nantes à 19h, des manifestations sont prévues à Saint-Pourçain sur Sioule (20 h) et Saint-Malo le 8 novembre, une projection du film Vainquons Vin$$i à Londres (19 h 30, LARC) le 9 novembre, une réunion d’information à Cologne (19 h, Autonomous Zentrum) et une autre à Liége.

Le lendemain, samedi 10 novembre, trois soirées de projection-information sont prévues loin, très loin de Notre-Dame des Landes, deux dans l’Aveyron à Marcillac (16h, le Guingois) et à Saint-Affrique (café « le lieu dit »), une à la Rochelle (20h, 4, rue des Trois Fuseaux). Une manifestation avec tracteurs est prévue à Rennes (10 h 30, à la gare), une autre à Paris (métro Belleville, 14h), une journée d’information à Nîmes (9 h 30-17 h 30 place de l’Horloge), des rassemblements à Caen (14 h 30 place Bouchard), à Saint-Brieuc (14 h place de la Résistance), à Guingamp (14 h place du Vally), à Châteauroux (10 h place de la République). Une nuée de petites actions qui ne manqueront pas de susciter un nuage de petites dépêches aux quatre coins de la presse régionale et de nombreuses vidéos… qui a dit que l’on ne parlera plus de Notre-Dame des Landes ?

Notre-Dame des Landes, un fait culturel ?


Signe qu’une nouvelle étape vient d’être franchie dans la montée en puissance de la lutte, maintenant, les évenements de Notre-Dame des Landes inspirent des créations. Des artistes apportent leur pierre à la résistance mythique des David de la ZAD contre le Goliath du pouvoir, des chouans Bretons contre l’Ayraultbespierre, bref, Notre-Dame des Landes inspire et ces inspirations renforcent Notre-Dame des Landes. Une culture émerge, le militant peut maintenant s’en faire une playlist, et par la grâce de la mondialisation, communier avec les zadistes du fin fond de la Patagonie ou s’embarquer depuis le Cap pour l’aventure Bretonne.
Il y en a pour tous les goûts. Breton engagé, pour le quintet Hamon-Martin. Bobo et urbain avec la Parisienne Libérée. Des œuvres qui s’empoussiéraient dans la Toile et redécouvertes par les événements. Libertaire avec Bred’irie et Notre Dub des Landes pour Dubamix. Sans oublier les vieux chants Bretons remis au gout du jour, par exemple « C’est la faute au pétrole, dansons la Carmagnole » mais aussi le chant de Gilles servat sur les méfaits du remembrement, Madame la Colline ou encore l’inoubliable Soleil Noir. Pour que le bocage de Notre-Dame des Landes n’offre jamais au soleil un visage zébré du noir bitume de deux pistes.


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