Dette espagnole : "On est entré dans une autre dimension"
On rentre dans une autre dimension par rapport aux plans d'aide précédents. Si on doit aider l'Espagne, on doit aider un pays qui représente 10% du PIB de la zone euro. Et l'Espagne est endettée à hauteur de 70% de son PIB.
Le plan serait donc beaucoup plus massif même s'il ne concernera pas l'intégralité de la dette espagnole. Il devra assurer les besoins de financement du pays pour les deux-trois années à venir [le ministre des Finances espagnol a estimé le besoin pour être à l'abri des marchés pendant trois ans entre 500 et 600 milliards d'euros].
Le MES et le FESF dépassés
Pour aider les pays européens en difficulté, on a mis en place un fonds (le FESF) qui a déjà accordé des prêts à l'Irlande, à la Grèce et au Portugal. Il a des moyens limités face à une crise sans précédent depuis la Grande Dépression de 1929. Si on aide l'Espagne, il est probable qu'on atteigne rapidement les limites de capacité d'aide de ce fond. Dans ce cas-là, que fait-on pour la suite ? Parce que cette crise risque de se propager. L'inquiétude peut notamment se porter sur l'Italie qui a une dette qui approche les 2 000 milliards d'euros. Cela dépasse largement la capacité d'aide des autres pays européens. Depuis le début, on cherche à éviter la prochaine la crise, mais on n'y arrive pas. L'aide à la Grèce, au Portugal, à l'Espagne... C'est une course sans fin à une aide qui, elle, est finie.
Les nouvelles d'Espagne sont très inquiétantes
La question est désormais la suivante : combien de temps Madrid et ses régions pourront -elles se financer à plus de 7% !
Une fois de plus, la crise est de retour depuis le week-end dernier, avec une très mauvaise enchère sur les obligations du trésor espagnol. Des rumeurs, selon lesquelles des régions autonomes espagnoles vont avoir besoin de l’aide du gouvernement central (comme nous l’avions prévu ici), propulsent les coûts d’emprunt à 10 ans pour l’État espagnol à des taux stratosphériques record de 7,55%.
La problématique tourne dorénavant autour de combien de temps le gouvernement central et les régions autonomes pourront se financer à ces taux.
Tout compte fait l’Espagne a bien travaillé pour "préfinancer" une large part de sa dette cette année (cela signifie que l’État espagnol a déjà emprunté la quasi-totalité de l’argent dont il a besoin pour 2012), pendant que les taux d’intérêt étaient relativement faibles (autour de 4%). De plus, la maturité moyenne de sa dette était autour de six ans et demis – ce qui n’est pas un profil de dette si mauvais tout bien considéré. Toutefois, il va y avoir bientôt 10% de dette en plus par rapport au PIB tandis que le coût de renflouement des régions espagnoles ne va faire qu’augmenter. Pendant ce temps, l’économie continue de décrocher – la Banque d’Espagne a annoncé ce matin que l’économie espagnole s’était contractée de 0,4% lors du second trimestre de cette année, à ajouter au 0,3% de baisse au cours du premier trimestre.
Ceux d’entre vous qui ont lu notre récent rapport sur les renflouements des banques espagnoles savent que nous avons déjà abordé cette question en détail, mais, au cas où, vous trouverez un petit rappel dans ce document, dont voici les points clefs :
En regardant les besoins de financement de l’État espagnol sur les prochaines années, surtout en prenant en compte les recapitalisations des banques, il devra faire face à un énorme niveau de refinancement de la dette. Jusqu’à mi-2015, l’État espagnol devra refinancer 547,5 milliards d’Euros, plus de la moitié de son PIB et la grande majorité de sa dette.
Maturité de la dette espagnole
Le gouvernement central espagnol aura besoin de refinancer 209 milliards d'euros en obligations et 75 milliards d'euros en bons du trésor, l’équivalent de presque 30% du PIB et pratiquement la moitié de sa dette officielle. Cela va devenir de plus en plus compliqué si les coûts d’emprunt demeurent à des niveaux aussi élevés.
Déficit espagnol De mi-2012 à mi-2015, l’Espagne aura à financer un déficit équivalent à 179 milliards d'euros – et encore, si l’Espagne réussit à suivre les prévisions du FMI et son plan de réduction des déficits. Factures impayées L’Espagne affronte également un stock important de factures impayées à toutes les strates de l’État, pour un total d’environ 105 milliards d’euros. Cela devrait tirer à sa fin d’ici 2013, bien que ce stock ait été à un niveau très élevé ces temps derniers. En fin de compte, ces fonds sont principalement dus à des créanciers espagnols, ce qui revient à dire que ne pas les payer serait contreproductif pour l’économie du pays. (En écoutant les rumeurs du week-end dernier, il est intéressant de signaler que l’explosion récente des arriérés venait quasiment exclusivement des gouvernements régionaux). Les sommes à refinancer dans les deux prochaines années sont particulièrement élevées… Cela va encore augmenter la pression sur les banques pour charger un peu plus la dette souveraine espagnole, avec des conséquences potentielles énormes si le système venait à exploser. Si les problèmes du secteur bancaire ne sont pas résolus, leur capacité à financer l’État serait soumise à une trop forte pression. Si cela devait tomber en morceaux, l’Espagne se trouverait peut-être sans créanciers volontaires. http://www.francetvinfo.fr/crise-espagnole-on-entre-dans-une-autre-dimension_122673.html http://openeuropeblog.blogspot.fr/2012/07/how-long-can-spain-fund-itself-at-these.html (en anglais)
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