Avec l'adoption du MES qui remplace le FESF (mort né) il serait tentant de penser que le cas de la Grèce est définitivement solitionné. Or, pas du tout, malheuresement. Le casse tète financier de la péninsule hellénique est parti pour durer, quand bien même quelques mois de répis aient été achetés à prix d'or.
Dans le cas de la Grèce elle-même l’aide européenne est conditionnelle à des objectifs que ce pays ne peut atteindre en matière de réduction de déficit. Nous voyons se déployer toutes les pathologies bien connues depuis les années 1930, que l’on pense aux politiques menées par le Premier Ministre Britannique Ramsay MacDonald ou par le Chancelier Allemand Brüning. Les coupes imposées au budget et la diminution autoritaire des salaires nominaux va plonger le pays dans une dépression qui aura un impact plus que proportionnel sur ses recettes fiscales. Par ailleurs, ce contexte va pousser les entreprises à dissimuler leurs revenus au Fisc, tandis qu’elle va encourager des comportements de refus de l’impôt, en raison de l’absence de consensus sur ces politiques. Par ailleurs, la démobilisation des fonctionnaires du Fisc, qui sont parmi les premiers touchés par cette politique, fera que le recouvrement des sommes dues sera de plus en plus problématique.
Dans ce contexte, l’échange des titres de dette, qui sont détenus par des agents privés, et qui doit aboutir à une annulation partielle de la dette de la Grèce, même s’il est techniquement réussi, ne résout pas les problèmes. Si la charge de la dette va baisser, ce sera bien moins que ce qui est prévu (130% du PIB et non 120%). La chute du PIB, -5% prévu pour 2012 et probablement plus et au mois -3 en 2013, va mécaniquement entraîner la hausse du poids de la dette en pourcentage du PIB.
Dès la fin du premier semestre 2012 les résultats budgétaires vont montrer les limites de cette politique. La Grèce aura à nouveau besoin d’une aide qui lui sera probablement refusée. En fait, nous voyons se mettre en place petit à petit le mécanisme d’une sortie de la Grèce de l’Euro, solution ouvertement envisagée par le Ministre Allemand de l’intérieur.
Ces déclarations, qui ont le mérite de la clarté, soulèvent un autre problème. Quels que soient les démentis, il est clair qu’un membre du gouvernement ne s’exprime pas à la légère, surtout en Allemagne. Il y a au moins un débat important au sein du gouvernement Allemand, et peut-être plus : une décision d’aboutir par petits pas à une sortie de la Grèce de la zone euro. Une sortie qui doit être naturellement « volontaire » (tout comme l’est l’échange des titres de dette est qualifié de « volontaire ») car il n’existe à l’heure actuelle aucun mécanisme pour exclure un pays de la cette zone euro.
On sait que la sortie de la Grèce de la zone euro quelles qu’en soient les conditions aura pour effet d’accroître par contagion les difficultés du Portugal et de l’Espagne. Dans ces pays aussi les politiques de déflation imposées par les dirigeants de la zone euro aboutissent à un échec. Le Portugal a d’ores et déjà besoin de plus d’argent que prévu, quant à l’Espagne son déficit budgétaire est très au-dessus de ce qui avait été prévu.
En Italie, sous l’apparence d’un gouvernement de « technocrates » le jeu politique a repris. Le nouveau Premier Ministre, M. Mario Monti, s’avère bien incapable de juguler l’évasion fiscale accélérée que le pays connaît depuis quelques mois. Il faudra donc trouver les moyens financiers pour aider ces États. C’est normalement le rôle du Mécanisme Européen de Stabilité (MES) qui doit succéder au Fond Européen de Stabilisation Financière (FESF).
Mais la taille du MES est bien insuffisante pour cela. Prévu pour 500 milliards d’euros, il est très en deçà des besoins. Un montant d’au moins 1000 milliards constituerait le minimum nécessaire, et le chiffre de 2000 milliards a même été évoqué publiquement par M. Barroso.
Les pays du G-20 l’ont rappelé aux Européens. Le conflit entre l’Allemagne et les autres pays a marqué le dernier sommet du G-20 qui s’est tenu au Mexique. Le Ministre des finances Allemand a exclu tout renforcement du MES, dont la charge il est vrai incomberait essentiellement à l’Allemagne. En réponse, les autres pays, et en particulier la Chine, se sont refusés à sanctionner une recapitalisation du Fonds Monétaire International, ce qui diminue d’autant la capacité de ce dernier à intervenir en cas de nouvelle crise européenne.
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