Par Bernard Kron.
On entend très peu de propositions réalistes au sujet de la crise de la santé dans les débats. Les sénateurs harcelés dans leurs circonscriptions en perdent leur sang froid et proposent des solutions aberrantes comme le conventionnement sélectif.
La France devrait disposer d’un excellent système de soins car les dépenses pour la santé représentent une part de sa richesse nationale plus élevée que la moyenne des autres pays développés, soit 12 % du PIB pour la seule consommation des soins et biens médicaux, les honoraires médicaux ne représentant plus que 10 % de ces dépenses.
Sur les 787 milliards d’euros dépensés chaque année pour la protection sociale, la dépense moyenne par habitant est de 11 800 euros. Ainsi, 270 milliards d’euros lui sont consacrés. Malgré cela, tout va de plus en plus mal malgré le Ségur de la santé.
Malheureusement avec la covid, les recettes de l’État sont compromises par un chômage élevé et par des mesures de sauvetage des entreprises menacées de faillite par la pandémie. Heureusement, l’économie est repartie.
La suradministration, la multiplication des normes, des agences et des lois santé sont quelques exemples des défis à relever face à des soignants exaspérés.
Les fraudes à la carte vitale, dénoncées par Charles Prats rendent impossible d’atteindre un équilibre sans régler ce scandale. Un bouleversement profond de tout le système pointe à l’horizon. Avec les déficits, comment procéder au financement de la cinquième branche adopté par l’Assemblée nationale ?
Tout doit être reconstruit. Les études de médecine
La fausse réforme de la première année avec le PASS/LAS pour accéder à la deuxième année est un trompe-l’œil.
Certaines universités donnent 70 % de la note lors d’un oral très court sur des sujets divers comme la surproduction des voitures ou la grande barrière de corail. La sélection s’opère donc après la première année sur des critères non médicaux et élimine ainsi souvent les meilleurs. Sur les 60 000 étudiants en L1 seulement 10 000 seront admis en L2, ce qui est insuffisant pour repeupler les déserts médicaux, d’autant que plus de 20 % de ces étudiants changeront d’orientation.
Sans le dire, l’État compte sur les assistants médicaux et les délégations de tâches pour régler ce problème… il se trompe.
Depuis que j’ai posé mon bistouri, la situation se dégrade à ma grande tristesse.
La prise en charge de l’épidémie de Covid-19 a été compromise par l’impréparation de l’État, l’absence de masques et la pénurie de personnels soignants. L’incroyable paralysie du système à cause de l’inertie de son administration devrait interpeller les décideurs. On ne soignait plus, on attendait. De nombreux malades en sont morts. Il a fallu confiner pour ne pas submerger l’hôpital et annuler les interventions chirurgicales non urgentes. De nombreuses interventions sont en attente et de nombreux blocs opératoires restent fermés.
En France on meurt de maladies aiguës ou de soins inadaptés.
La suppression des concours hospitaliers a fait disparaître l’élitisme moteur de nos métiers.
Les élites médicales sont en effet indisciplinées et dérangent le monde politique. Il fallait donc les abattre. À terme, le but réel est de remplacer les médecins de famille par des officiers de santé qui s’appuieront sur l’Intelligence artificielle en gardant les médecins référents comme chef d’orchestre.
Chercher à être honoré à titre personnel pour le service rendu et la compassion manifestée est devenu une attitude suspectée de paternalisme. Le médecin devenu agent de santé publique n’est désormais plus reconnu pour un acte libre et personnel, mais payé par l’État.
On le récompensait en applaudissant et en lui donnant des médailles. Maintenant, s’il n’est pas vacciné, il est accusé d’être responsable de la diffusion de la maladie. Le système de soins et la crise de l’hôpital
À l’automne 2020 la pandémie a conduit à un reconfinement. Elle a perturbé tout le système de soins. Cette vague automnale ne sera pas la dernière et fait craindre le pire car les personnels sont épuisés et démissionnent.
Refonder le système de santé et l’Hôpital sera difficile car l’économie menace de s’écrouler.
Le Premier ministre dont c’est la mission ne pourra pas mener à bien la restructuration de tout le système. Il était en effet déjà à la manœuvre dans le passé et donc l’un des acteurs néfastes de cette crise. Le Ségur de la santé est un mirage car il est piloté par ceux qui depuis plus de 20 ans sont à l’origine de cette crise. Une augmentation de salaire de 200 euros en moyenne ne calmera pas les esprits car les personnels sont à bout.
Les drames qui se sont multipliés malgré le dévouement admirable de tous les soignants ont démontré les faiblesses et les failles de l’Hôpital. Même pour les traitements précoces on est resté dans le flou laissant peser l’incertitude sur leur efficacité.
Rien n’a été fait pendant l’été pour préparer les hôpitaux à ces vagues. Tout était pourtant prévisible comme je l’annonce dans mon livre Blouses Blanches : pas de recrutements car pas assez de candidats à la sortie des écoles ; pas d’étudiants formés en fin de cycle aux gestes de base de la réanimation après les vagues précédentes ; il manque toujours 6000 lits en service de réanimation.
La haute administration a paralysé toute la chaîne de soins. Un État centralisateur dirigé par des énarques ne peut pas comprendre qu’il faut laisser les soignants faire leur métier car dans ces écoles les hauts fonctionnaires apprennent le contraire.
Tout miser sur les vaccins est une erreur car l’immunité est courte et les vaccinés restent transmetteurs. Les gestes barrières, que l’on soit vacciné ou non, doivent être maintenus. Conclusion
Toutes ces erreurs et ces mensonges ont eu des conséquences sur le niveau de confiance des Français par ailleurs nombreux à ne pas pouvoir trouver de médecin.
Cette situation devrait avoir une influence majeure sur les prochaines élections présidentielles. Quel candidat comprendra que la santé est une priorité majeure et que sans soignants bien formés et en nombre suffisant l’hôpital va s’écrouler ?
Il faudra bien trouver des financements pour former des soignants et mettre en place la cinquième branche pour la dépendance.
Je propose des solutions simples et économes qui permettraient de sortir la santé du gouffre qui la menace.
Qui voudra les mettre en œuvre ?
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