Soixante ans d'Europe : "Alléluia" ou De profondis" ? Par Guillaume Berlat
Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 03-03-2017
« L'Europe est un État composé de plusieurs provinces » (Montesquieu). N'est-ce pas là le constat incontournable auxquels parviennent les Vingt-Sept chefs d'État et de gouvernement réunis à Rome (flanqués des responsables de la Commission, du Conseil et du Parlement) le 25 mars 2017 pour célébrer le soixantième anniversaire du lancement de la construction européenne ?1 Ne nous faisons pas, toutefois, d'illusions exagérées sur cet évènement, peut-être sur ce non-évènement, sur cette célébration dans une ambiance crépusculaire. L'Histoire, seule en jugera.
Manifestement le cœur n'y est plus en dépit de la magnifique photo de famille et de la bénédiction du Pape François, la veille au Vatican2. « Le « Brexit », la multiplication des mouvements chauvinistes, les scores du Front national en France sont avant tout l'expression d'une révolte des peuples contre ses élites, phénomène désormais commun à toutes les nations européennes, mais aussi occidentales comme le démontre l'élection de Donald Trump outre-Atlantique »3. À quoi nous pourrions ajouter un déficit d'idées, de projet commun, de perspective stratégique pour réorienter un projet européen moribond, de l'avis général.
« Je dis souvent que j'entre fédéraliste au Berlaymont, le nom de l'immeuble principal de la Commission, et que j'en sors souverainiste. » Cette réflexion donne le ton de l'ouvrage récent de Jean Quatremer4 (l'un des piliers des journalistes de la presse écrite accrédité auprès de l'Union européenne). Elle reflète aussi bien la défiance croissante et le désarroi généralisé des citoyens à l'endroit du projet européen et de ses derniers avatars que le problème de la légitimité démocratique de l'Union européenne. Pas plus que les brillants discours volontaristes qui s'enchaînent sans interruption et les Hymnes à la joie, la déclaration de Rome (sorte de catalogue de bonnes intentions qui ne mangent pas de pain) est de nature à répondre aux énormes attentes des peuples. Souvenons-nous que la Roche Tarpéienne est proche du Capitole ! Pour mieux prendre la mesure du problème de l'Union européenne, il est essentiel de porter un jugement sur le mal (un édifice fissuré) et sur ses causes (une faillite intellectuelle).
L'UNION EUROPÉENNE : UN ÉDIFICE FISSURÉ
URL: http://www.les-crises.fr/soixante-ans-deurope-alleluia-ou-de-profondis-par-guillaume-berlat/
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