Macron-Philippe, Le Grand renouvellement, vraiment ? (billet invité)
Billet invité de l'œil de Brutus
Nous avions eu « la Rupture » (Sarkozy, 2007, entré en politique avec Charles Pasqua en 1974 …)), puis « le changement » (Hollande, 2012, disciple de François Mitterrand à l'entrée de celui-ci à l'Elysée en 1981), Emmanuel Macron nous annonce maintenant « le Grand renouvellement », auquel souscrivent, bien évidemment, les médias à la botte de ses amis des multinationales (dans les délires macromaniaques, L'Express va même jusqu'à titrer « La Nouvelle Vague »). Nonobstant « l'affaire Ferrand » qui démontre que les vieilles combines n'empêchent toujours pas d'accéder à un maroquin ministériel, regardons alors d'un peu plus près la composition de son gouvernement.
Edouard Philippe, 1er ministre, né en 1970, a milité dès les années 1990 au parti socialiste avant de rejoindre Alain Juppé à l'UMP en 2002 ;
Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur, né en 1947, milite dès 1968 à la Convention des institutions républicaines (CIR), participe à la refondation du parti socialiste, conseilleur municipal de Lyon en 1977 (à 30 ans), député en 1981 (à 34 ans) ;
François Bayrou, ministre d'État garde des Sceaux, ministre de la Justice, né en 1951, est conseiller général dès l'âge de 30 ans sous l'étiquette UDF puis député quatre ans plus tard ;
Sylvie Goulard, ministre des Armées, née en 1964, conseillère politique du président de la Commission européenne Romano Prodi de 2001 à 2004, présidente du Mouvement européen-France en 2006, députée européenne en 2009 ;
Jean-Yves Le Drian (ministre de l'Europe et des Affaires étrangères), né en 1947, milita au sein de la jeunesse étudiante chrétienne dès le lycée, participa activement à Mai 68 et rejoint le PS dès 1974 pour être conseiller municipal (1977) puis maie (1981) de Lorient ;
Richard Ferrand (ministre de la Cohésion des territoires), né en 1962, adhéra au parti socialiste dès 1980 et rejoint le cabinet de Kofi Yamgnane, secrétaire d'État aux Affaires sociales et à l'Intégration en 1991 ;
Bruno Le Maire (ministre de l'économie), né en 1969, fut au cabinet de Dominique de Villepin dès 1995(à 26 ans) qu'il suivit dans toutes ses fonctions jusqu'à rejoindre le camp Sarkozy pour être élu député en 2007 ;
Jacques Mézard (ministre de l'agriculture et de l'alimentation), né en 1947, est un ancien du parti radical de gauche et fut conseiller général du Cantal dès 1994
Gérald Darmanin, ministre de l'action et des comptes publics, né en 1982, commença à militer dès l'âge de 16ans auprès de Jacques Toubon (dont il fut l'assistant parlementaire au Parlement européen au cours de son année d'étude à l'étranger), fit parti des jeunes du RPR, fut délégué de l'UMP pour la 10e circonscription du Nord et directeur de campagne de Christian Vanneste pour les législatives de 2007 (à 25 ans) et les municipales de 2008, avant d'être chef de cabinet de David Douillet au secrétariat d'État chargé des Français de l'étranger en 2011 (à 29 ans) et enfin député du Nord en 2012 (à 30 ans) ;
Annick Girardin (ministre des Outre-mer), née en 1964, est conseillère territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon depuis 2000, soutient Sylvia Pinel lors des primaires du PS puis trahit son engagement pour rejoindre Emmanuel Macron.
Elisabeth Borne (ministre des Transports), née en 1961, fut conseillère auprès de Jack Lang au ministère de l'éducation nationale (en 1992), avant d'être conseillère de Lionel Jospin à Matignon (1997-2002) ;
Marielle de Sarnez (ministre chargée des affaires européennes), née en 1951, entra en politique pour soutenir Valery Giscard d'Estaing à l'élection présidentielle de 1974 (à 23 ans) et fut l'une des chevilles ouvrières de la création de l'UDF en 1978 ;
Et enfin Emmanuel Macron lui-même, né en 1977, commença à militer au Mouvement des Citoyens de Jean-Pierre Chevènement, au début des années 2000 puis devitn actif au PS à l'âge de 24 ans ; Jean-Pierre Jouet, son mentor initial, lui fit rencontrer François Hollande dès 2006.
En pratique, seuls Nicolas Hulot (Ministre de la Transition écologique et solidaire), Agnès Buzyn (ministre des Solidarités et de la Santé), Françoise Nyssen (ministre de la Culture), Muriel Pénicaud (ministre du Travail), Jean-Michel Blanquer (ministre de l'Education nationale), Frédérique Vidal (ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation), Laura Flessel (ministre des Sports, en encore elle fut nommée au Conseil économique, social et environnemental en 2010 par Nicolas Sarkozy). Sur 19, ils sont donc 7 effectivement « issus de la société civile » (et encore : à peu près tous entretiennent depuis longtemps des liens avec les milieux politiques). Près des 2/3 sont donc de vieux briscards de la politique. Tout ce qu'a fait Emmanuel Macron, c'est donc d'aller cherche des seconds couteaux dont l'avenir était bouché tant que les éléphants - type Jupé-Fillon d'un bord ou Hamon-Valls de l'autre – ne se décidaient pas à laisser la main. Un joli rassemblement d'opportunistes impatients de devenir les cadors à la place des cadors.
Un grand renouvellement ? Une nouvelle vague ?
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