Europe : Le Pen et NDA en mode Tsipras
« Un piège mortel pour notre pays (…) la fin de notre pays comme pays libre, la pire régression sociale, la dictature des banques » : c'est parce qu'il estime que l'élection d'Emmanuel Macron serait une calamité pour notre pays que Nicolas Dupont-Aignan affirme avoir choisi de soutenir Marine Le Pen. Mais alors, pourquoi toujours plus de modération sur la question de l'euro et de l'Union Européenne ?
Ambiguité européenne au carré
Bien sûr, le débat du second tour a le mérite de la clarté et d'opposer des personnalités et des programmes vraiment différents, au contraire de 2012, où l'élection avait accouché d'un François Hollande qui a poursuivi la politique de son prédécesseur dans bien des domaines, de l'austérité dépressive à la déconstruction du droit du travail. Alors, j'avais voté blanc, même si je répugnais à ne pas faire de choix (contrairement à ce que j'avais fait en 2007) et, a posteriori, je ne le regrette pas. En 2017, dans un débat mondialiste / souverainiste, le choix des gaullistes pourrait être de suivre NDA et transgresser le cordon sanitaire qui existe autour du FN pour sortir notre pays de l'impasse.
Mais pour sortir de l'impasse, aujourd'hui, comme nous l'a bien montré la Grèce en 2015, il faut absolument sortir du cadre européen actuel, monnaie unique comprise, car qu'espérer faire de véritablement différent dans le cadre des traités actuels, surtout sans sa propre monnaie, alors que la Banque d'Angleterre a pu soutenir l'économie nationale après le référendum sur le Brexit. En restant dans ce cadre, toute alternative se condamne à n'être qu'une nuance des politiques passées. En cela, l'accord NDA – Le Pen qui dit que « la transition de la monnaie unique à une monnaie commune européenne n'est pas un préalable à toute politique économique » est une erreur fondamentale. Le retour à une monnaie nationale est bien un préalable à toute politique économique vraiment différente.
Pendant la campagne, j'avais déjà souligné le recul du FN sur ces questions, ainsi que l'incapacité frappante de ses dirigeants à défendre le retour à la monnaie nationale ou le protectionnisme. Malheureusement, cet accord marque un recul supplémentaire des positions de NDA et Marine Le Pen sur la question, d'autant plus qu'un certain flou continue d'exister sur les détails du plan, le premier parlant d'une négociation d'un an, alors qu'il est bien évident, comme l'a souligné Sapir, qu'un tel scénario est impratiquable, et Marion Maréchal Le Pen parlant carrément d'attendre les élections européennes pour s'adapter au nouveau contexte. Bref, un mélange d'amateurisme et de démagogie, puisque ces contorsions sont purement de l'électoralisme à courte vue, faute d'avoir convaincu les Français.
Et sachant que Tsipras n'a rien obtenu après avoir gagné législatives et référendum, tout en ayant un plan B, comment croire que cet attelage pourrait obtenir quoique ce soit ? Sur la question, il faut aller vite et fort, après avoir convaincu les Français et obtenu leurs voix. Ici, soit ils pensent quand même y aller vite, mais sans mandat explicite, cela serait d'autant plus difficile et contestable, soit ils veulent y aller lentement, mais cela semble infaisable. A moins qu'ils ne veulent pas y aller vraiment, et là, le changement, ce ne serait pas avec eux. En conclusion, ce qui semble se dessiner avec Marine Le Pen, ce sont tous les mauvais aspects du FN, sans les quelques points positifs de son programme.
Voilà pourquoi, parce que je crois que le sursaut passe par la sortie pleine et rapide de l'UE et de l'euro, face à l'ambiguité toujours grandissante du FN sur le sujet, un soutien est une erreur. Et cela est d'autant plus clair que ce rétropédalage sur l'euro et l'UE, outre un manque de travail, démontre un manque de courage politique, en contradiction avec les raisons qui président à un tel rapprochement.
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