Postol : "Bellingcat a refusé de publier toute information en contradiction avec sa version des faits."
Nous vous proposons aujourd’hui en exclusivité une interview du mois dernier de Theodore A. Postol, Professeur émérite en science, technologie et en politique de sécurité nationale et ancien conseiller scientifique auprès du chef des opérations navales de l’armée américaine. Il donne sa vision sur l’attaque de 2013, sur BellingCat (avec qui il a un peu travaillé), sur le journalisme et le risque nucléaire militaire. Il parle ici sans langue de bois ; ses propos – que nous ne partageons pas forcement toujours entièrement – n’engagent évidemment que lui.
Source : Les-crises.fr, Edouard Vuiart, mars 2017
Edouard Vuiart (les-crises.fr) : « Theodore Postol, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation. Le 21 août 2013, à la Ghouta, en Syrie, des roquettes contenant du gaz sarin ont été tirées sur deux zones contrôlées par l'opposition. Cette attaque représente l'utilisation la plus meurtrière d'armes chimiques depuis la guerre Iran–Irak, avec un bilan compris entre 281 au minimum et 1 729 morts. En septembre 2013, la Maison-Blanche a publié un compte-rendu des renseignements américains affirmant que l'attaque chimique a été lancée depuis des zones contrôlées par le gouvernement syrien. En janvier 2014, vous publiez une étude à ce sujet avec vos collègues du MIT et l'ancien inspecteur en désarmement des Nations unies, Richard Lloyd. Pouvez-vous nous dire ce que vous avez trouvé et quelles conclusions on peut en tirer ? »
Theodore Postol : « Et bien, dans un laps de temps très court, peut-être une ou deux semaines, nous avons tout d'abord rassemblé des informations en faisant des recherches sur le web. Les vidéos et les photographies que nous avons trouvées nous ont amenés à comprendre comment l'arme avait fonctionné. Le résultat de notre analyse était que chaque roquette pouvait contenir 50 litres de sarin approximativement, au lieu de cinq litres, comme tout un chacun le supposait alors. L'arme chimique utilisée dans l'attaque à l'agent innervant perpétrée à Damas le 21 août 2013, au vu de ses caractéristiques, transportait un volume de sarin beaucoup plus important que ce que chacun semblait croire. Cette découverte expliquait pourquoi l'attaque avait pu faire un si grand nombre de victimes.
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