mardi 4 avril 2017

Macron, sondages, présidentielles 2017 : de qui se moque-t-on ? (billet invité)

Macron, sondages, présidentielles 2017 : de qui se moque-t-on ? (billet invité)

Billet invité de l'œil de Brutus

En illustration : sondage Odoxa réalisé pour l'Express, révélé le mardi 25 Novembre 2016

Il y a quelques mois de cela, je réalisais une mise en perspective des sondages[i]et des résultats effectifs dans le cadre des élections présidentielles autrichiennes (lire Elections autrichiennes, sondages et perspectives 2017). Le constat était déjà on ne peut plus évident : les candidats des partis dits traditionnels (en Autriche : les Verts, les conservateurs et les sociaux-démocrates) sont très largement surestimés dans les sondages (leurs résultats électoraux sont pour tous presque deux fois inférieurs aux sondages, y compris les sondages réalisés à la veille du vote).

Les élections néerlandaises du 15 mars 2017 viennent d'en donner une nouvelle illustration. Le parti travailliste (l'équivalent de notre parti dit « socialiste ») réalise un score final de 5,7 % alors que les sondages l'ont constamment mis au-dessus de 12% sauf la veille de l'élection, soit plus du double (courbe en rouge dans le graphe ci-dessous[ii]) et un effondrement de près de 20% par rapport aux élections précédentes ! Les centristes de l' « Appel chrétien-démocrate » (CDA, en vert foncé ci-dessous) étaient crédités en permanence de plus de 16% d'intentions de vote et même presque 20% à la veille du scrutin pour ne réaliser finalement que 12%. Les démocrates 66 (D66, une tendance sociale-libérale, en vert pâle ci-dessous) ont suivi la même tendance pour un résultat identique. Dans une moindre mesure, le vainqueur de ces élections, la droite conservatrice (parti populaire libéral et démocrate, VVD, en bleu foncé ci-dessous),  a elle-aussi été touchée par ce phénomène puisque les sondeurs l'imaginaient systématique au-dessus de 24 % dans les semaines précédant l'élection alors qu'elle n'a réalisé que 21,3%. Annoncé par les sondeurs comme le futur vainqueur, l'extrême-droite (parti pour la liberté, en gris ci-dessous) qui était montée à plus de 35% des intentions de vote et caracolait encore largement au-dessus de 20% à la veille du scrutin a réalisé finalement un piteux 13%.  A contrario, les élections néerlandaises ont vu une très forte poussée des « petits » partis, pour la plupart de création récente, très largement sous-estimés jusque-là. Ce qui nous amène exactement à la même conclusion que lors des élections autrichiennes : hormis pour une extrême-droite érigée en repoussoir, les sondeurs favorisent sans scrupules les partis issus de l' « establishment ».  

Ceci interroge évidement sur les sondages réalisés pour la présidentielles françaises (voir également la brillante analyse de Thomas Guénolé). Comment croire en effet, alors que nous terminons le quinquennat le plus piteux avec le président le plus impopulaire de toute la Ve République, que les héritiers (MM Macron[iii] et Hamon) de ce même président qui se proposent de prolonger, peu ou prou, la même politique, parviendraient à cumuler à eux deux près de 40% des intentions de vote ?? Si on additionne à ces deux-là, le pitoyable M. Fillon,  l'on regroupe tout le spectre des lamentables politiques euro-libérale qui plombent la France depuis plus de 30 ans (sans compter l'affairisme politicien éhonté dont ils sont tous trois issus). Et que nous disent les sondages ? Que la ligne euro-libérale portée par des partis qui pataugent depuis plus trois décennies dans les affaires et la corruption regroupe près de 60% d'intention de vote !

Tout cela évidemment n'est pas sérieux et il y a fort à croire que le soir du 23 avril nous réservera de fortes « surprises », surprises qui n'en seront véritablement que pour l'oligarchie qui s'apprête à se faire désavouer par un peuple français qui la rejette de plus en plus massivement (encore une fois : lisez Thomas Guénolé !).


A la lumière des résultats autrichiens et néerlandais, on pourra même oser quelques pronostics : M. Hamon fera 6%, MM. Macron  et Fillon 12% chacun (rappelons qu'il y a à peine 4 mois, les sondeurs et les médias imaginaient un duel Juppé-Valls pour accéder au 2nd tour face au FN …). La grande interrogation demeurant sur le fait de savoir quel sera le « petit » qui parviendra à se hisser suffisamment haut pour se qualifier pour le 2nd tour face à Mme Le Pen.

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