Euro, Corse : quand Marine Le Pen fait du Hollande
Il y a bien des raisons de s'opposer au FN, entre affaires troubles autour de son financement ou certaines personnalités dont on ne voudrait pas au pouvoir, mais il y a un aspect qui me chagrine particulièrement, c'est le manque de sérieux avec lequel elle aborde les sujets de fond. Nouveaux exemples avec ses très mouvants plans de retour au franc et ses déclarations en Corse.
Alternative jacobine ou radsoc régionaliste trop euro-patiente ?
Le temps qui passe n'est pas fait pour rassurer sur la consistance idéologique de Marine Le Pen. Si l'on pouvait attribuer le grand écart entre les programmes de 2002-2007 et celui de 2012 aux différences d'opinion entre le père et la fille, les cinq dernières années jettent un voile peu flatteur sur les contorsions de cette dernière, qui ne semble pas moins souple que les trois derniers présidents pour essayer de suivre le mieux possible le sens du vent. En seulement 5 ans, elle a mis beaucoup d'eau libérale dans son discours économique, parlant de baisse de taxes et de simplications pour les entreprises, quand son programme de 2012 avait des tonalités bien plus étatistes et keynésiennes.
Sur l'euro, le FN n'en finit plus de changer de scenario. Nous avions même eu droit au retour de la monnaie or pendant quelques temps mais maintenant, face à des français peu convaincus, le FN préfère mettre de l'eau dans son vin plutôt que travailler le sujet et être capable de défendre ses propositions dans les média. Le pire est que cela vaut pour Marine Le Pen comme pour Jean Messiha, le responsable du programme. Donc, maintenant, elle annonce une négociation avec nos partenaires clôturée par un référendum, manière de ne pas lier le vote des présidentielles à la sortie de l'euro, pour tenter d'attirer les électeurs qui ne veulent pas quitter la monnaie unique européenne aujourd'hui.
Mais il y a quelques jours, Marine Le Pen a carrément annoncé qu'elle attendrait les élections allemandes et italiennes pour organiser le référendum, ce qui donne à la sortie de l'euro une perspective lointaine et très hypothétique, et pose deux gros problèmes. D'abord, il est absolument effarant de vouloir une telle période d'incertitude, où les taux et les pressions s'envoleraient. C'est pour cela que je pense aujourd'hui qu'il faut sortir tout de suite et en faire le sujet de l'élection. Ici, Marine Le Pen préfère faire appel à des manœuvres dilatoires pour essayer de contourner l'obstacle, se comportant comme ce Hollande si prompt aux synthèses improbables, comme pour les chantiers de Saint Nazaire.
Dans la série des manœuvres politiciennes, le discours de Marine Le Pen en Corse était également assez surprenant, avec sa tonalité très régionaliste, pour une personne sensée être jacobine : drapeau et chants corses, sans parler de sa défense de la langue locale. Bien sûr, on peut être jacobin sans tomber dans une vision ayatollesque, mais ici, les gages données aux locaux ressemblaient beaucoup à ces promesses des professionnels de la politique, qui n'engagent que ceux qui les écoutent, et un peu trop calibrées en fonction des audiences visitées, en somme, comme savent si bien le faire Chirac, Sarkozy ou même Hollande. Vraiment pas de bonne augure pour un véritable changement.
Tout ceci donne l'image d'un parti encore moins solide que Syriza ne l'a été en Grèce pour apporter le changement dont notre pays a tant besoin. Marine Le Pen ne semble pas avoir le sérieux nécessaire, comme le montre également de manière plus triviale mais pas moins révélatrice l'approvisionnement douteux de la boutique du FN, au contraire de celle de NDA.
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