Trump : le protectionnisme est-il soluble dans Twitter ?
Décidément, le nouveau président des Etats-Unis est totalement hors norme. Il avait fait du protectionnisme un de ses arguments de campagne, impressionnant Paul Krugman. Et c'est un chantier qu'il a entamé avant même son investiture, d'une manière bien peu orthodoxe, en interpellant directement sur Twitter les entreprises qui investissent en dehors des Etats-Unis. Qu'en penser ?
Le protectionnisme en 140 signes
A première vue, le bilan des premiers mois de Donald Trump est impressionnant. Chez nous, les entreprises font ce qu'elles veulent finalement : Pechiney a été démantelé, Arcelor racheté et restructuré, Alstom dépecé, avec des unités rachetées plusieurs fois, comme STX, les usines de la SEITA toutes fermées après son rachat, et Peugeot a fermé Aulnay malgré la prise de participation d'un Etat qui trouvait le moyen d'acheter étranger pour ses propres flottes de véhicules. On peut multiplier les exemples de désastres en matière d'emplois, laissés faire par les gouvernements de gauche comme de droite. Face à cela, en à peine plus de deux mois, Donald Trump semble avoir fait beaucoup.
Le nouveau président vise particulièrement les entreprises étasuniennes qui investissent au Mexique, et interpelle même des entreprises étrangères comme Toyota ou BMW. Quelques projets industriels semblent avoir vraiment été transformés, Carrier et Ford ayant renoncé à leur projet de délocalisation. Des annonces de créations d'emplois et d'investissements ont été faites. A première vue, on peut penser que le protectionnisme façon Twitter, cela marche. Après tout, les entreprises doivent prendre soin de leurs images et en les interpellant publiquement, Trump leur impose une réaction pour ne pas perdre les faveurs d'un marché important, ce qui peut protéger certains emplois ou en créer.
Il y a des cas où cela a permis de protéger ou créer des emplois qui ne l'auraient pas été autrement. Mais cette diplomatie économique en 140 signes est parfois illusoire. En effet, certaines annonces semblent plus l'œuvre de communiquants que d'un ajustement de la stratégie des industriels. Les 10 milliards que Toyota a promis d'investir aux Etats-Unis devaient déjà l'être. Les annonces de General Motors sur la création ou la conservation de 1500 emplois semblent bien limitées. Idem pour les annonces de création d'emplois de Walmart, qui n'auraient rien de nouveau également. Sur Europe 1, Nicolas Barré évoquait le double discours de l'administration Trump vis à vis du monde des affaires.
Bref, le protectionnisme façon Trump est assez superficiel et n'est pas un substitut suffisant à une véritable politique industrielle et protectionniste, surtout si le président des Etats-Unis se satisfait de réponses qui ne sont que des postures communiquantes. Malgré tout, il faut aussi reconnaître que c'est un vrai pas dans la bonne direction pour des millions d'ouvriers oubliés par les précédentes administrations.
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