vendredi 26 août 2016

Scalp, GBU, AASM… Ces armes très coûteuses avec lesquelles la France frappe Daech...

Scalp, GBU, AASM… Ces armes très coûteuses avec lesquelles la France frappe Daech...

Achetées à crédit aux USA ?

Contributeur anonyme

Le Scalp (deuxième missile en partant du haut) est le missile air-sol le plus redoutable des forces françaises,
qui en ont tiré une cinquantaine sur des sites de l'EI depuis décembre 2015
(© Dassault Aviation - K.Tokunaga)

Quand il arrive à 800 km/h, mieux vaut ne pas traîner dans les parages. Long de 5 mètres, d’un poids de 1,3 tonne et équipé d’une charge explosive de 400kg, le missile Scalp, développé en collaboration franco-britannique par le missilier européen MBDA, est l’armement le plus redoutable employé par la France au Levant. Depuis l'entrée en action de ce redoutable matériel sur le théâtre irako-syrien le 15 décembre 2015, les forces françaises ont tiré une cinquantaine de ces missiles, appelés Storm Shadow en Grande-Bretagne et Black Shaheen aux Emirats Arabes Unis. Dont une dizaine sur la seule journée du dimanche 21 août, qui a vu l’aviation française détruire un centre de stockage et de maintenance d’armements lourds à Raqqa, le fief de l’EI en Syrie.

Il faut dire que le missile, déjà utilisé en Libye en 2011, a beaucoup d’arguments. Titré par un chasseur Rafale ou Mirage 2000, quasiment indétectable, il peut être tiré à distance de sécurité : 250 km selon l’armée de l’air, très probablement bien plus. Il dispose d’une précision de l’ordre du mètre. Surtout, il est calibré pour les cibles dites "durcies" (enterrées ou blindées) : une première charge pénétrante traverse le sol ou le blindage, avant l’explosion de la charge principale.

Le Scalp, 850.000 euros pièce 

Mais cette efficacité redoutable a un coût : le prix unitaire du Scalp est estimé à 850.000 euros. De quoi réfléchir avant de décider de l’emploi de cette arme, dont les stocks français sont estimés à environ 500 missiles. Même problème avec le kit de guidage de bombes AASM (Armement Air Sol Modulaire), assemblé à Montluçon par l’industriel français Safran. S’il permet, lui aussi, des frappes de haute précision à distance de sécurité (60 km), son prix unitaire (167.300 euros pièce selon le Sénat, hors frais de développement) le réserve aussi à des cibles d’une certaine valeur ajoutée.

La plupart des frappes sont donc menées avec des armements moins sophistiqués, et donc moins onéreux, comme les bombes guidées laser GBU. Conçues par les Américains Lockheed Martin et Raytheon, ces bombes de 250 à 1000 kg sont tirées à un rythme quasi-quotidien, la plus utilisée étant la GBU-12 de 250 kg, dont le coût unitaire est de l’ordre de 21.900 dollars, selon la Federation of American Scientists (FAS). A fin décembre 2015, selon le Monde, 680 bombes avaient ainsi été larguées au Levant par l’armée de l’air et la Marine. Cette consommation effrénée avait fait craindre à l’époque une pénurie de bombes, un scénario farouchement démenti par l’état-major des armées.

Vidéo du missile Scalp/Storm Shadow de MBDA

Dépendance vis-à-vis des alliés

Deux députés de la commission de la défense de l’Assemblée nationale, Nicolas Bays et Nicolas Dhuicq, ont fait le point sur la question dans un rapport sur la filière munitions paru fin 2015. "Sans pouvoir communiquer de chiffres, nous avons eu l’assurance que nous ne manquons pas de bombes à l’heure actuelle et que nous n’en manquerons pas à moyen terme, indiquait ainsi Nicolas Bays lors de l’examen du rapport. Un marché a été lancé en début d’année par la DGA, afin de couvrir les besoins prévisibles à échéance de quelques années. Un achat, dûment anticipé, aura donc lieu. Si d’aventure la situation devenait critique en raison d’une intensité d’engagement dépassant les prévisions les plus hautes, le recours aux ressources de nos alliés s’imposerait alors." Une dépendance partielle, mais une dépendance quand même.

L’autre facteur de fragilité française réside dans le fait qu’elle ne dispose quasiment plus de capacités de production de corps de bombes sur son sol. Le dernier acteur français du secteur, la SAMP (Société des ateliers mécanique de Pont-au-Sambre), est au plus mal : en conflit juridique avec la DGA, elle n’a pas reçu de commande française depuis 2009. La dernière commande de bombes Mark 82 (225 millions d’euros) a été notifiée début 2016 à RWM Italia, filiale italienne du groupe allemand Rheinmetall. Les députés Nicolas Bays et Nicolas Dhuicq s’inquiétaient d’ailleurs du sort de la société dans leur rapport. Ils soulignaient qu’elle dispose de "900 corps de bombes en voie d’achèvement", et qu’elle était en capacité de les finaliser et de les livrer aux forces françaises.

 

Source(s) : Challenges.fr via Contributeur anonyme

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