"C'est bien parce que les Nations unies allait voter une résolution autorisant l'armée française à intervenir que les massacres ont eu lieu."
En Centrafrique, le beau scénario diplomatico-militaire français a dérapé...
Secret DéfenseLes massacres de jeudi ont contraint l'Elysée à accélerer le mouvement.
Les massacres qui ont eu lieu, jeudi en Centrafrique, ont fait - si l'on ose dire - une victime collatérale : le beau scénario diplomatico-militaire conçu par les dirigeants français, François Hollande en tête. Tout était écrit comme sur du papier à musique. Jeudi, vote d'une résolution par le Conseil de sécurité des Nations unies d'une résolution autorisant une opération franco-africaine. Vendredi et samedi : sommet de l'Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique. Et dimanche, début des opérations sur le terrain. Beau comme un jardin de Le Nôtre...
Patratas ! Jeudi matin, des violences éclatent en Centrafrique, sans doute les pires depuis le début de l'année. Qui est responsable ? Dans la soirée, les responsables militaires français - qui ont, pour l'occasion, repris leurs réunions quotidiennes dans le bureau du directeur de cabinet du ministre de la Défense - n'avaient qu'une idée assez imprécise de ce qu'il s'était vraiment passé. Le scénario le plus probable est celui d'une attaque de partisans de l'ancien président Bozizé contre la Séléka, qui a pris le pouvoir en mars dernier. L'attaque a mal tournée et s'est soldée par des massacres à caractère, en partie, interconfessionnels.
Une chose est sûre : ce n'est pas un hasard de calendrier !
C'est parce que les Nations unies allaient voter une résolution dans la journée et que l'armée française se préparait à intervenir que les massacres ont eu lieu. Manière de prendre date et de se remettre dans le jeu. Fatalité africaine ? Pas si sûr. Le beau scénario concocté par Paris présentait un point faible : entre l'annonce d'une action militaire - depuis plus d'une semaine - et son déclenchement, s'est créée une zone de tous les dangers, un moment d'apenseteur. S'agissait-il, en donnant de la grosse caisse médiatique, de faire comprendre à la Séléka qu'il valait mieux qu'elle se tienne tranquille parce que la cavalerie arrivait ? C'est possible. Mais il n'y avait pas que le Séléka et le camp d'en face s'est invité dans une partie à laquelle il n'était pas forcément convié.
Ce jeudi, il a donc fallu accélérer le tempo militaire, comme l'a annoncé le président de la République dans la soirée. Il était politiquement impossible de laisser la situation en l'état alors que 650 militaires français (dont quelques dizaines de forces spéciales) étaient déjà à Bangui, attendant l'arme au pied le feu vert de Paris. Arrivé le 28 novembre à Douala, il y a donc une semaine, le Dixmude de la Marine nationale avait débarqué les 350 hommes et blindés légers (VAB,VBL) de la 11ème BP. Officiellement, ils n'étaient attendus en Centrafrique que le samedi 7 décembre au soir, pour une entrée en scène dimanche. Neuf jours plus tard... De source officielle, on nous assure qu'on ne pouvait pas faire plus vite. Dans l'urgence, une compagnie est finalement arrivée du Gabon.
L'armée française est désormais à pied d'oeuvre en Centrafrique - ou le sera complètement dans les prochaines heures. Les massacres provoqués par le vide diplomatico-militaire de jeudi seront vite oubliés... sauf par les proches des victimes. Reste qu'un malheur n'arrivant jamais seul, l'annonce de la mort de Nelson Mandela, jeudi soir, risque de faire passer le sommet franco-africain au second plan.
En Centrafrique, le beau scénario diplomatico-militaire français a dérapé...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire