Zizanie au Bas Pays : François Hollande mis en échec à l'Elysée, boulverse l'équilibre des institutions de la Ve République
Serge FederbuschCouacland pays des cacophones
L'exercice gouvernemental n'est plus désormais qu'une longue litanie d'annonces fumeuses et inapplicables. Réformes concrètes et textes de loi révolutionnaires se font attendre au gré des couacs à répétitions qui sont autant de signes d'une fracture idéologique béante qui traverse l' exécutif de l' Elysée à Matignon.
Désormais, chacun au gré de ses humeurs ou difficultés ponctuelles de son parti respectif, sera libre de dire tout et n'importe quoi, sans aucun souci de cohérence.
C'est l'action ministérielle réduite au lancer de ballons-sondes.
Ayrault "cohabite" Hollande
On vit donc, ces derniers jours, nombre de tabous institutionnels brisés et des figures inédites apparaître.
Tout d'abord, celle du Premier ministre - président. Alors que Lui-chef de l'Etat était en goguette israélienne, Lui-chef du gouvernement annonça soudain une fameuse et fumeuse réforme globale du système fiscal français, sans que son patron ait été mit dans la boucle, comme on dit désormais. Même en temps de cohabitation, la chose eût paru offensante pour le locataire de l'Elysée. Mitterrand aurait publiquement tancé Chirac, si ce dernier s'était avisé d'annoncer pareil bouleversement et d'y convier les partenaires sociaux sans l'en informer préalablement. Hollande se contenta de faire "gulp" en soulignant que ce vaste programme prendrait bien ce qu'il lui reste de quinquennat.
C'est à croire que, perdu pour perdu, Ayrault a décidé de pousser les feux. Trop d'humiliations sans doute... Il y a trois semaines à peine, Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture et proche du président, se permettait d'ironiser : "Il y a un problème de cohérence dans l'expression du gouvernement". Mais voilà soudain un Ayrault vengeur prêt à lui clouer le bec.
Bercy contre Matignon
Ce triomphe risque toutefois d'être de courte durée. Face à ce Premier ministre - président, un contre-pouvoir inédit est en effet aussitôt apparu : le Ministre - Premier des finances.
Ulcéré d'être lui aussi écarté de l'incroyable annonce sur la réforme fiscale, furieux d'apprendre qu'à Matignon on envisageait de changer les principaux directeurs de son ministère sans lui demander son avis, Moscovici déclara que, naturellement, le grand sujet du moment était de son ressort. Il faut dire que la pilule est amère : jusqu'au 5 novembre dernier, il en était encore à asséner que le sujet fiscal était désormais tabou et "qu'il n'y avait pas de volonté de bouleverser le système".
Il lui fallait reprendre ostensiblement la main.
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