L’installation à moitié détruite de Fukushima Daiichi fuit toujours. Récemment, un robot y aurait été envoyé pour localiser les fissures du ciment. Fukushima risque de connaître le China’s syndrome : née dans un film de fiction, c’est l’hypothèse la plus grave en cas d’accident nucléaire, qui impliquerait que des éléments du cœur d’une centrale s’enfoncent dans la terre.
Tepco ne fait plus que de la com...
Manifestement, Tepco est débordé. Non seulement il doit toujours gérer l’arrivée de centaines de tonnes d’eau contaminée par jour, les fuites multiples et variées des réservoirs souterrains ou aériens et la contamination de la nappe phréatique et de l’océan qui sont de plus en plus radioactifs, mais il doit en plus trouver une solution à une découverte faite le 18 juillet 2013 par un ouvrier sous-traitant chargé de nettoyer les débris du niveau technique du réacteur n°3 : de la vapeur s’échappe du bâtiment en continu. Pour minimiser ce fait très gênant, Tepco l’explique en prétendant que de l’eau de pluie s’est infiltrée et s’évapore à cause de la chaleur.
En fait, Tepco fait semblant de ne pas savoir, comme d’habitude.
On a souvent vu de la vapeur s’échapper des bâtiments depuis que Tepco et le gouvernement ont déclaré les réacteurs à froid en décembre 2011 (Se reporter aux vidéos collectées dans cette page : Arrêt à froid avec panaches).
Donc on sait bien que les coriums sont capricieux. Non seulement on ne sait pas où ils sont, mais en plus ils peuvent de temps en temps générer des recriticités (redémarrages localisés et chroniques de fissions), donc de la chaleur, d’où le bore préparé par Tepco pour calmer le monstre.
Jusqu'ici tout va bien...
Pour l’instant des techniciens rassurants affirment qu'il n'y a rien de vraiment catastrophique puisque sous cette dalle se trouve une protection supplémentaire : une coque d’acier qui englobe la totalité du cœur. Enfin, l’ensemble de la centrale repose sur une seconde dalle de béton, dont l’épaisseur atteint 7,6 m.
Plutôt rassurant...
Mais les avis divergent concernant la progression du combustible. Uehara Haruo, qui n'est autre que l’architecte du réacteur n°3, n’est pas si optimiste que les dirigeants de TepCo. Dans une interview accordée à un média japonais, il indique qu’il est impossible qu’en l’espace de huit mois, le corium n’ait pas traversé la coque d’acier et la dalle de béton.
Si l’on se réfère à une étude réalisée par l’Oak Ridge National Laboratory qui évoque une simulation d’accident de ce type dans un réacteur à eau bouillante similaire à ceux de Fukushima Daiichi, on sait qu’il suffit de 5 heures pour que le cœur ne soit plus recouvert d’eau, 6 heures pour que le cœur commence à fondre, 6h30 pour que le cœur s’effondre, 7 heures pour que le fond de la cuve lâche, et 14 h pour que le corium traverse une couche de 8 m de béton avec une progression de 1,20 m/h . On peut donc raisonnablement supposer que la cuve du réacteur 1 de Fukushima Daiichi a été traversée par le corium dès le soir du 11 mars et que cette pâte incandescente est passée sous la dalle dès le 12 mars 2011.
Pour lui, il est inévitable que la fuite ait déjà atteint le sous-sol. C’est ce qu’on appelle le syndrome chinois (ce terme avait été forgé par les Américains, imaginant du combustible en fusion transpercer la Terre et arriver en Chine !).
Un tel événement serait bien entendu catastrophique d’un point de vue environnemental. Si l'uranium et le plutonium infiltrent le sol, en plus de le contaminer durablement, il y a fort à parier qu’ils puissent également atteindre les nappes phréatiques. La catastrophe de Fukushima semble donc loin d’être terminée...
Maintenant, on peut se demander pourquoi Tepco (et le gouvernement qui est actionnaire majoritaire) joue à ce petit jeu. Est-ce pour détourner l’attention de la contamination record de l’océan ? ou est-ce pour annoncer petit à petit, l’air de rien, que le Japon ne pourra pas gérer et payer tout seul cette catastrophe continuelle qui affecte le monde depuis 2 ans et demi?
sources de cet article
Tepco débordé à Fukushima Daiichi - Fukushima 福島第一
"Fukushima, le monde de l'absurdité" : entretien avec Kenichi Watanabe - Reporterre
Architect of Reactor 3 warns of massive hydrovolcanic explosion | Fukushima Diary
http://fukushima.over-blog.fr/article-le-corium-de-fukushima-1-description-et-donnees-81378535.html
2 commentaires:
problème réel du "syndrome chinois":
l'enfoncement du coeur dans le sol n'est contaminant que localement puisque la température du coeur (plusieurs milliers de degrés) fait fondre instantanément les parois du trou ainsi créé.
Non, le GROS truc c'est la rencontre d'un coeur à quelques milliers de degrés avec l'eau des nappes phréatiques.
Résultats :
1/ vaporisation instantanée de l'eau provoquant une augmentation énorme de pression
2/ la température provoque la décomposition immédiate de l'eau en Oxygène+Hydrogène et la moindre étincelle (avec un coeur en fusion cela ne doit pas manquer)provoque une forte explosion
Dans les deux cas (et on peut avoir les 2 en même temps), explosion puis projection de tonnes de débris radioactifs dans l'atmosphère et au sol sur plusieurs kilomètres
Je crains que le prix des matériels électroniques conçus ou fabriqués au Japon n'augmente sous peu...
que les coriums ont atteints la nappe phréatique qui est un sol spongieux parait il cela semble probable mais les coriums sont sous eau depuis 2 ans arrosés. Le corium sèche et vitrifie tout sur son passage … on les arrosent il me semble pour les refroidir , pour les isoler et éviter le dégagement de radioactivité dans l’atmosphère ce qui serait semble t il "pire" que de tritiumiser l’océan !! la peste ou le choléra. le plus probable, un enfouissement des coriums et une longue mais relativement rapide contamination de l'ensemble de la planète avec des montée de criticités pendant +/- 30000 ans (comme dans les trois cas précédent fukushima tchernobyl threemile kyshtym) la modernité de fukushima réside plutôt dans son énorme masse de corium : +/- 2410 tonnes ! = le comportement des coriums dépend de leurs masses !!!
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