Quels hauts fonctionnaires oseront exercer leur devoir de désobéissance , sans être mis à l'écart ?
Quels ingénieurs arriveront à refuser toutes les sollicitations des
entrepreneurs de BTP , sans être écartés du couple infernal ELUS -BTP (marchés publics) ?
Cette fois-ci il faut agir vite et bien. On a dans le passé multiplié les textes de loi qui portent des intitulés grandiloquents (moralisation, droits et obligations des fonctionnaires, délits d'initiés, de favoritisme, etc.). Tous les jours surtout des hommes politiques sont condamnés, tout de suite après ils bénéficient d'une remise de peine.
Pour les grands bandits politiques, les lois sont clémentes, floues, bizarres même, si bien que les juges ne peuvent que relâcher les fraudeurs de toutes sortes (Alain Juppé, Jean-Paul Huchon, Jérôme Cahuzac, etc.) .
Quels ingénieurs arriveront à refuser toutes les sollicitations des
entrepreneurs de BTP , sans être écartés du couple infernal ELUS -BTP (marchés publics) ?
Une vaste filouterie
Pour le dire un peu nettement: il est donc très clair, dès 1993, que le législateur n’est pas véritablement désireux d’œuvrer à la prévention de la resquille - où à l’insertion de plus de transparence dans la gestion des affaires publiques. Mais que la création du SCPC serait plutôt quelque chose comme une vaste filouterie.
Car, certes, la détermination de ses responsables, manifestement décidés à faire de leur mieux dans l’étroit périmètre qui leur a été concédé, n’est pas en cause: ils vont, de fait, continuer à publier, année après année, des rapports publics – pour dire et redire, à mots à peine couverts, leur impuissance.
En 2000, par exemple, ils rappellent – sept ans après l’inauguration du service - que «le législateur» leur a confié «la mission» d’analyser les «modes opératoires de la corruption, pour en démonter les rouages, en démêler les réseaux et en déjouer les manœuvres». Mais, ajoutent-ils: «l’outil» SCPC «n’est qu’un moyen. Encore faut-il la volonté de s’en servir, donc la conscience des ravages causés par la corruption et de la nécessité de la combattre, même parfois au risque de son confort personnel».
Puis ils ajoutent, en 2001, que « bien évidemment, il ne» leur «paraît pas possible de mettre en place “la“ mesure qui permettrait de supprimer la corruption, fléau de la société depuis si longtemps», mais qu’«en revanche», il faudrait, «au moins, tenter d’en atténuer les conséquences». (Et de préciser: « Sur un plan politique, la corruption semble n’exister encore que pour deux raisons principales: la volonté de certains élus de conserver leur pouvoir à tout prix, et des besoins financiers, notamment pour les campagnes électorales, qui n’ont jamais été si importants».)
Et tout cela est assez nettement dit – mais personne n’écoute.
Si bien qu’en 2002, les agents du SCPC lancent, à la veille de son dixième anniversaire, ce pathétique cri de colère: «(Un) projet de convention actuellement négocié dans le cadre de l’ONU prévoit que chaque pays signataire se dotera d’une ou plusieurs entités indépendantes spécialisées dans la prévention et la lutte contre la corruption. C’est cette idée qui avait présidé – certes dans un contexte particulier et avec une certaine précipitation – à la création du SCPC il y a dix ans, en 1993, avant que le Conseil constitutionnel – pour des raisons légitimes, mais purement formelles – ne vienne réduire la portée du texte fondateur. À court terme, ce chantier devra être réouvert. Pourquoi tarder ?»
C’était une bonne question – qui n’a jamais vraiment reçu de réponse.
De sorte que dans leur dernier rapport annuel, publié l’an dernier, ces mêmes agents répétaient, pris peut-être de lassitude: «L’existence en France d’un service transversal chargé de la prévention de la corruption, le SCPC, est incontestablement un point positif, notamment au plan international. Cependant, ses attributions et ses pouvoirs, définis à la hâte il y a près de vingt ans, partiellement censurés dès l’origine par le Conseil constitutionnel et jamais révisés, ne sont plus adaptés aux nécessités actuelles de la prévention de la corruption, publique ou privée, nationale ou internationale.»
Mais il est vrai aussi que c’était avant que la classe politique, dans le contexte particulier de l’affaire Cahuzac, ne reprenne en chœur - et avec une certaine précipitation – le refrain, ancien, de la nécessaire et urgente, «moralisation de la vie publique»: après tout, cela ne dure jamais que depuis deux décennies…
http://www.bakchich.info/societe/2013/04/14/les-aventures-extraordinaires-de-la-moralisation-de-la-vie-politique-1-62345
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