Ca va mal en France… Le corps social est en déliquescence, combien de temps encore avant qu’il ne s’écoule sur les pavés ?
Pour le moment les apparences continuent de tromper, d’aveugler les regards complaisants. Alors qu’il suffit pourtant de sonder, d’écouter les murmures de désespoir, de sentir l’air saupoudré d’un souffre caoutchouteux émanant de barricades éparses d’ouvriers excédés. Oui, les inquiétudes et les colères s’additionnent dangereusement, et il est certain qu’elles ne se satisferont plus dorénavant de vagues indignations.
Car en effet, le printemps des marionnettes gesticulant sur les pelouses me semble révolu. Même si quelques espoirs crédules transpirent encore de nos électeurs asservis, il est clair que la plupart des attentes inhérentes à toute transition présidentielle et législative sont désormais avilis. Il aura quand même fallu que le peuple de France s’embourbe une fois de plus dans de mielleuses promesses, pour enfin apercevoir l’aube d’une désillusion salvatrice. Maintenant que « le changement » est au pouvoir, qui peut encore feindre de ne pas voir…que nos politiciens successivement élus sont en tout point corrompus ?
Les ouvriers de chez ArcelorMittal, eux, en tout cas ont compris que Hollande, à l’instar de Sarkozy, s’était bien foutu de leur gueule, quand perché sur la camionette de l’intersyndicale il déclarait : « Je viens devant vous prendre des engagements (…) Je ne veux pas me retrouver dans la situation d’être élu un jour sur une promesse et ensuite de ne pas revenir parce qu’elle n’aurait pas été tenue »… La teneur de sa promesse ? L’une de celle qu’aucun de nos politiciens libéraux européistes n’est en mesure de tenir tant leur pouvoir sur les grands patrons de l’industrie est inexistant ! Car contraindre un industriel à préserver la totalité de ses forces vives de production, ou à examiner sérieusement les propositions de reprise quand il se désengage d’un site rentable, reviendrait à imposer une politique nationale pour le moins raisonnable, à la manière d’un Chavez, ou même d’un Poutine… Mais à l’évidence, ce genre de volontarisme politique est en somme tout à fait impensable pour nos oligarques socialistes, et tout bonnement interdit par un traité de Lisbonne, pour qui, seuls les droits des capitaux priment !
Ainsi, pour palier à sa traîtrise absolue et tenter de camoufler son impuissance instituée, notre gouvernement tente de distraire l’opinion par l’intermédiaire de ses ministres amuseurs de galerie.
Montebourg, le rocambolesque
En juillet dernier, le chevaleresque ambassadeur du redressement productif exhibait son lyrisme à la face de la famille Peugeot, en leur sommant de revoir à la baisse le plan de quelques 8 000 licenciements. Mais manque de pot pour le grand Arnaud, PSA n’eut que faire de ses frasques, et ajouta même par la suite 1 500 têtes au panier des décapités !
Chez Renault non plus, on ne craint rien du verbe de nos socialos… Un pacte de « compétitivité » est à deux doigts d’être signé par des syndicats négociant le gel des salaires ; l’allongement du temps de travail ; le non remplacement des effectifs… Sous peine de quoi ? Carlos Ghosn délocalisera sa production à l’Est sans la moindre hésitation !
Est-ce le prix à payer pour éviter la sortie de route ? Les employés de chez Goodyears peuvent témoigner que non. Il y a déjà quelques années, ils concédaient le même type d’ajustements structurels pour sauver leurs emplois. Vous connaissez la suite, elle se joue actuellement entre Montebourg et l’éventuel repreneur Titan, qui vilipende outrageusement les restes du modèle social français…
Hé oui, ça va mal en France ! Après la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Italie, nous sommes sommés d’accélérer la mise au pas de notre économie selon les standards de la mondialisation. Les ordonnances de ces grandes entreprises ne sont d’ailleurs que la partie visible de la précarisation des travailleurs… ou devrai-je dire : de la flexibilité nécessaire au retour de la croissance économique !
Car en effet, il y a tous ceux que l’on ne voit pas, en tout cas pas dans les médias : nos petits producteurs : laitiers, porchers, volaillers, agriculteurs et j’en passe ! qui travaillent à perte, au prix d’une vie sacrifiée par le stress, l’isolement, et une surcharge de travail telle que tous les jours au moins l’un d’entre eux baisse les bras et se libèrent en se suicidant !…
Nos travailleurs de la terre ne font définitivement pas le poids face aux exigences des marchés seuls maîtres des prix d’achat. On sait d’ailleurs que les Carrefour, Leclerc et autres Intermarché tirent un maximum de profit de leur puissance hégémonique, en contribuant à éradiquer la diversité des petits commerces de proximité.
Qui a dit : l’Europe c’est la paix ?
9 millions de nos concitoyens vivent sous le seuil de pauvreté. Le marché du travail est complètement saturé. Les immigrés affluent de l’Est, du Sud, croyant trouver ici l’issue à leur misère…s’entassant sur nos trottoirs en espérant qu’au bout du froid un visa leur sera octroyé. Ainsi, la guerre pour travailler est totalement déclaré, tels des esclaves suppliant leur maître, le sésame s’ouvrira à qui coûtera le moins cher !… À la manière de nos voisins allemands, qui ne bénéficient d’aucun salaire minimum, dont 3 millions travaillent pour moins de 5 euros de l’heure, dont un emploi sur trois n’est ni à plein temps ni à durée indéterminée, et où un sur dix est un « mini job » rémunéré à moins de 400 euros par mois…
Soyez donc certain qu’en ces eaux troubles nous naviguons, tant le modèle économique allemand est vanté par nos oligarques de tout bord. Car pendant que l’ex-indépendantiste guyanaise Taubira transfiguraitl’égalité social en égalité des moeurs, dans les coulisses du pouvoir le MEDEF et les syndicats négociaient un accord de « sécurisation de l’emploi » : le futur plan de compétitivité / flexibilité du marché du travail, que notre cher Hollande nous vendra sous couvert de lutte contre le chômage et de retour de la croissance.
Ainsi, dans les années à venir on peut s’attendre à voir flamber les immolations un peu partout en France. À moins que nous sonnions le glas de ces politiques traîtres à la nation, en prenant le pavé tous ensemble, pour exiger de redéfinir par nous même le cadre de l’intérêt général. Sinon notre sort est scellé, nous suivrons bon gré mal gré celui de nos amis grecs, portugais, espagnols, et j’en passe…
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