GRÈCE: EPUISÉE, ATHÈNES MENACE LA TROÏKA APRÈS L'ÉCHEC DU SOMMET DE LA ZONE EURO
Le HuffPost | Par Grégory RaymondPublication: 21/11/2012 09:42 CET Mis à jour: 21/11/2012 09:42 CET
ZONE EURO – La Grèce serait-elle en train de montrer les dents ? Après l’échec des négociations dans la nuit de mardi à mercredi 21 novembre, sur le déblocage de l’aide financière pour Athènes, le Premier ministre grec a menacé ses créanciers. Une première.
"Nos partenaires et le FMI ont le devoir de faire ce qu'ils ont assumé, ce n'est pas seulement l'avenir de notre pays mais la stabilité de toute la zone euro qui dépend du succès de la conclusion de cet effort ces prochains jours", a déclaré Antonis Samaras, après la réunion de l’Eurogroupe.
"Les éventuelles difficultés techniques compliquant le règlement technique (du problème) n'excusent aucun retard ni insuffisance", alors que la Grèce a de son côté "fait ce qu'elle devait et ce à quoi elle s'était engagée", a insisté le Premier ministre, en direction des 17 ministres des Finances de la Zone euro.
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Vénizélos : "Le problème n'est pas grec mais européen"
Ces derniers avaient pour mission de se mettre d'accord sur le versement d'un prêt pouvant aller jusqu'à 44 milliards d'euros, et trouver un terrain d'entente avec les autres créanciers publics, en premier lieu le FMI. "Les questions étaient si complexes que nous n'avons pas trouvé de solution définitive", a affirmé le ministre allemand, Wolfgang Schäuble.
Mais pour les Grecs, le temps presse. Sans cet argent frais, le pays fera faillite d’ici la fin l’année. "La Grèce a totalement rempli ses obligations (...), c'est maintenant le moment des décisions au sein de nos partenaires", avait lancé lundi soir le président des socialistes Evangélos Vénizélos, pilier du gouvernement de coalition.
"Le problème n'est pas grec mais européen", avait même rajouté l’ancien ministre des Finances, après le refus d’Athènes d’accéder à une dernière requête du FMI qui visait la suppression de 22.000 postes supplémentaires dans la fonction publique.
Pour lui, le pays "est arrivé au bout de ses forces", tonait-il lundi, soit la veille de la réunion à Bruxelles des ministres des Finances de la zone euro. Un énième train d’austérité a été engagé début novembre pour contenter la troïka (UE-BCE-FMI). Il prévoit notamment d’accepter 9 milliards d'euros d'économies pour 2013.
Un blocage entre l’UE et le FMI
Derrière le versement de la tranche d'aide, se cache la mésentente du FMI et de l'UE, qui cohabitent au sein de la troïka, mais n'arrivent pas à accorder leurs violons sur les moyens de réduire la faramineuse dette accumulée par Athènes.
Le différend qui a opposé le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, à la patronne du Fonds, Christine Lagarde, lundi 12 novembre a déterminé le cœur du débat: à quel moment la Grèce, sous assistance internationale depuis 2010, sera-t-elle en mesure de retourner sur les marchés pour se financer ?
Selon les termes qui délimitaient les accords du deuxième plan d'aide, Athènes a la tâche de ramener sa dette publique à 120% de son produit intérieur brut (PIB) en 2020. Elle représentera en 2013 190% du PIB. L'Europe souhaite donner un délai supplémentaire de deux ans pour atteindre cet objectif. Ce que le FMI refuse catégoriquement. En effet, qui dit délai, dit coup de pouce financier.
L’UE va devoir remettre la main à la poche
Et le Fonds, qui a déjà accordé à Athènes le plus grand prêt de son histoire, n'a officiellement pas l'intention de renoncer à l'objectif, qui garantit, selon lui, un niveau de dette "soutenable" et acceptable par ses 188 Etats-membres (son "board"). Traduction: le FMI en a fait assez et ne remettra pas la main à la poche.
Pour parvenir à sauver la Grèce, l'institution n'envisage qu'une seule option: les Européens doivent s'engager dès maintenant à effacer, d'une manière ou d'une autre, une partie de la dette grecque qu'ils détiennent. De la même façon que le secteur privé avait déjà consenti à un effacement de 107 milliards d'euros en février dernier.
La question est sensible pour les Européens. Un effacement de dette ou un nouveau plan d'aide pourraient être perçus comme un signe de laxisme difficile à justifier, spécialement en Allemagne à un an des élections législatives. On imagine mal Angela Merkel faire un cadeau à la Grèce. Pas plus que la France qui vient de se faire dégrader sa note souveraine par Moody's...