vendredi 19 octobre 2012

Athènes : comme tous les mois les syndicats ouvrent la soupape de la colère

Grosse mobilisation à Athènes


Les syndicalos traitres (et sûrement bien gavés !)
Ceux-ci ont pour but d’assurer que la colère sociale grandissante ne prenne jamais la forme d’une lutte politique contre le gouvernement. 
Tout en émettant occasionnellement des critiques populistes à l’égard des gouvernements corrompus et vendus (Papandreou Papademos Samaras) pour avoir « cédé » aux marchés financiers, les syndicats ont en fait offert aux differents gouvernements le moyen d’appliquer les coupes sociales. 
Pour ce faire, ils ont délibérément isolés les travailleurs en les obligeant à faire des grèves et des manifestations séparées et limitées dans le temps.
En clair : une grève générale reconductible, pas question !
Cela avait été le cas fin 1995 en France contre le plan Juppé.
(NDLR Zebuzzeo)

source : Back to Europe

À Athènes, les journées de grèves générales se suivent et ne se ressemblent pas. Heureusement d'ailleurs parce qu'il y a eu un mort aujourd'hui, sur la place du Parlement.

Déjà, en arrivant sur place, j'ai constaté que les choses étaient différentes de la journée du 26 septembre. Un signe qui ne trompe pas : le Mac Donald est fermé, idem pour le Costa Coffee. Dans les rues, ce ne sont pas des cortèges épars qui se succèdent, mais une véritable marée humaine qui converge sur la place du Parlement.

Il est environ 13 heures. Il y a des jeunes, des vieux, des hommes et des femmes. Les métros fonctionnaient sur la ligne verte, et seule la station Syntagma (la place du Parlement) était fermée.




Une des rues qui longe le parlement est barrée, ce qui est d'autant plus surprenant qu'un simple détour permet de passer des deux côtés de la grille mise en place. Il n'empêche, contre ce mur érigé par les CRS locaux (les MAT) on voit des drapeaux espagnols, portugais, et même un drapeau noir.


Une fois sur la place, je me dirige vers la zone propice aux démonstrations de force, sous les hôtels qui abritent les journalistes. Là, la tension est palpable. D'en bas (où je me trouve) quelques projectiles fusent, des bouteilles d'eau ou des petits cailloux. Au-dessus, je distingue deux trainées de flammes provenant de cocktails Molotov.


Rapidement, la situation devient tellement confuse que des hommes sautent de la rue pour passer en contrebas.



Quelques secondes plus tard, on entend une détonation.
En continuant de prendre des photos, je réalise très vite que presque tout le monde s'est éloigné.



Dès ma première inspiration, je comprends l'origine de ce phénomène, nous venons de nous faire gazer.
Comme les gaz lacrymogènes sont totalement invisibles, je pars dans la direction opposée en me disant que sous la panique, quelqu'un pourrait s'enfoncer dans la zone irrespirable sans le savoir. J'ignorais à ce moment la tournure dramatique que prendraient les événements.

De loin, je continue de prendre des photos sur lesquelles je constaterai que les personnes équipées de masque à gaz disposent aussi de téléobjectifs.


Plus tard dans l'après-midi, ce ne sont plus que de petits groupes qui gravitent sur la place Syntagma.


Quelque part, je repère une zone où l'on parle fort. Je m'approche et constate qu'un groupe de policier est harangué par des badauds. Là, un homme m'explique qu'ils venaient d'apprendre qu'un homme était mort à cause des gaz lacrymogènes, mais qu'ils n'en étaient pas encore sûrs. Il me dit aussi que les gens ont raison de manifester, parce que la situation est devenue intenable. Pour illustrer ses dires, il donne l'exemple de ses enfants qui sont à l'école et qui ont des amis de leur âge qui leur demandent de partager leur déjeuner parce qu'il n'y a plus rien à manger chez eux. Il ajoute que 31 milliards vont encore être donnés à la Grèce, et que ce sont les banques qui récupéreront l'argent.

Du côté de la police, les choses bougent aussi. Au bout de quelques minutes, le chef du groupement vient demander à ses hommes de reculer. Les gens applaudissent, mais ce répit est de courte durée. Très vite, les policiers s'alignent et font reculer tout le monde.





S'ensuivra un jeu bizarre, où les manifestants vont reculer devant les policiers qui utiliseront à nouveau des gaz lacrymogènes lorsque les choses n'iront pas assez vite.






En rentrant chez moi, j'apprends que l'information est vérifiée ; un homme de soixante-six ans est mort à la suite du gazage des manifestants. Il ne faisait rien d'autre que de manifester contre un système injuste.

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