LETTRE OUVERTE D’UN MEMBRE DU PARTI SOCIALISTE AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
J’ai cru en vous, je vous ai parlé (Université d’été 2011), j’ai rencontré un homme abordable, affable, normal (tout le contraire de votre prédécesseur), je vous ai donné mon livre (Nouvelle Civilisation 2012) et je veux encore croire en vous mais, j’ai quelques questions et quelques suggestions.
Pensez-vous que les réflexions politiques et les analyses économiques de citoyens qui ne sont pas issue de l’ENA ne sont pas digne d’intérêt ? Pensez-vous que toutes personnes non issues de l’ENA sont des imbéciles et qu’il n’est pas utile de les lire ?
Comme nous savons vous et moi ainsi que nombre de nos concitoyens, le problème des dettes souveraines a pour origine la loi n°73-7 du 3 janvier 1973, remplacé par les articles 104 (Maastricht) puis123 (Lisbonne). Alors, quand pensez-vous aborder un débat ouvert, serein et sincère sur le fait que les États européens se sont interdit à eux-même de se prêter de l’argent sans intérêt ? et au delà, une réflexion générale sur notre système monétaire à réserves fractionnaires qui débouche sur un empilage de dettes sans fin et qui nous emprisonne dans une croissance obligatoire afin de payer, jusqu'à la fin des temps, une rente à l’oligarchie financière de la planète ? en clair, pensez-vous que la privatisation de la planche à billet soit une idée supportable pour un socialiste ?
La crise de confiance dans le système bancaire associée au manque de courage des politiques est à la base d’un mélange détonnant, capable de transformer la crise financière en catastrophe politique et sociale irréversible.
Les récentes révélations concernant l’implication de banques, parmi les plus importantes de la planète, dans des manipulations frauduleuses de taux de référence de marché (LIBOR, EURIBOR, TIBOR servant à la fixation des conditions financières de contrats portant sur des trillions de dollars) sont capables de porter un coup fatal à la réputation déjà sulfureuse des banquiers et c’est tant mieux ! Au même moment, d’autres institutions confessent des violations caractérisées de la réglementation sur le blanchiment d’argent, des transgressions d’embargos officiels ou encore d’assistance à la fraude fiscale.
Il était déjà notoire que les régulateurs et superviseurs avaient largement failli à leur mandat. Ils ont tenté de justifier ces faiblesses par la limitation de leurs pouvoirs, confinés à leur territoire national, privilèges exclusifs qu’ils défendaient par ailleurs avec acharnement.
Les derniers développements semblent révéler, cependant, une connivence coupable de longue date entre les secteurs public et bancaire qui, en les rendant progressivement interdépendants les uns des autres, a réduit d’autant la capacité de contrôle que le premier était censé exercer sur le second. En effet, les États dépendent, pour le placement de leur dette, des banques, mais celles-ci s’appuient sur les États pour assurer la confiance des contreparties (déposants et autres créanciers) ; ainsi, États et banques dépendent l’un de l’autre pour assurer leur solvabilité réciproque.
Se sachant en position de force (too big to fail), les banques sont à même d’exercer un chantage sur les gouvernements pour influencer toute législation jugée trop contraignante (Volker rule, etc.). D’autre part, prétextant de la nécessité de renforcer les fonds propres des banques (Bâle III) pour éviter un nouveau sauvetage par le contribuable, les États ont favorisé l’accumulation des profits en fermant délibérément les yeux sur des pratiques comme la manipulation de taux, dont ils étaient pourtant informés.
Ainsi, après la faillite de Lehman, les banques ont pu rétablir leur rentabilité apparente aux dépends des consommateurs dont des trillions d’euros de contrats financiers (hypothèques, financements de découverts, de crédits à tempérament, swaps et autres contrats dérivés) étaient indexés sur les taux de référence précités.
Les dépositions, tant des banquiers que des régulateurs, devant les Commissions d’enquête parlementaires aux États-Unis et en Grande-Bretagne ont démontré l’ampleur de la relation incestueuse entre les protagonistes. L’expertise étant très largement cantonnée dans le secteur financier, les politiques se sont aisément laissé « mener en bateau » dans des dossiers particulièrement complexes, ignorants des tenants et aboutissants des mesures partielles qu’ils étaient amenés à prendre. L’inverse est également vrai lorsque, se méfiant des experts, le politique adopte des mesures sans consultation (exemple : le statut de créancier privilégié pour le FESF, MES ou encore la BCE).
Monsieur le Président, le temps des compromis boiteux avec nos partenaires européens est révolu, il faut s’engager résolument dans l’organisation d’un retour à un État souverain en terme monétaire pour mettre en place une véritable réforme afin que l’État français contrôle la totalité de l’émission monétaire sur son territoire ( réforme dite du 100% money ou système monétaire à réserves pleines :http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/100-money-systeme-monetaire-a-70665 . promu par notre seul prix Nobel d’économie : M. Allais).
En ce qui concerne une intervention en Syrie, les va-t-en-guerre de Washington et les médias dominants à la solde des banksters tentent de nous convaincre d’y aller. Surtout, n’engagez pas la France dans ce bourbier !
L’attitude de votre prédécesseur à ce sujet est pathétique ! Sarkozy à Alep, avec sa kalachnikov en bandoulière, où à l’hôpital psychiatrique de Sainte-Anne ? C’est incroyable, il n’y a pas de mot pour décrire l’attitude de cet homme. Non content d’avoir rabaissé la France sous sa présidence, l’ancien président de la République s’immisce dans les affaires françaises internationales, sans mandat, comme le fait, l’autre clown, son complice BHL. Mais de quel droit cet homme veut-il s’occuper des relations internationales françaises après avoir été battu ?
Le point de vue russe sur la question syrienne
Une intervention en Syrie, une bonne idée ?
De façon générale, Monsieur le Président, en tant que socialiste, comment pouvez-vous accepter le système monétaire actuel ? comment pouvez-vous penser qu’il n’y a pas d’alternative (TINA) ? Les bilderbergers vous ont-ils acheté ? vous menacent-ils physiquement ? Comment ne pas voir que l’humanité est en pleine mutation ? que le capitalisme est en pleine déconfiture ?
Par conformité à l’idéologie dominante, par entêtement europhile, par manque de compassion et de sagesse, votre mandat à toutes les chances d’être un fiasco. Alors que si vous faisiez preuve d’un peu d’audace et que vous ressentiez le sens de l’histoire, vous pourriez devenir un des grands hommes d’État qui marquent l’histoire de notre nation.
Vous n’avez rien à perdre à vous informer à d’autres sources qu’auprès des énarques formatés de votre entourage. Voici une sélection de liens : Documentaires sur l’escroquerie monétaire, la dette, les banques, big pharma, Food inc, GasLand, Monsanto, Thrive, Collapse, Zeitgeiss, 11 septembre, etc. : http://jaiundoute.com/ . Page d’info relatif à la campagne française de sensibilisation sur l’escroquerie monétaire : http://bit.ly/KmPGGI . François II : un mandat très mouvementé en perspective ! http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/francois-ii-un-mandat-tres-120186 . Nouveau paradigme pour une nouvelle civilisation : http://bit.ly/RgTK2w . Présentation d'un ne nos maîtres (non élu, bien entendu !) : http://www.youtube.com/watch?v=kbuebQ-haPg . 1’19 ’’ pour comprendre que nous ne sommes pas en démocratie ! http://www.youtube.com/watch?v=NL2TW2kVkLA . La démocratie européenne piégée par la finance : http://www.ceras-projet.org/index.php?id=5795 .
Partout surTerre des millions d’humains imaginent le monde de demain. (exemples : http://sacred-economics.com/film/ ; http://www.ecophilosophy.org/new/history.html ;http://www.facebook.com/pages/Nouvelle-Civilisation-2012/142297609119607 ; … ). Une civilisation basée sur la vérité et la non-violence. Les socialistes se doivent de contribuer à imaginer ce monde pour le définir plus concrètement plutôt que d’accompagner le capitalisme moribond. Réforme monétaire, réforme de la démocratie, réforme de l’éducation et de la santé, réforme de l’agriculture, ... construisons ensemble la civilisation qui va immanquablement remplacer la civilisation de la marchandise.
Pour finir cette lettre et à contrario du mythe de la croissance, je vous laisse sur une citation de Gandhi : La civilisation, au vrai sens du terme, ne consiste pas à multiplier les besoins, mais à les limiter volontairement. C'est le seul moyen pour connaître le vrai bonheur et nous rendre plus disponible aux autres [...] Il faut un minimum de bien-être et de confort ; mais, passé cette limite, ce qui devait nous aider devient une source de gêne. Vouloir créer un nombre illimité de besoins pour avoir ensuite à les satisfaire n'est que poursuivre du vent. Ce faux idéal n'est qu'un traquenard.
Bien à vous.
Marc JUTIER - Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire. A. Einstein
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire