jeudi 19 juillet 2012

L' Allemagne vote l'aide à l'Espagne comme sous la contrainte



La grogne progresse au Bundestag


Comme lors des derniers votes sur le sauvetage de l'euro, Mme Merkel a subi une vingtaine de défections dans les rangs de sa majorité qui, à elle seule, n'aurait pu gagner le vote.


Le débat d'avant vote a aussi laissé transparaître un scepticisme croissant chez les députés de l'opposition.


Le chef du groupe parlementaire SPD, Frank-Walter Steinmeier, a ainsi dit qu'il "recommandait le feu vert malgré des réticences". Et ajouté: "beaucoup dans mon groupe ne sont pas du tout convaincus de ce que nous faisons" et n'ont voté que par peur d'une faillite "catastrophique" de l'Etat espagnol.


A droite, les principaux frondeurs sont d'autant plus agressifs qu'ils sont affaiblis: des élus du parti bavarois CSU, qui fera face l'an prochain à une élection régionale difficile, et du FDP, en chute libre dans les sondages.


Die Linke tire les marrons du feu


La gauche radicale Die Linke est elle constante dans son rejet des plans de sauvetage.


Temps de crise, prestations sociales en danger et précarité croissante : même le parti de gauche allemand Die Linke, représenté depuis 2009 par 76 députés au Bundestag, n’insuffle pas de véritable alternative au modèle néolibéral dominant. Le parti de Gregor Gysi et d’Oscar Lafontaine est tellement préoccupé par des rivalités en interne qu’il ne s’est pas emparé de la crise du capitalisme pour imposer de véritables changements. Les citoyens-électeurs ont déjà manifesté leur désaccord à plusieurs reprises. Die Linke sera-t-il capable d’un nouveau départ ?


Merkel lachée par ses alliés


Comme toujours ou presque depuis le début de la crise de la dette, les partis d'opposition, sociaux-démocrates (SPD) et Verts, ont rejoint la majorité conservatrice et libérale de la chancelière.


L'existence d'une "grande coalition" de fait avec la gauche social-démocrate et les Verts est d'autant plus nécessaire à Mme Merkel que la Cour constitutionnelle allemande a renforcé sensiblement les pouvoirs du Parlement en septembre, rendant nécessaire sa consultation quasiment à chaque soubresaut de la crise de l'euro.


Cela vaut aux députés d'avoir dû interrompre jeudi leurs vacances, la pause parlementaire ayant déjà commencé.


Environ 95% d'entre eux ont toutefois pris part au vote, a souligné M. Lammert, avec ce commentaire: "il n'y a pas beaucoup d'entreprises qui afficheraient un taux de présence pareil pour des heures supplémentaires convoquées à la dernière minute".


Tandis que les députés allemands planchaient sur l'aide à l'Espagne, les Italiens ont adopté le traité budgétaire européen ainsi que le mécanisme de sauvetage MES qui doit succéder à l'actuel FESF.


Le chantage à la faillite de l'Espagne


Pour ce vote acquis d'avance, la chancelière, Angela Merkel, s'est économisée. C'est son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, qui a tenu un discours avant le vote, s'employant à rassurer en martelant: "c'est l'Espagne qui demande (l'aide), c'est l'Espagne qui reçoit l'argent, et c'est l'Espagne qui est garante" du remboursement.


Des députés s'inquiétaient de voir les banques espagnoles accéder directement aux fonds européens, sans passer par l'Etat et donc sans filet de sécurité pour les contributeurs tels que l'Allemagne.


Le ministre a souligné qu'aider Madrid à recapitaliser ses banques était nécessaire sous peine de priver le pays de l'accès au marché des capitaux.


"L'existence de doutes sur la solvabilité de l'Espagne suffit à pouvoir créer des effets de contagion très graves", a-t-il ajouté.


Cet accès au marché coûte de plus en plus cher à Madrid, comme le montrent les taux en nette hausse lors de plusieurs émissions obligataires espagnoles jeudi.


L'Italie aussi


Tandis que les députés allemands planchaient sur l'aide à l'Espagne, les Italiens ont adopté le traité budgétaire européen ainsi que le mécanisme de sauvetage MES qui doit succéder à l'actuel FESF.


L'Italie est ainsi le 12e pays européen à approuver le pacte budgétaire - mais parmi eux, certains ne l'ont pas ratifié formellement, dont l'Allemagne. Le Parlement allemand a donné son feu vert mais celui-ci reste suspendu à une décision de la Cour constitutionnelle, annoncée pour le 12 septembre.

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