C’est comme le prix Nobel mais en moins connu.
le prix Wolfson d'économie . Le sujet sur lequel doivent plancher ses prétendants remue le couteau dans la plaie européenne vu qu'il s'agit de la fin de l' Euro. Alors que les dirigeants de l’Union affirment que le second plan de sauvetage de la Grèce - mis en œuvre début mars - a éloigné la menace d’une explosion de la zone euro, le comité du Wolfson Economics Prize pense le contraire.
Le jury de ce prestigieux concours économique britannique a révélé, mardi, la liste des cinq finalistes qu'il a retenus. Tous ont appporté une réponse différente à la question posée cette année : "Comment dissoudre l’union monétaire européenne sans plonger le monde dans une crise pire que celle qui secoue l’UE actuellement ?". “Les raisons de penser que des pays seront amenés à quitter prochainement la zone euro ont augmenté dans la deuxième moitié de 2011”, a en effet assuré Derek Scott, président du jury, lors de l’annonce des finalistes.
Si ce concours peut paraître provocateur au regard de l’optimisme actuel des dirigeants européens, les contributions choisies ne sont toutefois pas à prendre à la légère. Doté de 250 000 livres sterling (300 000 euros), le Wolfson Economics Prize est la plus importante récompense économique après le prix Nobel.
Voici un tour d’horizon des solutions préconisées par ces cinq économistes qui enterrent la zone euro. Le gagnant sera désigné le 5 juillet.
Roger Bootle et le "bloc du nord"
Ce spécialiste de l’Europe pour le cabinet d’études économiques britannique Capital Economics mise sur la création d’un bloc restreint de pays du nord de l'Europe - comprenant l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas, la Belgique et la Finlande - qui continueraient à utiliser l’euro. “Ce sont les seuls pays qui sont actuellement économiquement compatibles”, affirme Roger Bootle dans son exposé.
Les pays du sud retrouveraient leur devise d’avant l’euro, ce qui leur permettrait de regagner rapidement en compétitivité. Reste le cas de la France que cet économiste a du mal à trancher. “Économiquement, la France devrait faire partie des pays du sud mais, politiquement, elle a de fortes chances d’être intégrée dans le 'bloc du nord'".
Catherine Dobbs et l'histoire des deux monnaies
L’investisseur privée Catherine Dobbs préconise de remplacer l’euro par deux nouvelles monnaies de valeur différente. La plus forte entrerait en vigueur dans les pays les plus performants économiquement (le nord), la plus faible dans les États en difficultés.
Lors du changement de monnaie toutefois, tous les Européens recevraient un mélange des deux nouvelles devises - dans des proportions différentes - en échange de leurs anciens euros, afin d’éviter la fuite des capitaux des pays les plus fragiles. Ainsi, par exemple, les Grecs, les Espagnols ou les Portugais ne seraient pas tentés de transférer leurs euros sur des comptes en Allemagne dans le but de bénéficier d’un taux de change plus favorable.
Neil Record et le culte du secret
Le président de Record Currency Management, un fond d’investissement britannique spécialisé dans les échanges de devises, suggère que l’Allemagne mette en place une “task force” secrète chargée de préparer la mise à mort de l’euro et le retour des anciennes monnaies nationales.
“Si un pays sort de l’euro, la monnaie unique aura perdu sa crédibilité et les investisseurs n’auront plus confiance en la zone euro", écrit celui-ci. Selon lui, il faut donc que l’Allemagne prépare en amont toutes les étapes de la disparition de la monnaie unique sans que personne ne le sache - “sauf peut-être la France”, estime Neil Record -, afin de préserver la confidentialité de l'opération. “Si les marchés venaient à apprendre que la fin de l’euro est programmée, il y aurait un mouvement de panique inimaginable”, prévient-il.
Jonathan Tepper, l’optimiste
Le vice-président de Variant Perception, un think-tank économique qui se veut “porteur d’une voix qui sort des sentiers battus”, estime que la fin de l’euro n’est pas un problème en soi. Selon Jonathan Tepper, les précédents historiques de disparition d’unions monétaires (dissolution de l’URSS, disparition de l’empire austro-hongrois, etc.) n’ont pas “entraîné d’'Armageddon' économique”.
Le problème vient, explique-t-il, des difficultés économiques des pays qui doivent quitter l’euro, comme la Grèce ou le Portugal. “Ils ne peuvent plus payer leurs dettes et doivent pouvoir dévaluer leur monnaie pour gagner en compétitivité”, écrit-il. En clair, celui-ci prône un retour au drachme ou à l’escudo et une annulation de la plus grande partie des dettes de ces pays. Pour parer à la panique qui devrait alors pousser Grecs et Portugais à vider leurs comptes en banque, Jonathan Tepper affirme qu’il faut prendre tout le monde “par surprise”. “La décision de sortir de l’euro doit être prise un samedi et l’État doit bloquer immédiatement tous les transferts d’argent”, explique-t-il.
Jens Nordvig et Nick Firoozye et l’euro 2.0
Ces deux cadres de la banque d’investissement japonaise Nomura jugent que le principal problème d'une disparition de la zone euro vient des quelque 10 milliards d’euros de contrats passés entre les États membres de l'union monétaire à l'international. Il faut avant tout, estiment-ils, contenir l’onde de choc de la sortie d’un pays de la zone euro et du “probable” effondrement de la monnaie unique.
Pour ce faire, ces deux économistes appellent à la création d’une nouvelle monnaie internationale - l’ECU-2s - qui remplacerait l’euro dans le cadre des contrats internationaux. Ainsi le retour aux devises nationales - et leur probable perte de valeur - n’affecterait pas les engagements économiques pris par les pays de la zone euro, limitant du même coup l’impact d'un tel séisme sur le commerce international.
france24.com
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