mardi 10 avril 2012

La crise espagnole dans l' attente de l' explosion des banques immobilières

Mario Draghi vous l' a dit et répété – la crise de la zone euro c'est du passé. Cassandres en herbe, circulez ya plus rien à renflouer !
Oui, il a bien fallu déverser 1000 milliards d’euros de liquide pour éteindre l'incendie bancaire, mais c'est si peu !
La BCE a pu anesthésier les marchés, soulageant temporairement la pression qui pesait sur les dettes publiques et les banques européennes. Il faut comprendre, cependant, que les problèmes n’ont pas pour autant été réglés, et rester plus vigilant que jamais.


Car des pertes supplémentaires attendent les banques et le risque de défaut souverain n’a pas disparu, comme l’illustre parfaitement la situation de l’Espagne.


Des crédits pour des places à la corrida
Les opérations LTRO 1 et LTRO 2 ont permis aux banques espagnoles de financer toutes sortes de stratagèmes et de reporter à plus tard le besoin de restructuration. Au lieu de prendre le taureau par les cornes, certaines d’entre elles, comme Banca Civica, sont allées par exemple jusqu’à accorder des crédits aux spectateurs de corrida.


Rappelons que selon les prévisions, la contraction de l’économie espagnole devrait se situer en 2012 entre -1,7% (prévisions officielles du gouvernement espagnol) et -2,7% (Citigroup). Le chômage — déjà le plus élevé dans l’UE à 23,6% — est attendu à 24,3%. Que se passera-t-il dans ces conditions quand les crédits devront être remboursés (avec les intérêts en sus !), alors que l’économie espagnole sera encore plus mal en point et qu’il sera encore plus difficile pour les spectateurs de rembourser une partie de leur budget loisir, par ailleurs déjà consommé ?


Le risque de défaut guettant les banques espagnoles ne se limite pas à la tauromachie, qui est anecdotique. Il touche l’ensemble de leurs créances et, notamment, leurs portefeuilles de créances immobilières suite à la crise dans les secteurs de la construction et de l’immobilier, comme le montre l’étude du think tank OpenEurope étude.


216 milliards d’euros de créances douteuses contre 50 milliards d’euros de provision
Les créances douteuses (signifiant un sérieux risque de défaut) se sont envolées, représentant 136 milliards d’euros, soit 7,6% de l’ensemble des prêts. Ce taux grimpe à 20% en ce qui concerne les prêts destinés aux secteurs de la construction et de l’immobilier, soit quelque 80 milliards d’euros sur un total de 400 milliards d’encours.


Or seulement 50 milliards d’euros en provisions ont été prévus pour faire face à ces futures pertes potentielles. Cela est déjà largement insuffisant, sans même tenir compte du fait que la baisse des prix de l’immobilier devrait se poursuivre en Espagne — au rythme de -12% à -14% pour la seule année 2012 en poussant de plus en plus d’emprunteurs à devoir plus que ce que vaut leur bien immobilier (phénomène dit de negative equity en jargon financier) et faisant gonfler par la même occasion le volume des créances douteuses dans l’avenir.


Recapitalisations avec quel argent ?
Les banques espagnoles auront par conséquent très probablement besoin d’être recapitalisées de plusieurs dizaines de milliards d’euros au minimum. La situation sera d’autant plus critique que l’Etat espagnol lui-même semble revenir d’ores et déjà sur le devant de la scène de la crise de la zone euro. Sa dette est attendue à un niveau record, à près de 80% du PIB (contre 68,5% l’an dernier), et son coût a également repris le chemin de la hausse depuis l’opération LTRO 2 de la BCE de fin février. Le coût de la dette à 10 ans a ainsi grimpé de près de 20% en un mois environ (voir graphique ci-dessous).


Coût de l’obligation espagnole à 10 ans






Le pays a d’ailleurs suscité les inquiétudes sur les marchés financiers en concédant le 4 avril dernier des taux en hausse lors de sa dernière adjudication de dette publique : 2,89% pour les obligations à trois ans contre 2,440% le 15 mars ; à 4,319% pour les bons à 4 ans contre 3,376% le 1er mars et 5,338% pour les obligations à huit ans contre 5,156% le 15 septembre 2011.


Cela signifie que le risque de contagion à d’autres pays, dont la France, est considérable, avec pour conséquence soit une sortie de l’euro d’un ou de plusieurs pays, soit des interventions massives de la part de la BCE faisant tourner la planche à billets. Si en tant qu’investisseur vous avez évité par prudence les actifs papier et privilégié les actifs physiques (dont l’or), ce n’est pas le moment de changer de stratégie.


source : protection-rendements

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