mardi 3 avril 2012

François Hollande rassure Berlin

François Hollande est devenu le porte-étendard de la riposte de la gauche européenne contre l'austérité, mais les ajouts édulcorés qu'il propose d'ajouter au traité d'inspiration allemande, devraient finalement ètre jugés "acceptables" à Berlin.


François Hollande, a alarmé de nombreux spécialistes europhiles en promettant de «renégocier» le traité concernant la discipline budgétaire signée par 25 dirigeants européens le mois dernier.


S'appuyer uniquement sur l'austérité peut faire rechuter l'économie encore fragile en Europe , at-il argumenté fort à propos.


Cela semble le mettre en porte-à-faux avec la chancelière allemande Angela Merkel, qui a fait de ce pacte la pierre angulaire de sa stratégie visant à éviter toute répétition du scénario de la Grèce en zone euro.


Toutefois, françois Hollande a récemment eu du mal à faire comprendre qu'il accepte le principe fondamental du traité d' équilibre budgétaite (la règle d'or) et veut simplement «la compléter» en y ajoutant un paragraphe concernant la croissance, plutôt que de contester l'approche globale.


Le leader socialiste a bien noté qu'il ne fallait pas parler d'euro-obligations - ce qui représente la ligne rouge pour Merkel et son gouvernement de centre droit- ce qui pourrait également embarrasser le parti d'opposition social-démocrate allemand (SPD), compte tenu de la résistance de l'opinion germanique sur ce sujet.


Au lieu de cela, Hollande a dit qu'il vise à ajouter au traité "la capacité pour l'Europe dans son ensemble à émettre des obligations, non pas pour mutualiser la dette souveraine, mais pour financer des projets de développement nouveaux".


Cette étape - la taxe "tobin" sur les transactions financières et une meilleure utilisation des fonds structurels européens - est déjà à l'ordre du jour de l'UE et il paraît improbable que cela puisse poser des problèmes majeurs à Berlin.


"Maintenant qu'il n'est plus du tout question d'euro-obligations, la modification du traité est acceptable", a déclaré Gilles Moec, économiste principal à la Deutsche Bank.


Une source à la BCE a déclaré que Bruxelles planche sur un sujet informel visant à rédiger un texte politique sur la necessité de prendre en compte la dimension de la croissance et de l'emploi, ce qui pourrait ètre rajouté au traité si Hollande est victorieux en mai 2012.


Si les dirigeants européens donnent le feu vert, la Commission devrait lancer une phase pilote avec la Banque européenne d'investissement pour stimuler l'investissement privé dans le domaine des transports, de l'énergie, et de l'information - soit exactement ce que propose Hollande.


Alors que Mme Merkel a exprimé une forte opposition à l'émission de dette européenne commune - une étape qu'elle considère comme inutilement dépensière car elle dispenserait les gouvernements de l'UE d'adopter des réformes douloureuses pour stimuler la compétitivité.


L'idée a d'abord été avancée en 1993 par l'ancien président de la Commission européenne, Jacques Delors - un des mentors politiques de Hollande - comme un moyen de développer les réseaux transeuropéens routiers, ferroviaires et de l'information afin de consolider le marché unique.


Cela a été bloqué en 1994 par l'Allemagne, qui s'opposait à toute émission de dettes au nom de l'UE. Mais les temps semblent avoir changé.


"Sur le projet de développement, il ya la possibilité d'un compromis", a déclaré Jean Pisani-Ferry, directeur d'un think-tank sur la crise économique. "Cela pourrait répondre à la question que se pose tout le sud de l'Europe, qui lutte pour l'investissement et la croissance."


Hollande acceptera la discipline
Les fonctionnaires allemands ont exhorté le camp Hollande pour qu'il abandonnent le terme de «renégociation», qui a déclenché la sonnette d'alarme à Berlin, mais Solférino a répondu que c'était "nécessaire pour la campagne électorale".


D'autres sources à Berlin suggèrent que mettre davantage l'accent sur la croissance est "tout à fait possible", à condition que les clauses clés sur la discipline budgétaire restent inchangées.


Les signataires se sont engagés à adopter des lois nationales visant à équilibrer leurs budgets et confère à la Cour de justice européenne le droit d'infliger une amende de 0,1% du PIB à un pays qui sortirait des clous. Le traité doit entrer en vigueur en Janvier 2013 une fois ratifié par au moins 12 pays différents de l' Union Européenne.


«J'accepte cette discipline," a  affirmé Hollande lors d'une réunion des socialistes européens le mois dernier, en réïtérant sa promesse de faire adopter une loi visant à équilibrer le budget de la France en 2017.


Son directeur de campagne, Pierre Moscovici, a confirmé mardi que les socialistes insistent pour qu'un "ajout" soit inscrit sur le traité mentionnant le besoin d'une politique économique plus favorables à la croissance. Il n'est question ni de renégociations ni de réécriture.


A Berlin, le gouvernement Merkel est de plus en plus détendu au sujet du plan de Hollande pour l' Europe. Alors que la ligne officielle reste "pas de renégociation", une source de haut rang a déclaré que l'Allemagne serait disposée à transiger sur un ensemble de principes, y compris sur le volet de la croissance.


Avec ses appels à inclure dans le traité une meilleure utilisation des fonds de l'UE pour aider les régions les plus pauvres par le biais de la BEI (Banque européenne d'investissement), Hollande a enfoncé une porte ouverte. Lors d'un sommet en Janvier, les dirigeants européens ont déclaré qu'ils alloueraient 82 milliards d'euros de fonds non dépensés de l'UE pour la période 2007-2013 pour aider à la création d'emploi, surtout pour les jeunes.


Merkel a besoin du soutien du SPD pour atteindre la majorité nécessaire des deux tiers au Bundestag  pour ratifier le traité. Le SPD a posé comme condition qu'une taxe sur les transactions financières soit adoptée en échange de l'approbation du texte.


Cherchant un ton conciliant, Moscovici a semblé soutenir la position allemande pour l' adoption d'une taxe Tobin immédiatemment.


"Nous sommes en faveur d'une taxe sur les transactions financières et nous allons tout faire pour convaincre nos partenaires européens - cela pourrait toutefois prendre un peu de temps - une taxe n'a de sens que si elle est appliquée dans toute l'Europe," at-il conclu.


uk.reuters.com

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