Pourquoi je quitte Goldman Sachs
Greg Smith démissionne aujourd'hui de son poste de directeur exécutif de Goldman Sachs , il raconte pourquoi il ne croit plus en eux.
Aujourd'hui, c'est mon dernier jour chez Goldman Sachs. Après presque 12 ans passé dans l'entreprise - d'abord comme stagiaire , puis à New York pendant 10 ans, et maintenant à Londres - je crois que j'ai travaillé assez longtemps pour comprendre sa culture. Et je peux honnêtement dire que son activité est toxique et destructrice comme je l'ai jamais vu auparavant dans ma carrière.
Pour expliquer le problème dans les termes les plus simples, je dirai que les intérêts du client continuent de passer au second plan dans la manière dont l'entreprise fonctionne et pense à faire de l'argent. Goldman Sachs est l'une des banques d'investissement au monde les plus importante et fait partie intégrante de la finance mondiale qui continue d'agir de façon prédatrice sur l'économie. La firme a été si loin dans sa manière d'agir, que je ne peux plus, en conscience, dire que je m'identifie à ce qu'elle représente.
Cela peut sembler surprenant, mais la culture d'entreprise a toujours été une partie essentielle de la réussite de Goldman Sachs. Tout tournait autour du travail d'équipe, l'intégrité, un esprit d'humilité, et toujours au service de nos clients. Cette culture était la recette secrète qui nous a permis de gagner la confiance de nos clients pendant 143 ans. Ce qui comptait au premier chef n'était pas seulement de faire de l'argent, ce qui ne suffit pas à faire perdurer une entreprise pendant si longtemps. Je suis triste de vous dire que quand je regarde autour de moi aujourd'hui je ne voit pratiquement plus aucune trace de la culture qui m'a fait aimer travailler pour cette entreprise pendant de nombreuses années.
J'ai été choisi parmis 30.000 employés comme pour apparaître sur notre clip de recrutement, qui est diffusé sur tous les campus et collèges partout à travers le monde.
Je savais qu'il était temps de partir quand j'ai réalisé que je ne pouvais plus regarder les étudiants que je visitais droit dans les yeux et leur dire que Goldman Sachs est l'endroit idéal où travailler.
Au cours de ma carrière, j'ai eu le privilège de conseiller deux des plus grands hedge funds de la planète, cinq des plus grands gestionnaires d'actifs aux États-Unis, et trois des plus importants fonds souverains du Moyen-Orient et d'Asie. Mes clients ont un actif total de plus de 1000 milliards de dollars. J'ai toujours conseillé mes clients au mieux de leurs intérèts, même si cela doit signifier "moins d'argent pour la banque". Ce point de vue est de plus en plus remis en question chez Goldman Sachs. Un autre signe qu'il était temps de partir.
Comment en sommes-nous arrivés là ?
La firme a changé sa façon de concevoir le leadership. Aujourd'hui, si vous gagnez assez d'argent (et peut importe comment et au détriment de qui), vous serez promu à occuper un poste d'influence, y compris à la maison blanche.
Traitez-moi de banquier à l'ancienne, mais je n'aime pas vendre à mes clients un produit qui est mauvais pour eux.
Cela me stupéfie que la haute direction ne comprenne pas cette vérité fondamentale: Si vos clients ne vous font plus confiance, ils finiront par cesser de faire affaires avec vous. Que vous soyez intelligent n'a aucune importance, si la clientèle pense que vous ètes un escroc, c'est fini pour vous !
Ces jours-ci, la question la plus courante dans la banque est : "Combien d'argent avons-nous gagné sur le dos de nos client?" Cela me dérange à chaque fois que je l'entends, car c'est une réflexion qui montre clairement la façon malhonnète dont ils se comportent envers ceux qui leur confient des fonds à gérer.
J'espère que ce que je révèle (même si beaucoup s'en doutaient déjà) fera bouger le conseil d'administration. Sans réputation vous n'aurez plus de clients, et sans clients vous ne gagnerez plus d'argent. En fait, vous finirez par disparaitre.
source : nytimes.com