mardi 13 décembre 2011
Clash britannique au Sommet européen : Le grand divorce de l'Europe.
Ce qui vient d'arriver à Bruxelles, après une longue négociation, dure et apre, c'est la division de l'Union européenne de manière fondamentale.
Dans un effort pour stabiliser la zone euro, la France, l'Allemagne et 21 autres pays ont décidé de rédiger leur propre traité afin d'imposer un contrôle plus centralisé sur les budgets nationaux. La Grande Bretagne et trois autres pays membres ont décidé de rester en dehors. Dans les prochaines semaines, la Grande-Bretagne peut se trouver encore plus isolée. La Suède, la République tchèque et la Hongrie veulent du temps pour consulter leurs parlements et leurs partis politiques avant de décider d'adhérer ou non au nouveau traité concocté par Merkozy.
Donc, deux décennies jour pour jour après le traité de Maastricht ait été conclu, le lancement du processus vers la monnaie unique européenne, les plaques tectoniques de l'UE ont glissé le long de la ligne de faille qui l'a toujours divisée - la Manche.
Face à la crise financière, la zone euro est doit reforcé la coordination de la zone Euro avec une perte serieuse de souveraineté nationale en faveur de l'UE (ou d'un autre organisme central de coordination budgétaire); la Grande-Bretagne, a décidé de les laisser suivre leur chemin seuls.
Que l'accord ne fasse rien pour stabiliser l'euro est discutable. L'accord penche fortement vers la discipline budgétaire et l'austérité. Il fait relativement peu pour générer de l'argent à court terme et arrêter la spéculation sur les dettes souveraines, rien de nouveau non plus sur la perspective à plus long terme des obligations émises conjointement par les véhicules financiers de la zone Euro. L'évolution de la situation dépendra de la manière dont la Banque centrale européenne agira dans les prochains jours et semaines.
Certains doutes subsistent quant à savoir si la Commission européenne, qui mène les évaluations économiques et recommande les mesures, et la Cour européenne de justice agiront pour que les états membres adoptent des règles correctes d'équilibre budgétaire.
La France, sur le point de perdre sa cote de crédit AAA est maintenant devenu le partenaire "junior" de l'Allemagne. Le président Nicolas Sarkozy a longtemps défendu la création d'un petit, «noyau» de la zone euro qui évoluerait à son rythme. Et il a voulu que ce "coeur" fonctionne sur une base intergouvernementale, c'est à dire par les dirigeants plutôt que par des institutions européennes supranationales.
M. Sarkozy a fait des progrès substantiels sur les deux fronts. Le président a essayé de ne pas se réjouir quand il a émergé à 5h du matin pour expliquer que l'accord entériné par les 27 membres de l'UE s'était avéré impossible en raison de l'obstruction britannique. «Vous ne pouvez pas abénéficier d'une clause spéciale et ensuite demander à participer à toutes les discussions sur l'euro", a déclaré le président français.
Pour la Grande-Bretagne au profit de la négociation à Bruxelles est loin d'être clair. Il a fallu une bonne demi-heure après la fin de l'apparence de M. Sarkozy pour M. Cameron d'émerger et d'expliquer son action. Le Premier ministre a affirmé qu'il avait pris une "décision difficile mais vitale pour les intérets britanniques" notamment pour la "city" et ses services financiers. En échange de son accord pour changer les traités de l'UE, M. Cameron a voulu obtenir un certain nombre de garanties pour la Grande-Bretagne. Comme il n'a pas pu les obtenir, il a utilisé son droit de veto.
La demande de M. Cameron concernait un protocole qui permettrait d'assurer à la Grande-Bretagne qu'elle disposerait d'un droit de veto sur la réglementation des services financiers. Le gouvernement britannique a acquis la conviction que la Commission européenne, habituellement un bastion du libéralisme en Europe, veut adopter des réglementations hostiles à la City de Londres sous l'influence des filiales françaises du marché unique et de son commissaire, Michel Barnier. Et pourtant, étrangement, étant donné l'accusation selon laquelle Bruxelles a allait viser le cœur de l'économie britannique, la quasi-totalité des nouvelles règles émises jusqu'à présent ont pourtant été adoptées avec l'approbation britannique (mais avec beaucoup de tractations acharnées en coulisses). Tactiquement aussi, il semble étrange d'opter pour la défense des financiers plutôt que des politiciens, alors qu'en Grande-Bretagne ainsi que dans le reste de l'Europe, il sont plus que jamais critiqués pour leur role dans la crise financière qui ravage l'économie occidentale.
M. Cameron a dit qu'il est "confiant" au sujet de la séparation. L'UE a toujours été à plusieurs vitesses, il était heureux qie la Grande Bretagne soit restée hors de l'euro et hors de l'espace Schengen. Il a dit que la vie dans l'UE continuera comme d'habitude. "Nous leur souhaitons bonne chance et nous souhaitons que la zone euro à régle ses problèmes, réalise la stabilité et retrouve la croissance dont toute l'Europe a besoin." Les visages tirés de certains hauts fonctionnaires semblaient dire le contraire.
Les 23 membres du nouveau pacte, s'ils agissent comme un bloc, peuvent mettre en minorité la Grande-Bretagne. Ils sont divisés entre eux, bien sûr. Mais leur habitude de travailler ensemble pèsera inévitablement contre la Grande-Bretagne au cours du temps.
M. Sarkozy et Angela Merkel continuent d'agir dans tous les domaines qui devraient normalement être du ressort de l'ensemble des 27 états membres cela posera à terme un sérieux problème de crédibilité démocratique. Sans compter que Merkozy (le célèbre duo) est en train de cristaliser un mécontentement à l'échelle européenne. Obtenir l'accord des peuples risque de devenir illusoire tant leur tentation de dire "non" va s'accroitre au fur et à mesure que la crise s'amplifiera.
En Grande Bretagne l'état déplorable du débat sur l'Europe au sein du parti conservateur britannique se reflète dans les propos outranciers d'un député conservateur qui a comparé Cameron à Neville Chamberlain, l'infâme qui était revenu de Munich avec les assurances de paix "bidons" d'Adolf Hitler. M. Cameron a peut ètre commis une grave erreur, mais au moins, personne ne peut l'accuser de revenir de Bruxelles comme Neville Chamberlain avec un morceau de papier dans sa main.
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