Après cinq ans de bataille judiciaire, Dominique de Villepin est sorti la tête haute de la cour d'appel de Paris. Soupçonné de «complicité de dénonciation calomnieuse» dans l'affaire Clearstream, celui qui n'a jamais caché son ambition de participer à la présidentielle de 2012 a vu sa relaxe en première instance confirmée ce mercredi matin, peu après 9 heures.
Souriant, solennel, visiblement ému, l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac s'est dirigé sitôt l'audience terminée vers la dizaine de micros tendus vers lui pour « saluer l'indépendance de notre justice qui a su résister aux pressions politiques». «Je veux croire que cette décision contribuera à rendre notre vieux pays moins vulnérable à la rumeur et à la calomnie (...) Rappelons nous que cette affaire a été initiée en 2005/2006 à la veille de l'élection présidentielle de 2007. Comme j'aimerais que cela puisse servir de leçon pour la présidentielle de 2012». Son avocat Olivier Metzner a alors dénoncé « ce système judiciaire dans lequel il faut six ans pour que soit reconnue l'innocence».
Dans la sphère politique, on ne s'est franchement pas bousculé pour commenter l'issue de ce procès. «Le gouvernement ne fait aucun commentaire sur les décisions de justice», a simplement lâché Valérie Pécresse, porte-parole du gouvernement. «J'ai été ministre de Dominique de Villepin, je suis plutôt satisfait de voir qu'il y a une relaxe sans avoir tous les éléments de l'affaire» a bien voulu commenter Gérard Larcher, président UMP du Sénat avant de conclure sobrement : «Dans ce dossier qui a beaucoup défrayé la chronique, la justice a considéré qu'elle devait relaxer M. Villepin, j'en prends acte». C'est tout...
On touche désormais à l'épilogue de ce vaste dossier de dénonciation calomnieuse. En 2006, des noms de personnalités, dont celui de Nicolas Sarkozy, ont été ajoutés sur des listings bancaires afin de faire croire qu'ils détenaient des comptes occultes à l'étranger. Il était reproché au président de République Solidaire d'avoir eu connaissance de la fausseté des listings et de ne pas avoir stoppé la calomnie.
Dans son arrêt, la cour d'appel de Paris a reconnu que des autorités de l'Etat, pourtant informées de la fausseté des listings, n'avaient «pas agi pour empêcher la calomnie» mais a considéré qu'il n'avait pas été démontré « d'implication de Dominique de Villepin dans ce processus délictueux».
La peine de Gergorin allégée
L'ancien vice-président d'EADS Jean-Louis Gergorin a vu sa condamnation allégée par la cour d'appel: il est condamné à trois ans de prison dont 6 mois ferme (contre 15 en première instance) et 40.000 euros d'amende. Le mathématicien Imad Lahoud a lui vu sa peine de première instance confirmée : 3 ans de prison, dont 18 mois ferme, ainsi qu'une amende de 40.000 euros. Leurs avocats respectifs pourraient se pourvoir en cassation.
Le parquet général a également cinq jours pour se pourvoir en cassation contre la relaxe de Dominique de Villepin. Mais même un blanchiment définitif ne signifierai pas la fin des problèmes : l'ancien premier ministre fait l'objet d'accusations de corruption de la part de l'avocat Robert Bourgiqui lui impute d'avoir perçu des fonds occultes de chefs d'Etat africains entre 1997 et 2005. Agacé, Me Metzner a demandé mercredi à ce que Villepin soit entendu au plus vite dans cette affaire avant de s'interroger sur ce dénonciateur qui «était encore un collaborateur de Nicolas Sarkozy il y a un mois».
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