mardi 5 avril 2016

Ce que révèle le nouveau dopant monétaire de la BCE

Ce que révèle le nouveau dopant monétaire de la BCE

La semaine financière et monétaire a été dominée par les nouvelles annonces de la BCE, puis la conférence de Mario Draghi, son président. La réaction des marchés a été volatile, entre l'enthousiasme du début, une déception passagère lors de la conférence de presse, avant de se reprendre le vendredi. Que penser de ces annonces et de ce qu'elle révèle sur la politique monétaire européenne ?



Du pouvoir monétaire et de ce pourquoi il est utilisé

Bien sûr, les annonces de la BCE sont importantes. En faisant passer à 80 milliards d'euros par mois, contre 60 auparavant, la BCE rachète deux fois plus d'actifs que la Banque du Japon, il est vrai pour une économie plus petite. En proportion du PIB, les montants sont désormais comparables, ce qui démontre que la BCE ne fait pas les choses à moitié. La Banque Centrale Européenne rachètera désormais des titres de dette privée, ce qu'avait fait la Fed au plus fort de la crise financière de 2008. Elle a aussi annoncé une autre baisse des taux ainsi qu'un programme destiné à augmenter le montant des prêts bancaires. Tout ceci démontre encore une fois l'étendue des pouvoirs des banques centrales : la capacité d'action de nos dirigeants est bien moins limitée qu'on nous le dit si souvent, d'un point de vue monétaire.

Et c'est bien là tout le problème. N'est-il pas un peu choquant tout de même que Mario Draghi et son équipe puissent annoncer un programme de rachat de près de 1000 milliards d'euros sur une année et de tels choix sur les taux d'intérêts, sans véritablement avoir à rendre des comptes à qui que ce soit, en dehors de tout processus démocratique. Cela ne devrait-il pas être une prérogative de dirigeants démocratiquement élus et qui devraient répondre de leurs choix devant le peuple ? Au Japon, les électeurs ont leur mot à dire sur les choix de politique monétaire, comme l'a montré Shinzo Abe. Cela pose d'autant plus de problème que bien des analystes soulignent que les banques centrales sont sous l'influence des marchés. Ceci montre encore une fois qu'une banque centrale ne soit pas être « indépendante ».

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