Bernie Sanders bouscule Hillary Clinton
Et si, cet automne, les élections présidentielles étasuniennes voyaient s'affronter Donald Trump et Bernie Sanders ? Cette perspective, qui aurait paru complètement extravagante il y a quelques mois, peut sembler possible aujourd'hui, après la triple victoire de l'adversiare d'Hillary Clinton côté démocrate, démontrant une évolution radicale du débat public outre-Atlantique étant données ses positions. Vers un deuxième échec pour Hillary Clinton ? Ce qui devait être une promenade de santé pour l'ancienne secrétaire d'Etat, femme de président, dans ce pays dont la vie politique a des relents monarchiques, s'est compliqué ce samedi avec la victoire de Bernie Sanders en Alaska, à Hawaï et dans l'Etat de Washington. Alors que plus de la moitié des délégués ont été élus côté démocrate, Hillary Clinton en a remporté 57%, 1234 contre 954 pour le sénateur du Vermont. Et mieux encore, il l'a emporté avec 71 à 82% des voix ! On peut croire que les primaires démocrates ne sont pas terminées. Le vote du Wiscosin, le 5 avril, sera une étape importante, avant New York, le 19 avril, puis un nouveau Super Mardi, le 26 avril. La large élection de Bill de Blasio à la mairie de New York fait penser que de nouvelles surprises électorales pourraient avoir lieu. Malgré tout, Hillary Clinton conserve des atouts. D'abord, son avance dans le nombre de délégués, d'autant plus qu'elle aurait le soutien de près de 500 superdélégués, des responsables et élus du parti qui pourront voter à la convention d'investiture fin juillet. Si elle conserve le soutien des superdélégués, il faudrait alors que Bernie Sanders l'emporte très largement lors des prochaines étapes électorales, ce qu'il a fait lors de ces trois dernières étapes. En outre, le soutien des caciques du parti (elle était soutenu par le gouverneur, les deux sénatrices et six représentants dans l'Etat de Washington), ne semble pas forcément un atout lors de cette campagne où les électeurs affichent un rejet franc et massif des dirigeants des deux grands partis. Ces trois victoires peuvent-elles augurer une victoire définitive ? Et ceci est extrêmement rafraîchissant car cela montre que dans nos démocraties en crise, le changement, le vrai cette fois, peut venir. Qu'un sénateur de plus de soixante-dix ans aux idées théoriquement marginales (santé et éducation supérieure gratuites), qui se dit « socialiste » dans un pays où cela peut être assimilé au communisme, démontre que les déséquilibres de nos sociétés finissent tout de même par provoquer une vraie remise en question. Et c'est la jeunesse, bien maltraitée par nos sociétés modernes, qui, logiquement, exprime une volonté de changement. Il n'est pas inintéressant de constater que dans une époque qui verse dans l'ultralibéralisme, la jeunesse se penche de plus en plus vers des alternatives politiques qui mettent en avant le rôle de l'Etat, à rebours du discours des grands médias. En cela, et même s'il perd la primaire démocrate, Sanders est le nouvel exemple de la grandissante envie de changement des citoyens, qui ne retrouvent plus dans ces politiciens dit de gauche comme de droite réunis dans un soutien à un laisser-faire et un laisser-passer austéritaire et parfois même autoritaire. La démocratie finira tôt ou tard par produire un antidote à l'ultralibéralisme. |
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