mardi 31 août 2021

Etats-Unis d'Amerique : 46 ans après le Vietnam, l'Afghanistan (1/2)

« Il ne faut pas franchir l'Euphrate. Au-delà de l'Euphrate, c'est le domaine des aventuriers et des bandits » Testament d'Auguste - 14 apr. JC. L'affirmation est énorme mais correspond néanmoins à la réalité. Et ses conséquences sont gravissimes pour le leadership étasunien. Les États Unis ont mordu la poussière en Asie, à deux reprises, en moins d'un demi-siècle. Par deux fois : La première fois, en 1975, au Vietnam, première victoire d'un peuple du tiers monde sur la première puissance planétaire militaire à l'apogée de la guerre froide soviéto-étasunienne ; La deuxième fois, en 2021, en Afghanistan, face à leur ancienne créature, les Talibans, à l'apogée de l'unilatéralisme US. Ces deux défaites étasuniennes en Asie, en moins d'un demi-siècle, ont sérieusement terni le prestige des États Unis d'Amérique et retenti comme le glas du magistère impérial étasunien, de la même manière que la défaite française de Dien Bien Phu, en 1954, face à ces mêmes Vietnamiens, avait sonné le glas de l'Empire français. Les défaites occidentales en Asie paraissent ainsi justifier à posteriori la prophétie d'Auguste consignée dans son testament : « Il ne faut pas franchir l'Euphrate. Au-delà de l'Euphrate, c'est le domaine des aventuriers et des bandits ». Que n'a-t-on révisé nos classiques ? Décideurs, intellectuels médiatiques évolutifs, tous ces transfuges de la gauche mutante, postillonneurs à tout crin, mercenaires de la plume, oracles de l'avènement du « Meilleur des Mondes », qui ont franchi l'Euphrate par leur bellicisme effréné, reniant leur conviction de jeunesse par vanité sociale, cupidité matérielle ou assujettissement communautariste. La prophétie d'Auguste semble se réaliser. L'Afghanistan et l'Irak, les deux points noirs du XXIème siècle naissant auront été le cauchemar de l'Occident. L'Afghanistan, le Vietnam de l'Empire soviétique, est devenu à son tour le nouveau Vietnam étasunien, solidement quadrillé par des puissances nucléaires, la Chine, l'Inde et le Pakistan, désormais interlocuteurs majeurs de la scène internationale, alors que l'Irak, dommage collatéral d'un jeu de billard pipé par George Bush Jr, victime expiratoire des turpitudes saoudiennes, relayait l'Afghanistan dans sa fonction de point de fixation des abcès du Moyen orient, le dérivatif au conflit palestinien… avant de laisser la place à la Syrie. Une stratégie hybride Grand vainqueur d'un bras de fer de vingt ans, les Talibans ont contraint les États Unis à se retirer d'Afghanistan quelques semaines avant la date hautement symbolique du 11 septembre 2021. A la mi juillet 2021, les Talibans avaient assuré le contrôle de 85% du territoire, verrouillant les frontières du pays, contraignant les Etasuniens et leurs alliés occidentaux à accélérer leur retrait. Une véritable débandade. Cet exploit a été réalisé à la faveur d'une stratégie hybride combinant négociations et guérilla. Pour empêcher la prise de Kaboul après leur départ, les Etasuniens ont confié la sous-traitance de la protection de l'aéroport de la capitale afghane à la Turquie, unique puissance musulmane de l'Otan et mis sur pied une armée de 300 000 soldats suréquipée d'un armement moderne à la disposition du président Achraf Ghani, encadrée par des mercenaires des compagnies militaires privées. Ce résultat qui fera date dans les annales de l'histoire est comparable par son retentissement au niveau de l'opinion mondiale à la victoire des Vietnamiens contre les mêmes États Unis, en 1975. Il devrait avoir vocation à servir d'exemple aux États arabes mus par un mouvement de reptation collective en direction d'un état supposé être leur ennemi officiel, Israël. A ce jour, pour rappel, seul le Hezbollah a réussi à provoquer le dégagement israélien du sud Liban, sans négociations ni traité de paix, fait unique dans la polémologie internationale. L'Afghanistan, la plus longue guerre conventionnelle des États Unis. La guerre d'Afghanistan aura été la plus longue conventionnelle des États Unis (2001-2021) et aura coûté la vie à 2 400 soldats et 21 000 blessés étasuniens, grevant le budget américain de deux trillions de dollars (deux mille milliards de dollars). Georges Bush jr avait envahi l'Afghanistan en représailles au raid du 11 septembre 2001 contre les symboles de l'hyperpuissance américaine pour châtier les Talibans et leurs alliés d'Al Qaida. Quatre présidents américains (George Bush Jr, Barack Obama, Donald Trump et Joe Biden) se sont appliqués depuis lors à pacifier le pays. Le retrait étasunien acte, paradoxalement, la défaite étasunien devant leur ennemi, jadis leur principal allié contre l'Union soviétique. Au Vietnam (1960-1975), les États Unis avaient plié bagage à la chute de Saïgon, un désastre militaire mémorable, débouchant sur la réunification du Vietnam au terme d'une double défaite de deux puissances occidentales majeures, la France, en 1954, avec la capitulation de Dien Bien Phu et les États Unis en 1975, avec la débandade de l'ambassade américaine et son dégagement précipité de l'ancienne capitale du sud Vietnam. L'Afghanistan qui a largement contribué à l'implosion de l'Union soviétique, a épuisé la puissance américaine en ce que cette séquence a marqué la fin de six siècles d'hégémonie absolue occidentale sur le reste de la planète, en même temps que l'émergence d'un monde post occidental et la constitution d'une nouveau bloc géopolitique de l'EURASIE, formé par l'alliance de la Chine, de la Russie et de l'Iran, le groupe contestataire à l'hégémonie occidentale. Les prévisions du Fonds Monétaire International (FMI) sont sans appel : La Chine devrait se substituer aux États Unis en accédant à rang de première puissance économique au niveau planétaire à l'horizon de l'an 2035 dans un monde en mutation accélérée, et les pétromonarchies du Golfe vont voir poindre le risque d'une faillite financière, si leurs économies demeuraient connectées à l'économie américaine, les contraignant à recourir à l'emprunt pour leurs dépenses courantes. Cf ce lien : « Les perspectives économiques du FMI à l'horizon 2035 » René Naba, le 22 avril 2021 En un siècle, l'érosion de l'Occident face à l'Asie est manifeste. Sur les sept puissances économiques mondiales du XXI me siècle figurent trois pays asiatiques : La Chine (1re), le Japon (3ème) et l'Inde (6ème), dont deux pays (Chine Inde) sous domination occidentale au début du XX me siècle, et le 3ème, le Japon, vitrifié par les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki (Août 1045) et grand vaincu de la II me Guerre mondiale (1939-1945). Ces trois surpassent désormais, la France, et talonnent de près le Royaume Uni, les deux pays européens qui furent à la tête des deux grands empires coloniaux au début du XX e siècle. Le décès de Donald Rumsfeld : Clin d'œil de l'histoire ou intersigne du destin ? Hasard de la vie, Clin d'œil de l'histoire ou inter-signe du destin ? Quoi qu'il en soit, la disparition de Donald Rumsfeld, ancien secrétaire à la défense américain et architecte des guerres d'Irak et d'Afghanistan, le 29 juin 2021, à 89 ans, à trois mois du retrait étasunien d'Afghanistan, a retenti comme un acte à forte charge symbolique signifiant la fin d'une séquence calamiteuse pour les États Unis en Asie. Et pour celui qui se vivait comme le « JFK républicain » (John Fitzgerald Kennedy), le ministre de la défense le plus puissant des États Unis depuis la fin de la IIème Guerre mondiale, le point final d'une carrière belliqueuse de près de quarante ans. Co-auteur avec l'amiral Arthur Cebrowski de la doctrine de la « Guerre sans fin » cet ultra faucon a été, à 43 ans, le plus jeune secrétaire à la défense des États-Unis, sous Gerald Ford, entre 1975 et 1977, puis, le plus âgé, à 74 ans, sous George W. Bush en 2001. De la prison de Guantanamo (Cuba) à celle d'Abou Ghraïb (Irak), son nom reste attaché à quelques-unes des pages les plus sombres de la « guerre globale contre le terrorisme », le concept qu'il a revendiqué après les attentats du 11 septembre 2001. Et les guerres en Irak et en Afghanistan ont montré que les vieux conflits terrestres résistaient aux nouveaux paradigmes de la « war on terror » face aux guerres asymétriques initiées par les adversaires de l'hégémonie US. Le gros caillou pakistanais dans les gros sabots américains Gros caillou supplémentaire dans le sabot américain : Le Pakistan, l'ancien Body guard de la dynastie saoudienne et base arrière d'Al Qaida dans la guerre anti soviétique d'Afghanistan, ne permettra pas aux États-Unis d'utiliser ses bases militaires, y compris pour d'éventuelles opérations en Afghanistan après le retrait des forces étasuniennes de ce pays. Une fermeture dictée aussi par le souci d'éviter que les insurgés pakistanais, avatars de leurs confrères afghans, ne se renforcent au Pakistan contre le gouvernement d'Islamabad. Sous l'autorité d'Imrane Khan Niazi, maître d'œuvre du ravalement cosmétique du Pakistan, un pays à la réputation jadis sulfureuse, Islamabad a confirmé ainsi concrètement sa ferme adhésion à l'axe eurasien et multipolaire d'un monde post occidental. Mais face à ce retournement de situation, l'Inde, nouvel allié stratégique des États Unis face à la Chine et au Pakistan, aurait vocation à maintenir à flot le président pro américain d'Afghanistan, M. Achraf Ghani, face aux assauts des Talibans. Pour aller plus loin sur ce thème, cf. ce lien : « Imran Khan Niazi, maître d'œuvre du ravalement cosmétique du Pakistan ». René Naba, 16 décembre 2019 Retour sur cette séquence 1- Le raid du 11 septembre 2001 sur les symboles de la puissance américaine : L'Hypotonie du Monde arabe. « The intensive presence of massive absence » : L'oxymore n'est pas de chic. Ce constat désabusé d'un observateur avisé de la vie politique arabe, nullement suspecté de complaisance occidentale, l'universitaire libanais Clovis Maksoud, décrit très fidèlement l'hypotonie du Monde arabe face à la géostratégie tectonique impulsée par les attentats anti américains du 11 septembre 2001 et la collusion frontale qui s'est en suivie en Afghanistan et en Irak, contre les deux plus importants foyers de percussion de la stratégie régionale de l'axe saoudo-américain dans la sphère arabo-musulmane. Acte fondateur d'une nouvelle forme de subversion trans nationale anti occidentale tout autant qu'un acte de rupture avec l'ordre arabe ancien, le « Mardi Noir » -l'implosion de bombes humaines volantes contre les symboles économiques et militaires de la puissance américaine, le Pentagone à Washington et les Tours jumelles du Word Trade Center à New York,- a modifié radicalement les formes du combat politico militaire. Première illustration à l'échelle planétaire des guerres asymétriques de l'ère postcommuniste, visant la déstructuration de l'adversaire à défaut de sa destruction, ce « Mardi Noir » a constitué la première irruption brutale en temps de paix sur le territoire d'un état occidental de crimes de masses indifférents à la qualité sociopolitique des victimes. S'il a modifié radicalement les formes du combat politico-militaire, il a tout autant constitué un acte de rupture avec l'ordre arabe ancien. La stratégie cathartique initiée entre les anciens partenaires essentiels de l'époque de la guerre froide soviéto-américaine, -les islamistes de la mouvance saoudienne anti soviétique et leur parrain américain- a surtout démontré la corrosivité de l'instrumentalisation abusive de la religion comme arme du combat politique et mis à nu la cécité politique américaine. Elle a révélé la vulnérabilité de l'espace national des États-Unis, en même temps que l'impéritie des dirigeants arabes et la vacuité intellectuelle de leurs élites. 2- Le grand jeu afghan Le « grand jeu » afghan pour un « Grand Moyen orient » s'est révélé calamiteux pour ses initiateurs, éradiquant les principaux pivots de l'influence occidentale en terre d'Islam : le commandant Massoud Shah, le Lion du Panshir, en Afghanistan ; les deux anciens premiers anciens ministres, Rafic Hariri et Benazir Bhutto, le sunnite libanais en 2005 et la chiite pakistanaise en 2007, deux personnalités situées aux extrémités de l'axe devant servir de levier à l'avènement du « Grand Moyen Orient », tous les deux identiquement carbonisés dans un attentat, victimes majeures du discours disjonctif occidental. Pis, au Liban même, zone de dégagement de la pression US sur l'Irak, la disparition de Rafic Hariri a été suivie de la décapitation de ses principaux supports médiatiques sur la scène occidentale, le directeur du journal An Nahar, Gébrane Tuéni, et le journaliste Samir Kassir. Un massacre à la tronçonneuse que n'aurait pu produire le plus méthodique des tueurs en série. Un résultant proprement ahurissant. Épilogue de dix ans de « guerre mondiale contre le terrorisme », la crise des subprimes qui a entraîné une perte de capitalisation boursière de l'ordre de 2.500 milliards de dollars, surajoutée aux coûts des guerres d'Afghanistan et d'Irak, estimés par le prix Nobel américain de l'économie Joseph Stiglitz à près de trois mille milliards de dollars, ont provoqué un basculement stratégique de l'économie mondiale. A propos des pertes dues aux la crise des subprimes, cf ce lien : « L'oligopole bancaire en chiffres ». René Naba, le 5 octobre 2015 En superposition, le carnage d'Oslo, en juillet 2011, a signifié au Monde l'échec de la guerre contre le terrorisme, une guerre contre une notion polymorphe. Commis par un norvégien pure souche, Anders Behring Breivik, le carnage d'Oslo, qui a fait 76 morts, a révélé au grand jour le symptôme des dérives de la pensée intellectuelle occidentale, particulièrement l'alliance entre l'extrême droit européenne et Israël : une imposture morale de l'alliance des descendants des victimes du génocide hitlérien avec les héritiers spirituels de leurs anciens bourreaux. Lieu chargé d'un lourd symbolisme, Oslo, dont le siège du gouvernement a fait l'objet d'un attentat meurtrier, vendredi 22 juillet 2011, a servi de cadre aux négociations qui ont débouché sur les premiers accords directs israélo-palestiniens, les accords d'Oslo, le 13 novembre 1993. De surcroît, le prix Nobel de la Paix est le seul des cinq prix Nobel attribué par la Norvège en vertu des dispositions testamentaires du chimiste Alfred Nobel. Œuvre d'un fondamentaliste chrétien, proche des milieux de l'extrême droite, le carnage d'Oslo remet en mémoire les liens de l'extrême droite européenne avec Israël dans une alliance contre nature fondée sur une idéologie particulièrement islamophobe. La presse occidentale a traité dans une indifférence coupable, les dérives tant sémantiques que politiques de cette invraisemblable alliance entre Israël et des antisémites notoires européens, scellée par une « Déclaration de Jérusalem » en Décembre 2010. Favorisée par un climat xénophobe relayé au niveau européen par la campagne en faveur de la liberté d'expression à l'occasion de la parution des caricatures de Mahomet, toute une terminologie de stigmatisation a été forgée par les plus en vue des intellectuels médiatiques pro israéliens (Bat Ye‘or, Alain Finkielkraut Alexandre Adler, Yvan Riouffol, Philippe Val, Bernard Henri Levy) pour mettre en accusation toute une frange de la population hostile à l'unilatéralisme de l'axe israélo-américain. Pour aller plus loin sur ce point cf, ce lien : « Le carnage d'Oslo, un symptôme des dérives de la pensée intellectuelle occidentale ». René Naba, le 6 août 2011 3- 1979-2019 : 40 ans d'un grand bouleversement géostratégique. L'année 1979 a marqué tout à la fois la signature du traité de paix entre Israël et l'Égypte (mars 1979), le renversement de la dynastie Pahlévi en Iran (février 1979), le déclenchement de la guerre irako-iranienne (septembre 1979) enfin l'assaut contre le sanctuaire de la Mecque en Novembre 1979, enfin pour clore cette année charnière, le début l'intervention soviétique en Afghanistan, le 25 décembre 1979. Sur le plan économique, 1979 a marqué en outre l'arrivée au pouvoir le 4 Mai 1979, pour une décennie, de Margaret Thatcher au Royaume Uni, doublée, l'année suivante, par celle de son partenaire idéologique américain Ronald Reagan, avec, en corollaire, la montée en puissance du néo conservatisme et de l'ultralibéralisme, le triomphe de l'École de Chicago avec son consensus de Washington et son équivalent européen le consensus de Bruxelles. Le début d'une décennie de mondialisation heureuse avec les privatisations, la déréglementation, les délocalisations. A – Le terrible consensus de Washington sur le plan économique : Les États Unis vont imposer à l'Amérique Latine le terrible « Consensus de Washington », – un corpus de mesures d'inspiration libérale concernant les moyens de relancer la croissance économique, notamment dans les économies en difficulté du fait de leur endettement comme en Amérique Latine. Bénéficiant du contexte de crise idéologique globale lié à l'effondrement du communisme soviétique, à la fin de la décennie 1989, ils vont généraliser ce consensus en l'imposant à l'Union Européenne par le biais du « Consensus de Bruxelles », son cortège de privatisation, de déréglementation et de délocalisation, avec, à la clé, une considérable destruction d'emploi en Europe, l'émergence des « tigres asiatiques » (Inde, Chine, Corée du Sud, Philippines etc..) et le bouleversement corrélatif de la géo-économie mondiale. Autant d'événements dont les conséquences se font encore sentir de nos jours. B- Sur le plan politique Mais, au plan politique, si le traité de Washington, en Mars 1979, a restitué la Péninsule du Sinaï à l'Égypte, il a soustrait du même coup le plus grand état arabe du champ de bataille, privant ainsi le Monde arabe de toute possibilité de déclencher une guerre contre Israël, tant pour récupérer leurs droits (le plateau syrien du Golan, les fermes de Cheba'a du Liban), mais aussi et surtout les droits nationaux palestiniens et les territoires y afférents (Jérusalem Est, Cisjordanie, Gaza). Depuis cette date, plus aucune guerre conventionnelle n'a opposé les états arabes et Israël. La guerre d'octobre 1973 aura été la dernière guerre livrée par les Etats arabes avec leurs armées régulières contre l'état Hébreu. Sauf que la défection de l'Egypte du champ de bataille a été compensée par la chute de la dynastie Pahlévi en Iran, le gendarme du Golfe et le ravitailleur énergétique d'Israël. En conférant une profondeur stratégique aux contestataires à l‘ordre hégémonique israélo-américain dans la zone, l'avènement de la République Islamique Iranienne a induit un nouveau rapport de force au niveau régional. Et, paradoxalement, depuis la signature du traité de paix égypto-israélien, et malgré la défection de l'Egypte, Israël n'a plus jamais remporté une victoire militaire décisive. En 2000, l'état hébreu s'est retiré militairement du Liban, sous l'effet des coups de boutoir du Hezbollah, sans négociations directes, ni traité de paix. Le Liban avait déjà anticipé cet événement en abrogeant sept ans auparavant, sous la pression populaire, le traité de paix libano-israélien conclu en A1983, sous la mandature du président phalangiste Amine Gemayel. Un double standard dans l'histoire du conflit israélo-arabe, propulsant le Liban au rang de curseur diplomatique régional. En 2006, Israël a même été contraint d'accepter un cessez le feu faute d'avoir vaincu le Hezbollah au terme d'une guerre de soixante jours, l'appui massif US et les encouragements du chef du clan Hariri, le premier ministre Fouad Siniora, dont l'accolade à la secrétaire d'état Condoleeza Rice à Beyrouth sous les bombardements israéliens, constituera la marque suprême de l'infamie. Sur le front sud d'Israël, en dépit de quatre guerres successives contre l'enclave palestinienne, l'état hébreu n'a toujours pas réussi à terrasser le Hamas à Gaza, qui le nargue désormais avec ses missiles jusqu'à Tel Aviv, apportant la démonstration, en mai 2021, que l'espace aérien israélien est devenu une passoire fasse à des missiles de fabrication rudimentaire, artisanale. Depuis lors, toutes les confrontations ultérieures au Moyen orient ont pris la forme de guerres asymétriques, marquées par la mise en échec de l'unique puissance atomique du Moyen Orient face à ces contestataires furtifs pratiquant une guerre hybride, combinant guerre conventionnelle et guerre de guérilla. Ainsi au fur et à mesure que les contestataires de l'ordre hégémonique israélo-américain gagnaient en efficacité, la Palestine, jadis la cause principale des Arabes, était progressivement bradée par ceux-là même qui étaient supposés en avoir la charge, notamment l'Arabie saoudite, en sa qualité de gardien des lieux saints de l'Islam et qui avaient fait de l'islamisme politique sa rente de situation. Rétrospectivement, le terrorisme islamique a permis aux pétromonarchies de se débarrasser à bon compte de leurs trublions, sous couvert d'exaltation religieuse, tout en détruisant leurs rivaux potentiels. Au bénéfice exclusif des États Unis, le protecteur d'Israël. Mais la prolifération des groupements dégénératifs de l'islam radical a provoqué une islamophobie d'une rare violence en Occident, plaçant sur la défensive ses parrains, et à l'index leurs soldats perdus en tête desquels la confrérie des Frères Musulmans, la matrice des groupements takfiristes, sectaires. La baisse d'influence militaire et politique des États-Unis a néanmoins débouché sur une démultiplication de « guerres asymétriques », localisées, hybrides et polymorphes ; des « guerres fluides », impliquant la multiplication des acteurs étatiques et non-étatiques. L'ensemble des séquences ramènent toutes à l'épicentre du conflit israélo-palestinien, qui le demeure, quoi qu'en disent les théoriciens néo-conservateurs et les communicants. 4 – Le Monde musulman, un cocu..
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