Par Jacques Henry.
Un de mes amis français, à vrai dire le seul ami que je vois régulièrement ici (l’auteur réside en Espagne, NDLR), est un chef cuisinier de très grande qualité.
Je l’ai suivi depuis dix ans au cours de ses changements d’employeur car les Canariens le traitent comme un sous-homme puisqu’il n’est pas Espagnol et encore moins Canarien. J’apprécie en effet sa cuisine.
Bref, sans travail depuis le début du confinement il y a quelques jours il est venu me demander s’il pouvait utiliser le four du logement dont je suis locataire pour confectionner des tartes tatin et des quiches pour des clients à qui il livre les somptueux résultats de son art (au noir, mais il ne faut pas le dire).
Tout cela pour qu’il puisse encore survivre quelques semaines dans l’attente d’un très hypothétique travail.
Il m’a raconté l’histoire d’un ami également cuisinier qui s’était spécialisé dans les repas pour communion ou mariage à domicile, et disposant de tout un staff dans sa cuisine, surtout des Philippins car ils acceptent de travailler à n’importe quel prix.
Il a reçu une commande de 60 couverts prévue ce samedi 5 septembre pour une communion, tout cela se passant dans une grande propriété privée. À 35 euros le couvert hors boissons il rentrait largement dans ses frais, une fois n’est plus coutume depuis le début de l’épidémie coronavirale.
Pour faire face au surcroît de travail il a embauché pour l’occasion un deuxième chef (100 euros + les charges sociales, à peu près 100 euros également). Tout était plié pour ce samedi.
Mais, car il y a un très gros « mais ».
En effet, cette assemblée dépassait largement le nombre limité par la loi à dix personnes pour toute réunion, quelle que soit sa nature et sa localisation. Il a donc été contraint de fournir 120 masques, deux par convive y compris les enfants, cinq bouteilles de gel hydro-alcoolique ainsi que deux employés d’une entreprise privée de sécurité mandatée par le gouvernement provincial pour faire respecter le port du masque et la distanciation durant toute la fête familiale ; chacun devait être rémunéré 150 euros + charges sociales.
Vous imaginez la scène…
Deux jours avant, c’est-à-dire hier jeudi 3 septembre, la mort dans l’âme, il s’est décommandé en exposant ses arguments. Ce petit entrepreneur espérait survivre quelques jours en attendant une autre commande hypothétique.
Il a décidé de baisser le rideau !
Voilà comment des règlementations totalement stupides, portant atteinte aux libertés individuelles basiques (comme introduire des employés d’une entreprise de sécurité dans un domicile privé) détruisent habilement le petit tissu artisanal qui fait vivre des dizaines de millions de personnes dans toute l’Europe afin qu’il s’effondre jour après jour.
Ce ne sont pas les grosses entreprises qui réduiront le chômage, elles ont tendance à dégraisser pour satisfaire les exigences de leurs actionnaires, ce sont ces petits artisans employant trois, quatre ou cinq personnes qui créent des emplois.
Allez expliquer ça aux technocrates qui gouvernent les pays européens et encore moins aux fonctionnaires de Bruxelles, ils sont incapables de comprendre ce qui se passe dans la vraie vie.
On est en droit de se poser une question importante : quelle est la finalité de ces décisions de politiciens, ici en Espagne, mais également dans bien d’autres pays européens ?
Vous voulez une autre anecdote ? Cet après-midi j’étais dans la rue, mon masque obligatoire sur le menton pour pouvoir respirer librement et deux policiers m’ont interpellé pour port du masque défectueux.
Je leur ai expliqué dans mon espagnol approximatif (je parle l’espagnol comme un basque le français) que j’étais français mais que je connaissais la loi : dans la rue on n’est pas tenu de porter un masque sauf si les circonstances vous obligent à respecter la distanciation qui est de 1,5 mètre entre deux personnes.
Ils n’ont pas insisté mais c’est très énervant. Avec tous ces gros et petits détails la tension sociale va certainement exploser très prochainement, et ce sera vraiment très violent…
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