vendredi 18 septembre 2020

Barbara Pompili signe une pétition et s’auto-interpelle…

Par André Heitz. MERCI, @barbarapompili, d’avoir eu le courage, malgré les courants mauvais qui soufflent contre le vivant, les humains et les paysans, d’avoir signé l’Appel des coquelicots. C’est une force pour les 1.135.131 citoyens qui exigent la sortie des #pesticides. Ne lâchons rien! pic.twitter.com/B6fmEsOOl0 — Nous voulons des Coquelicots (@coquelicots_) September 15, 2020 Mme Barbara Pompili, ministre de la Transition Écologique a reçu le mardi 15 septembre 2020 une « délégation » de l’association – c’en est une, elle est enregistrée – Nous voulons des coquelicots. Celle-ci lui a remis les signatures de «�1 135 131 citoyens qui exigent la sortie des pesticides Â». Petite précision : des pesticides de synthèse. Pas de ceux qui sont utilisables et utilisés en agriculture biologique, et dont l’interdiction mettrait dans de beaux draps les sponsors et commanditaires de l’opération. Voilà 2ans que le mouvement des @coquelicots_ a été lancé. Plus d’1 million de signatures sont remises ce mardi à Barbara Pompili, ministre de la #TransitionEcologique. L’enjeu: sortir de l’#agriculture indus. en 10ans et installer 1million de paysan-ne-s. https://t.co/zHVWcHM0Q7 — Bastamag (@Bastamag) September 15, 2020 Rappelons que, loin d’être le fruit d’une génération spontanée, l’opération a été soigneusement préparée en amont, comme en témoigne le fait que le site Web a été enregistré par Générations Futures. « L’ appel des #coquelicots Â» a eu lieu le 12/09/18 mais le nom de domaine nousvoulonsdescoquelicots avait été déposé le 12/07/18 par Générations Futures Cette « initiative de bénévoles sans argent Â» est en fait une campagne de communication orchestrée par un syndicat d’industriels pic.twitter.com/qmvKi5CFIi — Alexandre Carré (@alexcarre49) March 12, 2020 Jusque là, tout va bien. Enfin… que représentent ces « signatures Â» (Jules César a signé ! Bolobolo Kloop aussi !) ? Quel crédit le gouvernement peut-il accorder à cette opération ? Quel message est envoyé aux propagandistes de tout poil qui peuvent se sentir en droit de monter des opérations largement contestables ? Mais voici que Mme Barbara Pompili signe l’« Appel à la résistance pour l’interdiction de tous les pesticides Â» – rappel : sur Internet, on a fini par préciser dans le titre : « de synthèse Â». Un appel d’une profonde débilité (petit décryptage ici). C’est là que commence à se poser un énorme problème pour la gouvernance de la France. Rien que le fait de signer une pétition selon laquelle « Nous exigeons » – elle exige – « de nos gouvernants Â» – donc d’elle-même – « l’interdiction de tous les pesticides de synthèse en France. Assez de discours, des actes Â»â€¦ Une pétition outrancière et mensongère, qui débute par « Les pesticides sont des poisons qui détruisent tout ce qui est vivant Â». Qui prétend par exemple que : « Quand un pesticide est interdit, dix autres prennent sa place. Â» Une pétition d’une entité qui n’a eu de cesse de critiquer la gouvernance française et de dénigrer, voire diffamer, l’ANSES et ses dirigeants, une agence dont Mme Barbara Pompili est ministre de tutelle… De vilipender et dénigrer également l’agriculture et les agriculteurs qui nous nourrissent. Et, de temps à autre, d’appeler à la violence. [18 MAI] Nous, coquelicots, serons dans les rues de #France pour marcher contre #Monsanto et consorts. Contre ce hold-up sur notre histoire commune. Contre le #glyphosate qui cache la forêt toxique. Cognons ensemble sur les empoisonneurs! https://t.co/A1EoTiMwpr — Nous voulons des Coquelicots (@coquelicots_) April 11, 2019 Non seulement elle signe, mais elle s’en vante : Je partage l’appel du mouvement des @coquelicots_. Pour cela, nous devons avant tout concentrer nos efforts sur la recherche et le déploiement rapide d’alternatives, afin de pouvoir nous passer à terme des pesticides de synthèse. pic.twitter.com/eEWZ4rjXB0 — Barbara Pompili (@barbarapompili) September 15, 2020 Il va de soi que cette démarche a suscité un tollé sur les réseaux sociaux, à la hauteur du scandale. En septembre 2018, le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France écrivait dans « Attaques contre l’ANSES : une remise en cause inacceptable de la science Â» « Il est aujourd’hui primordial que les ministères de tutelle de l’ANSES en charge de la Santé, de l’Agriculture, de l’Environnement, du Travail et de la Consommation réaffirment tous leur confiance dans les travaux de l’agence et s’appuient sur ses avis scientifiques et non sur le lobbying de personnalités ou d’ONG environnementalistes. Celles-ci ont pris pour habitude de diffamer l’excellence du travail réalisé par l’ensemble de l’organisation sanitaire française (pouvoirs publics compris). Cette pression sur la science et les scientifiques est une nouvelle preuve du populisme écologique qui se développe en France et que l’on a vu à l’œuvre dans les débats sur la vaccination. » Ce populisme est maintenant porté par la ministre de la Transition Écologique ! Pour quels résultats ? Fabrice Nicolino commente dans Le Monde, dans « Quand la ministre Barbara Pompili signe une pétition réclamant l’interdiction des pesticides », avec en chapô un perfide mais très juste : « La ministre de l’Écologie soutient l’appel des « coquelicots Â» alors que le gouvernement s’apprête à réautoriser partiellement les néonicotinoïdes » : « C’est un moment important, on sort de ce mépris épouvantable qui nous a obsédés pendant ces deux années. Le fait que la numéro trois du gouvernement accepte de contresigner notre appel, c’est tout de même une très bonne nouvelle, et ça clôt ces deux années d’efforts collectifs de manière plutôt heureuse. Â» Il y a aussi ce commentaire assassin de M. Yannick Jadot : « Signer d’une main le retour des néonicotinoïdes alors que l’usage des pesticides a augmenté ces dernières années et, de l’autre, signer des engagements portés par les mouvements de la société civile : on dépasse les limites de la duplicité. Â» Il a peut-être raison, M. Yannick Jadot. Au-delà de la duplicité, il y a bien autre chose. Fabrice Nicolino s’est-il réjoui ? Sur son site, dans « Ce que les coquelicots ont vraiment dit à Barbara Pompili… », le ton est fort différent ! Il est d’abord relevé que : « â€¦ après la lecture du texte qui suit, la ministre de la Transition Écologique, sous les regards consternés de ses conseillers, a pris son stylo et signé l’Appel des coquelicots. » Et ensuite ? Extraits de la déclaration : « Nous ne pouvons plus attendre, et vous faites pourtant comme si. La crise de la vie sur Terre, et donc en France, est totale. Vous le savez, mais vous faites semblant qu’il n’en est rien, préférant miser sur une carrière politique qui a fait de vous le numéro trois du gouvernement. […] Madame Pompili, vous êtes responsable. Vous êtes responsable personnellement, et nous n’acceptons pas les subterfuges habituels. Vous ne pouvez décemment vous abriter derrière des arguties. […] C’est ce droit-là que vous devez défendre contre tous ceux, si nombreux, qui nous enfoncent dans une crise sans issue. Mais vous ne le faites pas. Et pour cette raison, le mouvement des Coquelicots dépose ce 15 septembre 2020 une plainte majeure contre vous. Elle n’est pas pénale, elle est morale. Et fondamentale. C’est une plainte solennelle pour non-respect de votre propre parole. C’est une plainte pour non-assistance à des milliards d’êtres vivants en danger de mort immédiate, dont le peuple des abeilles n’est qu’une première ligne. C’est une plainte qui restera. Cette flétrissure vous suivra tout au long de votre vie. À moins que ? » Insultée de la sorte, une ministre de la République prend sa plume… Et au détour d’un entretien sur Europe 1, on apprend qu’elle avait déjà signé « il y a quelques années Â». Au final, est-ce le summum de la duplicité comme le dit Yannick Jadot ? Du machiavélisme ? Il sera maintenant difficile pour Mme Barbara Pompili de porter une loi qui permettra l’enrobage des semences de betteraves avec un néonicotinoïde pour lutter contre les ravages de la jaunisse. En fait, elle n’a plus sa place au gouvernement. Très bonne remarque de @SoMabrouk sur les produits de synthèse. Et pas de réponse de @barbarapompili sur le fond. Avant de revoir quoi que ce soit dans le modèle actuel et de se fixer des objectifs, il faut savoir de quoi on parle… https://t.co/S7WrH8a6yP — Kako (@Kako_line) September 16, 2020 Ces articles pourraient vous intéresser: « Haut commissariat au plan » : faut-il le ressusciter ? Écologie : « excellence environnementale Â», désastre agricole Betterave à sucre : la (non) réponse du gouvernement aux agriculteurs Agriculture bio, essayons d’être objectifs…
http://dlvr.it/Rgrsrw

1 commentaire:

vincent a dit…

Si l'interdiction des pesticides est utopique, l'adoption de bonnes pratiques d'usage des produits pesticides est indispensable : Des réductions dans l'usage des pesticides sont possibles en résorbant les inefficacités des exploitations et la réduction des intrants phytosanitaires est une mesure de prévention primaire de la filière horticole et arboricole avec adoption d'alternatives à certains traitements (Protection Biologique Intégrée, auxiliaires vivants de culture et phéromones spécifiques de confusion sexuelle ...) : https://www.officiel-prevention.com/dossier/protections-collectives-organisation-ergonomie/risque-chimique-2/la-prevention-des-risques-professionnels-des-pesticides