Dimanche, faut-il choisir entre deux superficialités ?
Le moment du choix approche, après un débat dont tout le monde s'accorde à dire qu'il a été calamiteux. Après un premier tour dont certains aspects étaient positifs, et l'extravagant ralliement de NDA au FN, nous nous retrouvons face au choix de confier la France au libéral et vert successeur de Hollande, ou à Marine Le Pen, dont la prestation d'hier a suscité de la gène jusque dans ses rangs.
Superficialité rieuse ou suffisante ?
Parce que nous sortons de cinq années d'une majorité dont Macron a été un des inspirateurs d'un point de vue économique, d'abord pendant deux ans, comme proche conseiller du président, avant de devenir ministre, il est difficile d'exclure la dimension jugement du bilan de cette majorité. Et le bilan est totalement désastreux : plus d'un million de chômeurs en plus, une désindustrialisation qui se poursuit, un niveau scolaire en berne, une déconstruction du droit du travail, pour plaire aux riches chinois qui font du tourisme en France. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y a un bilan à sanctionner. Pire, le candidat Macron se place très largement dans la continuité de cette politique.
Et même s'il bénéficie de la prestation effarante de Marine Le Pen mercredi soir, on ne peut pas dire que la sienne était vraiment bonne. Difficile de ne pas voir un roquet trop sur de lui et méprisant alors que sa position devrait lui imposer une certain humilité puisqu'il cherche les suffrages des citoyens. Mais la seule chose que Macron veut faire, c'est se réaliser, lui, sans jamais véritablement réfléchir aux problèmes du pays, se contentant d'un programme de secrétaire d'Etat conformiste. Et une bonne partie de ce qu'il propose aggraverait encore la situation, certes sans doute pas autant que le programme fou de Fillon, mais tant sur la forme que le fond, je ne peux pas voter Macron.
Mais la seconde option, que je ne considérais déjà pas vraiment pour être honnête, a confirmé mercredi soir tout le mal que l'on peut penser d'elle. Son comportement a dépassé les limites du ridicule et son impréparation a démontré qu'elle n'est pas plus intéressée que Macron par la France et les Français, sinon, elle travaillerait un peu plus ses dossiers. Mais, après tout, venant de la flémarde du parlement européen, ce n'est pas vraiment surprenant. Sauf que le débat du second tour a exposé la superficialité de Marine Le Pen d'une lumière très crue, au point que l'on peut aisément penser qu'elle n'a nulle envie du pouvoir, mais veut seulement assurer la continuation de sa PME politique familiale.
C'est sans doute pour cette raison qu'elle ne voit aucun problème à changer sans cesse de scénario sur l'euro, qu'elle n'hésite pas à ajuster son plan pour les retraites. Et voilà pourquoi il est impossible de lui faire la moindre confiance pour sortir de l'UE et de l'euro. Sa nullité crasse mercredi et son inconséquence sur bien des questions pourraient pousser à voter contre elle, malgré un moindre éloignement programmatique. Cependant, par respect pour tous ceux qui souffrent des politiques menées depuis des décennies, ignorés par Macron et ceux qui nous gouvernent, je ne peux pas apporter ma voix à celui qui poursuivra ce supplice. Je ne peux pas soutenir l'aggravation de la situation.
Du coup, je me retrouve dans la situation de 2012, à ne pas pouvoir faire de choix, à nouveau dans une situation insatisfaisante. Le fait que je ne regrette pas de ne pas avoir pu choisir entre Hollande et Sarkozy il y a cinq ans, facilite le fait de ne pas choisir à nouveau, d'autant plus que la majorité des militants de la France Insoumise, ou encore Emmanuel Todd, sont dans la même situation.
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