Les radars privés vont nous coûter cher...
Sécurité routière. D'ici à septembre, des sociétés privées géreront les radars embarqués. Selon les calculs d'une association provoiture, les amendes vont pleuvoir.
La polémique sur le projet de privatisation des radars mobiles embarqués refait surface. Alors que le gouvernement doit présenter, vendredi, le détail d'un dispositif qui doit entrer en vigueur en septembre, l'association provoiture 40 Millions d'automobilistes reprend les armes ce matin. Pas question pour elle d'accepter que les pouvoirs publics confient le volant des voitures équipées d'un radar embarqué - capable de flasher tout en roulant un véhicule en excès de vitesse dans les deux sens de circulation-, non plus à des gendarmes ou des policiers mais à des chauffeurs employés par des sociétés privées.
Le processus expérimenté en Normandie
L'affaire est pourtant déjà bien engagée. Les appels d'offres, pour choisir les sociétés prestataires, seront lancés dans les semaines qui viennent. Une expérimentation est déjà en cours en Normandie où des voitures banalisées contrôlent discrètement, sans sanctionner, les automobilistes qui ne respectent pas les limitations.
L'objectif, pour les responsables de la Sécurité routière, est de rentabiliser au maximum ces voitures utilisées, en moyenne, seulement une petite heure par jour par des forces de l'ordre ayant bien d'autres missions à remplir.
78 % des automobilistes sont contre
Dans la bagarre qui se profile, l'association provoiture table sur une opinion publique à ses côtés, échaudée par l'arrivée de ce nouveau dispositif qui lui coûtera très cher en points de permis (et aussi en PV !) mais aussi retors à l'idée d'une privatisation pouvant conduire à des excès de zèle. Dans un sondage réalisé du 10 au 12 janvier derniers par Harris Interactive pour le compte de 40 Millions d'automobilistes, 78 % des Français se déclarent opposés à la privatisation de ces radars. Et 80 % estiment que le contrôle de la vitesse sur les routes doit rester du domaine des représentants du service public.
En oubliant peut-être un peu vite que le nombre de morts sur les routes ne baisse plus depuis deux ans et que 3 469 personnes ont ainsi perdu la vie en 2016, soit une hausse de 0,2 %.
Avant de lancer une « manifestation numérique » (lire ci-dessous), l'association s'est livrée à un petit calcul pour dénoncer « une opération davantage financière qu'attachée à lutter contre l'insécurité routière ». « Partant du principe qu'une voiture-radar peut flasher, au bas mot, trente automobilistes par heure, que le ministre de l'Intérieur souhaite que ces véhicules circulent huit heures par jour, ce sont plus de 38,5 millions de procès-verbaux qui seront dressés à l'encontre d'usagers de la route, dénonce Daniel Quéro, son président. Avec un montant moyen de l'amende à 56,85 €, l'Etat engrangera près de 2,2 Mds€. A coup sûr, une excellente opération financière... En revanche, il n'existe aucune preuve que cette mesure ait un quelconque effet positif sur la sécurité routière. »
Une accusation que balaie d'un revers de main Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la Sécurité routière. « Il y a dans le refrain radars pompes à fric une profonde erreur car les chiffres démontrent complètement le contraire. Les radars, tous confondus, ont rapporté 920 M€ l'an dernier, alors que l'Etat prévoit, dans le projet de loi de finances 2017, 3,3 Mds€ de dépenses pour la sécurité routière. Si le but était de gagner de l'argent, nous serions très très loin du compte. »
QUESTION DU JOUR. Approuvez-vous la décision de confier la gestion des radars embarqués au privé ?
Manifestation virtuelle, une première en France
Pour remobiliser l'opinion contre ces radars, 40 Millions d'automobilistes innove. « La pétition en ligne que nous avons lancée a recueilli 300 000 signatures mais elle ne suffit pas pour faire entendre la voix des usagers de la route, explique le délégué général de l'association. Nous avons imaginé une manière encore plus simple et plus forte pour mobiliser. »
Dès ce matin est lancée une manifestation numérique, une première en France. Toute personne opposée à la mesure peut envoyer sa photo ou celle de son véhicule par MMS, ou simplement son prénom par SMS au 07.89.99.63.63, numéro ouvert pour l'occasion, ou sur le site www.nonalaprivatisationdesradarsembarques.com. Objectif : réunir plus d'un million de messages en un mois et interpeller les candidats à la présidentielle.
Source(s) : Le Parisien.fr via Contributeur anonyme
Information complémentaire :
Crashdebug.fr : Carte de France des voitures banalisées avec radar embarqué par département (Momo)
URL: https://www.crashdebug.fr/actualites-france/13268-les-radars-prives-vont-nous-couter-cher
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