Nouvelle humiliation pour la Grèce
Mais quand cela cessera-t-il donc ? Voilà bientôt 7 ans qu'Athènes est devenue le vassal trop obéissant de ses créanciers tortionnaires, parce qu'une majorité des Grecs préfère ne pas couper le lien monétaire, mais aussi institutionnel avec une Union Européenne qui les maltraite pourtant depuis trop longtemps, avec des conséquences humaines effarantes. Nouvel exemple ce mois-ci.
Une tutelle démocratique toujours plus violente
C'est une nouvelle crise qui aura duré pendant 15 jours. Romaric Godin nous contait comment « Alexis Tsipras tente de redresser sa popularité ». Le point de départ est l'excédent primaire de la Grèce, qui atteint 6,5 milliards fin octobre, 3 milliards de plus que prévu avec les créanciers. Selon le mémorandum signé avec les créanciers du pays, 40% de la « surperformance » (sic) était à la discrétion du gouvernement (30% pour réduire la dette et 30% pour réduire les impayés). Alexis Tsipras voulait en utiliser la moitié (617 millions) pour une prime pour les 70% de retraités qui touchent moins de 850 euros par an ainsi que pour un report dans la hausse de la TVA prévue pour les îles du nord de mer Egée.
Malheureusement, cela a irrité les tortionnaires du pays, non informés, qui ont décidé de suspendre les dérisoires mesures d'allègement de la dette, comme le rapportait l'intéressant blog Le vent se lève. Sur son blog, Sapir avait dénoncé « la honte et la colère », rappelant le lourd tribut que le pays paye aux plans européens, avec un investissement divisé par trois et revenu au niveau de 1996. Mais finalement, le 24 décembre, l'Eurogroupe a annoncé avoir repris le dialogue à la réception d'une lettre d'Athènes répondant aux inquiétudes des créanciers. Les mesures sont dérisoires, proposant de réduire de 20 points (à peine plus de 10%) le poids de la dette d'ici à 2060 (et pourquoi pas 2100 ?).
Romaric Godin n'a pas épargné le gouvernement Tsipras en soulignant qu'il avait été une nouvelle fois humilié par les créanciers. En effet, Athènes a accepté de dire que ces mesures étaient temporaires, que la prochaine fois, et que l'utilisation des 40% de cette « surperformance » serait soumise à accord des créanciers. Déjà, il est assez incroyable que la Grèce ait accepté des règles aussi contraignantes sur l'usage des excédents. Mais il est particulièrement humiliant pour le pays d'avoir été contraint de céder à nouveau pour avoir oser redistribuer 20% de l'excès d'excédent… Cela démontre à quel point Athènes accepte d'être le vassal de créanciers au caractère particulièrement détestable.
Je suis curieux de connaître le jugement que l'histoire portera sur le traitement de la crise Grecque, provoquée par une intégration monétaire profondément dysfonctionnelle et une bulle financière privée. Mais ce qui est effarant, c'est de constater à quel point un peuple peut se convaincre majoritairement, pour le moment, de suivre ces politiques aussi humiliantes qu'inhumaines.
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