Macron et Fillon : deux favoris, deux impasses usées
Cette campagne est décidément incroyable. Avec un président sortant qui a renoncé à se présenter, puis son prédécesseur qui n'a même pas réussi à atteindre le second tour des primaires, écrasée par un outsider, l'issue pourrait paraitre très incertaine. Mais de notre mécontentement politique ressortent aujourd'hui deux favoris qui sont un concentré des erreurs rejetées du passé.
Un concentré des erreurs de l'oligarchie
La situation actuelle n'est pas peu paradoxale. Partout, les Français expriment leur déception, pour ne pas dire plus, à l'égard des partis qui nous gouvernent depuis des décennies, PS et LR. La meilleure illustration de cette situation, c'est le fait que depuis 1981, toutes les élections législatives, à l'exception de 2007 (où Sarkozy s'était fait le candidat de la rupture), ont vu un changement de majorité. Bref, à chaque élection, les Français expriment leur rejet des politiques menées par le PS et LR. Mais, paradoxalement, à chaque fois, nous remettons celui qui était dans l'opposition au pouvoir ! Voilà qui en dit long sur les impasses de ceux qui se présentent comme les alternatives à ce duopole.
A première vue, avec le renvoi à la retraite de François Hollande et Nicolas Sarkozy, on peut penser que ces élections permettront un vrai renouvellement de notre personnel politique. Après tout, Emmanuel Macron est jeune, n'a jamais été élu, et François Fillon entretient une identité politique originale depuis près de dix ans, une sorte de père la rigueur qui promet le redressement par la sueur et le sang. Mais l'émergence de ces deux favoris n'est-elle pas complètement contradictoire avec l'insatisfaction des Français à l'égard de tous ces gouvernements qui se sont succédés sans régler nos problèmes : chômage, inégalités, insécurité, baisse du niveau scolaire, communautarisme anti-républicain ?
En effet, même si Fillon et Macron ne sont pas Sarkozy et Hollande, n'en représententi-ils pas la continuité ? Fillon est resté cinq ans Premier ministre, ce qui l'associé très largement au bilan désastreux des cinq années de mandat du précédent président. Et les politiques qu'il défend ne sont qu'un mégamix de ce qui a été fait depuis des décennies, entre l'austérité du Juppé de 1995, et une accélération de la politique de l'offre menée par l'équipe actuelle ! Idem, Macron, c'est tout sauf du renouveau. Non seulement il a travaillé sur le rapport Attali commandé par Sarkozy, mais il a officié pendant plus de deux ans à l'Elysée avant d'être ministre. Avec eux, le renouveau, ce n'est pas pour maintenant !
En fait, Fillon et Macron sont l'incarnation la plus pure de ces politiques promues par la majorité des élites de ce pays, et qui échouent depuis des décennies. D'ailleurs, les élites politico-médiatiques les poussent face à leurs adversaires populaires, Mélenchon et Le Pen. Alain Minc, partisan de Juppé lors des primaires de cet automne, a annoncé son soutien à Macron. Pas sûr que cette déclaration du chat noir politique national lui apporte le moindre réconfort… Fillon compterait sur le soutien d'Henri de Castries, sans que l'on comprenne bien comment le fait d'être soutenu par l'ancien patron d'Axa puisse faire gagner des voix à un candidat déjà perçu comme trop favorable aux entreprises et aux riches.
Bien sûr, les positions de janvier ne sont pas souvent celles à l'arrivée, ce qui serait rassurant si l'on pouvait projeter des alternatives en position de renverser le cours des choses. Mais entre des Français qui veulent du renouvellement, les affaires et des favoris qui ne devraient pas l'être, on peut penser que nous aurons de (bonnes) surprises. A moins que la (mauvaise) surprise soit la poursuite de l'impasse…
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