Trump, au service du monde des affaires ?
Donald Trump devrait devenir définitivement président des Etats-Unis dans huit jours. Il doit sa victoire au fait d'avoir convaincu une proportion inhabituelle des classes populaires pour un républicain, en dénonçant les conséquences du libre-échange, le manque de contrôle de l'immigration et le politiquement correct des élites côtières. Mais ses premiers jours augurent mal pour les classes populaires.
Entre banquier d'affaires et patron peu progressiste
Bien sûr, Donald Trump continue à jouer une petite musique protectionniste en direction de la Chine, au point que Pékin s'est fait menaçant. Mais étant donné l'ampleur du déficit commercial des Etats-Unis vis-à-vis de la Chine, Pékin a bien plus à perdre que Washington. Qui plus est, quel culot de la part des Chinois de se présenter en défenseur du libre-échange alors que leur marché est fortement fermé aux importations, que ce soit pour le riz, ou l'industrie automobile, ce qui a imposé aux constructeurs occidentaux d'ouvrir des usines dans l'Empire du milieu, obligatoirement en association avec un constructeur local plus ou moins en devenir, qui a pu ainsi acquérir une formation accélérée.
Mais quel crédit accorder au président Trump dont l'inconstance du discours ferait presque passer Nicolas Sarkozy pour un idéologue ? Même s'il s'agit d'un sujet où il a eu une certaine constance, on peut craindre qu'il laisse faire comme aujourd'hui, à quelques mesures bien voyantes près, pour donner le change pour ses électeurs. Il faut dire que ces derniers ont de quoi se méfier au regard du premier mois du président-élu. Lui qui dénonçait la porosité des Clinton avec les intérêts des milieux d'affaires a fini par nommer secrétaire d'état au Trésor un ancien de la très sulfureuse banque d'affaires Goldman Sachs. Sur cette question, il faut croire que le changement, ce ne sera pas avec Trump.
Sur la question du salaire minimum, Donald Trump avait beaucoup varié pendant la campagne : il avait dit d'abord que le SMIC, à 7,25 dollars l'heure, était « trop élevé », avant de soutenir « je ne sais pas comment les gens s'en sortent à 7,25 dollards de l'heure (…) je n'ai encore rien décidé en termes de chiffres. Mais je pense que les gens doivent recevoir plus ». Et 6 mois après, voilà qu'il nomme comme ministre du travail un patron de chaine de restauration rapide qui met une limite stricte à la hausse du salaire minimum. Bien sûr, le fait qu'il ne soit pas opposé à une hausse est positif, mais cela indique sans doute qu'il n'y aura pas de révolution pour les plus bas salaires aux Etats-Unis.
En effet, des Etats et des villes appliquent déjà des salaires minimums nettement supérieurs (10 dollars en Californie ou à Washington), ce qui risque de fortement limiter la portée d'une éventuelle hausse, à supposer qu'elle ait lieu. Mais plus globalement, ce qui se dessine, c'est que les intérêts du monde des affaires n'ont pas grand chose à craindre de Donald Trump, dont l'agenda pourrait les servir plus encore que celui des présidents précédents. D'ailleurs, c'est ce qu'indique l'évolution des marchés financiers après son élection. Après une brève chute, Wall Street ne cesse de progresser et bat record sur record, au point que le cap des 20 000 n'était plus qu'à moins de 250 points vendredi…
Décidément, quel que soit le vainqueur, les intérêts du monde des affaires gagne toujours, y compris en Grèce, quand la gauche pseudo radicale gagne… Malgré tout, sachant que Clinton n'aurait pas changé grand chose à la mauvaise direction prise depuis bien trop longtemps, le succès de Trump reste positif en ce qu'il illustre l'envie de changement du peuple, à défaut de véritablement l'apporter.
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