L'empire immobilier de Tony et Cherie Blair est estimé à 32 millions d'euros
Source : The Guardian, le 14/03/2016
L’ancien Premier ministre, sa femme et ses enfants sont officiellement propriétaires d’au moins 10 maisons et 27 appartements, dont certains se trouvent au centre de Londres.
Hilary Osborne
Le 14 mars 2016
Comme beaucoup de parents qui ont tiré profit de la hausse de l’immobilier des trois dernières décennies, Cherie et Tony Blair ont pu aider leurs enfants à acheter leur premier logement. Cependant, contrairement à beaucoup de parents, cette aide est allée jusqu’à offrir à leur progéniture des biens de plusieurs millions.
Depuis qu’ils ont acheté une maison de 30 000 livres (36 000 euros) dans l’ancienne circonscription de Tony, à Sedgefield, en 1983, les Blair ont bâti un empire immobilier estimé à 27 millions de livres (32 millions d’euros). L’ancien Premier ministre, qui a été en fonctions lors d’une période pendant laquelle 70% des ménages étaient propriétaires de leur logement, s’est mis, depuis son départ de Downing Street, à acheter, avec sa famille, de plus en plus de propriétés.
Les Blair ont vendu, en 2009, la maison de Sedgefield pour 275 000 livres (330 000 euros), mais la famille est officiellement propriétaire d’au moins 10 maisons et 27 appartements, et leurs trois enfants les plus âgés ont chacun leur nom sur au moins un acte de propriété.
Alors que les jeunes gens de leur génération doivent de plus en plus se contenter de louer, les enfants Blair possèdent chacun un logement au centre de Londres, à une encablure de la maison géorgienne de Connaught Square que l’ancien Premier ministre a achetée en quittant Downing Street. Cette propriété à laquelle s’ajoute une maison située à l’arrière, est estimée à plus de 8,5 millions de livres (plus de 10 millions d’euros), plus du double du prix payé par l’ancien Premier ministre en 2004.
a fille du couple, Kathryn, une avocate d’environ 25 ans, est seule propriétaire d’une “mews house” [ancienne écurie transformée en logement, NdT] près de Marylebone, que la famille aurait achetée au nom de Cherie pour 1,2 million de livres (1,45 million d’euros) en 2014. L’acte de propriété de la maison a été enregistré au nom de Kathryn l’année suivante et il n’y aurait pas eu de droits de mutation puisqu’il s’agissait d’un cadeau. Cette maison est entièrement payée, et en dépit des récents fléchissements dans la tranche supérieure du marché immobilier, il y a bien des chances que Kathryn ferait une plus-value si elle la vendait. Selon le site immobilier Zoopla, la maison vaut plus de 1,4 million de livres (1,7 million d’euros).
La maison de Kathryn donne sur celle de son frère aîné Euan, ancien cadre de la banque d’investissement Morgan Stanley et, d’après la rumeur, futur homme politique. Sa maison de six chambres a été achetée en 2013 et enregistrée à son nom et à celui de Cherie. Décrite par les agents immobiliers, à l’époque, comme « une propriété rénovée, superbe, un bien rare sur le marché » dans le cœur de « Marylebone Village », elle a été vendue pour 3,625 millions de livres (4,35 millions d’euros) et, trois ans plus tard, elle est estimée entre 4,5 et 5 millions de livres (entre 5,4 et 6 millions d’euros).
Cherie est aussi copropriétaire, avec Kathryn, d’une maison dans le Buckinghamshire, près de la maison de campagne de la famille. Cette propriété de quatre chambres a été, au départ, achetée pour 600 000 livres (720 000 euros) par Cherie et la sœur de Tony, Sarah. Elle était évaluée à 700 000 livres (840 000 euros) en septembre 2013 quand Sarah a cédé la place à Kathryn sur le titre de propriété. Un mois plus tard, cette maison était à louer pour 2500 livres (3000 euros) par mois soit 30 000 livres (36 000 euros) par an. Elle avait été achetée en partie meublée et, pour les agents, elle était « dans un état exceptionnel, avec des prestations de haute qualité ».
Selon le cadastre, les biens du Buckinghamshire ont augmenté de 27% depuis l’achat de la maison, donc cette maison pourrait valoir maintenant dans les 753 000 livres (900 000 euros). Comme elle a été payée comptant, il n’a pas dû y avoir de droits de mutation.
En plus de sa maison, Euan a des parts dans d’autres propriétés. Il est, avec Cherie, directeur de Oldbury Residential qui a une gamme d’appartements pour investisseurs à Manchester et Stockport. D’après les livres de la société, Cherie et Euan ont chacun 50% des parts de Oldbury Residential, qui a acheté 27 appartements avec des emprunts hypothécaires de la Lloyds bank, pour un total de 2,2 millions de livres (2,6 millions d’euros).
Un appartement d’une rue où Oldbury Residential possède 10 propriétés est à louer pour 650 livres (780 euros) par mois, tandis que d’autres dans les mêmes immeubles de Stockport se louent pour 500 livres (600 euros) par mois. Donc 27 appartements loués chacun à 500 livres par mois peuvent rapporter 13 500 livres (16 000 euros) par mois ou 162 000 livres par an.
La société Oldbury vient de faire de nouvelles acquisitions, trois appartements à Stockport achetés à l’automne 2015 pour 75 000 livres (90 000 euros) chacun, qui ont l’air de bonnes affaires, un appartement de deux pièces se louant couramment dans cet immeuble à 500 livres par mois, soit un rapport de 8% sur l’investissement initial.
Le deuxième fils des Blair, Nicolas, dit Nicky, qui travaille dans le monde du football comme agent, possède une maison géorgienne dans le centre de Londres. Cette propriété de trois chambres a été achetée pour 1,35 million de livres (1,6 million d’euros) en septembre 2015 et, tout comme les autres maisons achetées par la famille, elle a été rénovée. Un permis de construire pour une extension d’un étage a été délivré après la vente. D’après le site immobilier Zoopla, elle vaut 2 millions de livres (2,4 millions d’euros) et peut se louer à 6900 livres (8300 euros) par mois.
Selon les titres de propriété de certains des biens, ceux-ci ne deviendront pas automatiquement la propriété de l’autre propriétaire si l’un meurt, donc les propriétés en copropriété sont, en partie, soumises à des droits de succession. Cependant, les biens qui ont été donnés ne seront pas soumis à impôts jusqu’à sept ans après la date de mutation. Il devrait y avoir des impôts à payer sur les bénéfices au moment de la mutation si la part de la propriété qui est donnée vaut plus que ce qu’on l’a payée à l’origine.
Cherie représente, professionnellement, un groupe de propriétaires décidés à s’attaquer au gouvernement. Ils s’inquiètent en effet de projets qui visent à diminuer la réduction d’impôt au titre des intérêts sur les prêts hypothécaires. À partir d’avril 2017, les propriétaires verront se réduire le montant des intérêts qu’ils peuvent déduire de leur revenu locatif : il y aura, en effet, un taux forfaitaire de 20%. Cette mesure ne touchera pas les propriétaires constitués en société, les propriétés d’Oldbury Residential y échapperont donc.
C’est l’augmentation attendue du droit de timbre sur les résidences secondaires qui pourrait conduire la famille Blair à réfléchir à deux fois à l’opportunité de faire davantage d’acquisitions. La majoration de trois pour cent en plus des taxes ordinaires va s’ajouter au coût de toutes les résidences secondaires achetées par des particuliers. Comment cette mesure va-t-elle avoir une incidence sur des sociétés comme Oldbury, cela n’est pas encore très clair, même si le budget de mercredi devrait apporter des précisions. On saura peut-être si les sociétés vont échapper à des impôts supplémentaires sur toutes les acquisitions ou seulement sur les acquisitions en grandes quantités.
Lors de la délibération, on a laissé entendre que ceux qui achètent 15 propriétés en même temps pourraient échapper à cette majoration : ainsi les Blair pourraient-ils songer à acheter à nouveau en grandes quantités, dans le nord-ouest de l’Angleterre pour augmenter leur offre. Le budget devrait aussi apporter des précisions sur la façon dont ces taxes viseront les parents qui achètent des biens avec leurs enfants. À l’origine, les parents devaient payer s’ils étaient copropriétaires, mais des experts fiscaux ont demandé au gouvernement de repenser ce projet.
Source : The Guardian, le 14/03/2016
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.
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