[Question] Débat juridique autour du Brexit & Stratégies
Comme il y a des juristes parmi vous, et que je me pose quelques questions sur la situation stratégique actuelle, j’aimerais avoir votre avis (laissez le dans les commentaires). J’ai en effet été interpellé par la discours de Juncker :
Si je comprends bien, nous sommes dans la situation actuelle : 1/ le peuple britannique a voté le Brexit 2/ il existe un article du traité UE, créé par le traité de Lisbonne, qui organise une sortie de l’Union. C’est le fameux article 50, qui prévoit :
Ainsi :
3/ on a vu des déclarations enflammées d’européistes intégristes expliquer à quel point il fallait faire souffrir le Royaume-Uni pour son choix, et, qu’à tout le moins, on fasse un exemple pour montrer qu’il ne fait pas bon quitter l’empire 4/ ont été nommés par le Parlement comme on l’a vu 3 négociateurs pour l’UE, qui sont des fédéralistes forcenés, qui auront donc pour but d’éviter toute souplesse pour empêcher d’autres pays de fuir…. Notez aussi que c’est très intéressant, sachant que le Royaume-Uni n’a encore rien notifié – de même que la volonté du Parlement de “modifier son organisation interne de manière à refléter la volonté de la majorité des citoyens du Royaume-Uni de se retirer de l'Union européenne”. Belle illustration des tares d’un parlementarisme débridé. 5/ dans ce contexte, je trouve étonnant qu’on s’étonne que le Royaume-Uni ne se mette pas en position de faiblesse extrême en demandant l’activation de l’article 50 !! Ce n’est clairement pas son intérêt, car plus le temps passera, plus il risquera de tout perdre, et devra donc accepter tous les diktats européens. 6/ au vu de ceci, si on voulait conclure un bon accord, favorable aux deux parties, il faudrait clairement négocier avant la notification, cela tombe sous le sens. Mais c’est refusé par les technocrates de Bruxelles. 7/ la situation pourrait rester bloquées comme ceci longtemps, sauf que… 8/ rien n’est prévu dans les traités pour exclure un État de l’Union 9/ il n’existe qu’une procédure assez dure mais pour les États ne respectant plus les Droits de l’Homme (article 7 TUE, allant jusqu’à une suspension des Droits de l’État) ou alors des sanctions possibles de la Cour de Justice de l’Union en cas de non-respect de la législation européenne (procédure d’infraction, articles 258 à 260 TFUE). La question que je souhaite discuter avec les juristes lecteurs est donc la suivante : que peut faire en théorie le Royaume-Uni s’il décide de ne plus respecter certains aspects des traités (genre dénoncer certains articles du traité, ne plus reconnaitre la Cour de Justice, dénoncer la loi anglaise European Communities Act de 1972), et que peut faire le Conseil en retour ? Comment peut-on sortir d’un traité en général (il n’y avait pas d’article 50 avant Lisbonne, mais un État aurait bien entendu quand même pu sortir…), le Royaume-Uni pourrait-il dénoncer partiellement le Traité de Lisbonne ? Alors du coup, nos médias ont assez bien traduit la stratégie des technocrates de l’UE (je précise, car à 27 pays, les choses vont vite se compliquer, genre l’Irlande n’aura pas envie de punir son partenaire frontalier, de même que les forces économiques) :
Mais du coup, quelle stratégie préconiseriez-vous pour le Royaume-Uni – chose qui ne semble guère intéresser nos médias bisounours (eh oui les loulous, il y a des stratégies souvent…) – s’étonnant et se moquant des Anglais qui ne notifient par encore leur retrait… ? Bien entendu, la première étape peut simplement être une politique de la “chaise vide” (ou plutôt d’un vote négatif systématique) du Royaume-Uni, qui ne va pas invoquer l’article 50 mais empêchera toute décision à l’unanimité… À vous de jouer ! P.S. pour la beauté l’exercice, actons que le R-U veut bien sortir, et qu’il n’y aura pas de stratégie dilatoire genre second referendum. EDIT : une intéressante analyse en anglais… |
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