Mobilisons-nous le mardi 17 et le jeudi 19 mai contre le coup de force du 49.3 et le projet de loi El Khomri
Mobilisez vous, et soyez compréhensif avec les grévistes, ils ne font que défendre nos droits.
Ils ont osé !Manuel Valls avait vertement repris Myriam El Khomri lorsqu'elle avait vendu la mèche en menaçant, il y a deux mois déjà, de l'utilisation du 49.3. Il fallait discuter au Parlement assurait, patelin, le Premier ministre qui se déclarait sûr de convaincre. En 2006, lorsque Dominique de Villepin avait choisi de passer en force et de faire adopter le CPE à l'aide du 49.3, François Hollande, premier secrétaire du PS, avait assené avec une parfaite dignité « le 49.3 est une brutalité, le 49.3 est un déni de démocratie, le 49.3 est une manière de freiner ou d'empêcher le débat parlementaire ». Comment s'étonner, avec une telle contradiction entre les paroles et les actes, du discrédit de la parole présidentielle et de la progression du FN ? Un Président sans majorité au Parlement, totalement isolé dans l'opinionL'utilisation du 49.3 est l'aveu de faiblesse d'un gouvernement incapable d'obtenir une majorité à l'Assemblée nationale pour faire adopter un projet de loi aussi ostensiblement favorable au Medef. Nombreux aussi, sont ceux qui s'interrogent sur l'utilisation de la violence d'État et sur son intensification. Les témoignages s'accumulent. Les médias ne parlent plus du 49.3 ou du contenu du projet El Khomri mais des « violences », ce qui est sans doute le but recherché. Depuis le Nigéria, François Hollande dénonce les dégradations commises à Rennes… Là encore, quel aveu de faiblesse ! On se croirait revenu en 1970 quand Georges Pompidou présidait la République et lorsque Raymond Marcellin était ministre de l'Intérieur. A une différence prés cependant : Georges Pompidou était alors très largement majoritaire dans l'opinion, alors que François Hollande plafonne à 16 % d'opinions favorables. L' « omerta » qui pèse sur les violences sexuelles subies par les femmes dans les entreprises serait encore plus lourde si le projet de loi Travail était adoptéIl a fallu beaucoup de courage aux femmes politiques qui ont osé briser l' « omerta » qui règne dans les partis politiques, fussent-ils de gauche, quand il s'agit de harcèlement sexuel. Dénoncer les agressions sexistes qu'elles ont subies n'a pas été simple, même lorsqu'elles étaient des élues de la République. Imagine-t-on ce qu'il en serait de cette « omerta » pour des femmes salariées, si la loi El Khomri était votée et permettait à un employeur de licencier à peu près comme il l'entend ? Le harcèlement sexuel a toujours pour origine un rapport de forces social défavorable aux femmes. La loi El Khomri accroîtrait considérablement le pouvoir du patronat comme de la hiérarchie d'une entreprise et le risque d'agressions sexistes augmenterait d'autant. Le silence des femmes harcelées par ceux qui pourraient décider de leurs emplois, particulièrement s'il s'agit de mères célibataires, serait de plus en plus lourd. Une étude du défenseur des droits, en 2014, affirme qu' « une femme sur cinq déclare avoir été victime de harcèlement sexuel au travail ». Ce serait bien pire si le projet de loi El Khomri était adopté car, nous le savons tous, si le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument. L'hypocrisie des articles 1 bis, 1 ter, 1 quater et 1-5 du projet de loi Travail, qui prétendent renforcer la lutte contre le harcèlement sexuel et les agissements sexistes, alors que le projet de loi donne au patronat et à la hiérarchie des entreprises un pouvoir aussi arbitraire, est révoltante. C'est ouvrir, à la hache, une brèche dans la barque et essayer de vider l'eau qui s'engouffre avec une petite cuillère. Censurer le gouvernement !La gauche du PS a échoué de peu à présenter une motion de censure, avec les élus du FDG et des élus d'EELV. Il aurait fallu la signature de 58 députés mais seuls 56 ont signé cette motion de censure. Ce n'est que partie remise, le projet de loi est loin d'être encore adopté. Après son passage devant le Sénat, il reviendra en seconde lecture devant l'Assemblée nationale. Si le gouvernement s'obstine à utiliser le 49.3, il faudra, de nouveau, que les frondeurs essaient d'obtenir les 58 signatures nécessaires au dépôt d'une motion de censure de gauche. Mais si cette motion ne pouvait voir le jour ou si elle n'était pas adoptée, il faudrait bien que les frondeurs en arrivent à se poser sérieusement la question de voter la motion de censure de la droite. La priorité des priorités n'est-elle pas d'empêcher cette loi scélérate d'être adoptée ? Manuel Valls n'a pas hésité à déclarer qu'il utiliserait tous les moyens constitutionnels (dont le 49.3) pour faire passer le projet de loi Travail. Au nom de quoi ceux qui rejettent cette loi dictée par le Medef ne pourraient-il pas, eux aussi, utiliser tous les moyens institutionnels mis à leur disposition ? Myriam El Khomri déclarait le 11 mai au micro de iTélé : « Pour ceux qui nous ont fait des leçons de gauche, on peut se poser la question de où est la cohérence démocratique quand on serait prêt à additionner ses voix avec la droite. Pour moi être frondeur et additionner ses voix à la droite, ce n'est pas être juste frondeur, c'est être un député de droite, tout simplement ». Quel culot ! Comment oser parler de démocratie après avoir utilisé le 49.3 ? Comment qualifier les frondeurs de députés de droite, parce qu'ils voteraient avec la droite, après avoir voulu imposer à la gauche de voter la déchéance de nationalité aux côtés de la droite et de l'extrême-droite ? Imposer une loi de droite que même Nicolas Sarkozy n'avait pas osé essayer de faire voter, est-ce vraiment être de gauche ? Qui brouille, avec acharnement, depuis 2012, les frontières entre la gauche et la droite ? La droite, nous dit-on, ferait voter une loi encore pire si elle revenait au pouvoir. C'est évident, mais en quoi laisser le projet de loi El Khomri acquérir force de loi pourrait empêcher la droite d'adopter une loi encore plus catastrophique ? Nicolas Sarkozy, lui-même, n'avait pas osé soumettre au vote du Parlement une loi aussi favorable au Medef que la loi Travail. Le vote de cette loi ne servirait pas de contre-feu mais, bien au contraire, de marchepied à la droite pour lui permettre d'aller encore plus loin dans la destruction du Code du travail. Des menaces de rétorsion contre les frondeursJean-Christophe Cambadélis les menace des foudres de la « Haute autorité ». Mais pourquoi ne traduit-il pas Manuel Valls devant cette haute autorité (François Hollande n'a plus sa carte au PS) pour n'avoir pas respecté les engagements pris en 2012 devant les électeurs ? Pourquoi ne se traduit-il pas lui-même, devant cette « Haute autorité » pour ne pas avoir respecté les engagements qu'il avait pris lors du congrès de Poitiers ? Jean-Marie Le Guen menace les frondeurs d'être privés de l'investiture du PS en 2017. Il se croit, sans doute, bien à l'abri dans l'une des 20 ou 25 circonscriptions qui pourraient rester socialistes en 2017, si François Hollande ou Manuels Valls étaient candidats à la présidentielle. Il n'a rien compris à ce qu'il en irait, dans un tel cas de figure, des résultats des élections législatives. En 1988, le Parti socialiste avait obtenu 218 députés mais en 1993, ils n'étaient plus que 57. Pourtant, le dégoût des électeurs de gauche en 1993 n'avait rien à voir avec le rejet, voire la haine, que des millions d'électeurs de gauche éprouvent, aujourd'hui, envers le Parti socialiste. La menace de priver les « frondeurs » d'investiture est dérisoire : autant menacer un passager du Titanic de le jeter par-dessus bord. 74 % des habitants de notre pays sont contre le projet de loi54 % approuve les mobilisations contre le projet de loi. 67 % des sympathisants de gauche les soutiennent. 55 % des sympathisants du PS veulent que le gouvernement revienne sur le texte, ce qui est d'autant plus remarquable que le nombre des « sympathisants du PS » ne cesse de se réduire. Renoncer à cette loi dictée par le MEDEF et faire voter une loi protectrice des salariés est l'ultime chance d'empêcher le naufrage intégral du quinquennat.
Source : Filoche.net
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