Valls ne sait plus ce qu'il dit
Il y a trois jours, nous reprochions, ici même, à Manuel Valls de bafouiller. Il avait, en effet, affirmé que « chercher à comprendre le terrorisme c'est l'excuser » Phrase évidemment absurde puisque –tous les experts sont d'accord, pour une fois- pour combattre le terrorisme il faut, d'abord et avant tout, essayer de comprendre ce qui l'anime, ce qui pousse de jeunes converties à se faire sauter avec une ceinture d'explosifs, des paumés sortant de prison à gagner la Syrie, les anciens officiers de Saddam Hussein (des laïcs du parti Bass) à rejoindre les extrémistes sunnites, les Saoudiens à financer ces tueurs, des centaines de milliers de Syriens, d'Irakiens et maintenant de Libyens à tolérer et même à accueillir la dictature du califat de l'Etat islamique, etc., etc. Mais le Premier ministre est vraiment au bout du rouleau. Lui qui avait jusqu'à présent la parole aussi facile que péremptoire s'est encore pris les pieds dans le tapis en déclarant textuellement, aujourd'hui, à la BBC : « L'état d'urgence sera prolongé en France jusqu'à ce qu'on se soit débarrassé de Daech » (sic) En clair, Valls annonçait (aux Anglais) que les Français étaient désormais condamnés à vivre sous le règne de l'état d'urgence… à perpétuité, à tout jamais et pour l'éternité. Tout le monde sait, en effet, qu'il faudra, au mieux, des années et des années pour extirper l'extrémisme musulman de la planète et qu'il est d'ailleurs beaucoup plus raisonnable d'imaginer qu'avec l'immigration massive, les déplacements de population à très grande échelle, la démographie qu'on leur connait et la lâcheté de tous les dirigeants occidentaux ce seront « les dingues d'Allah » qui finiront pas l'emporter. Delà à jouer les Tartarin à la BBC, il y a un pas que le Premier ministre n'aurait jamais dû franchir, surtout au moment même où le président de la République prévenait les présidents du Sénat et de l'Assemblée (ainsi que Nicolas Sarkozy) qu'il allait demander au Parlement de prolonger cet état d'urgence de… trois mois. Annoncer que cet état d'urgence risque fort de durer encore des années c'est perdre le sens des mots. Par définition, un état d'urgence ne peut déclencher que des mesures exceptionnelles ; et, toujours par définition, des mesures exceptionnelles ne peuvent pas se prolonger indéfiniment. On a presque l'impression que ce franco-espagnol (né à Barcelone, sept ans après la mort de Franco) se satisfait parfaitement de cet état d'urgence qui permet au pouvoir d'interdire n'importe quelle manifestation n'importe quelle réunion et de faire faire par la police des descentes chez n'importe qui, jour et nuit. Le Premier ministre commet là deux erreurs graves. D'abord, il donne une victoire aux terroristes qui, après avoir tué en plein Paris, peuvent maintenant se targuer de gâcher la vie quotidienne des Français. Ensuite, il oublie que nous sommes tous très attachés à nos libertés individuelles et particulièrement pointilleux à leur sujet. Le pouvoir actuel n'est déjà pas populaire mais l'idée que la France devrait s'habituer à vivre sous l'état d'urgence (comme au temps de Guy Mollet, à croire que c'est une manie chez ces gens-là) nous sera rapidement insupportable. D'autant plus que l'utilité de cet état d'urgence est de plus en plus contestée. Les amis de François Hollande nous répètent à satiété : que dirait-on si nous levions cet état d'urgence et qu'un nouvel attentat se produisait. En effet. Mais que dirait-on si cet état d'urgence n'était pas levé et qu'un attentat se produisait malgré tout ? Or, il suffit de prendre le métro et de faire quelques courses dans les Grands magasins pour s'apercevoir que les contrôles de Vigie-pirate-attentats ne sont déjà plus que de lointains souvenirs et que même les légionnaires qui patrouillent dans les rues de la capitale n'ont plus qu'un regard très lointain, voire distrait. Valls a pataugé dans l'histoire tragi-comique de la déchéance de nationalité pour les terroristes binationaux, pataugé dans ses démêlés d'égocentrismes avec Macron, voilà qu'il patauge avec l'état d'urgence. A force de dire n'importe quoi, il va finir par se noyer dans le marigot… |
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