[Trump bashing] La primaire du Nevada entachée de fraudes
La primaire du Nevada entachée de fraudesSource : Le Nouvel Obs, 24-02-2016 Plusieurs sources font état de pénurie de bulletins de vote et d'identités non vérifiées lors du caucus républicain de mardi dans le Nevada qui a vu Donald Trump triompher.
Donald Trump a largement renforcé son avance. Le milliardaire a remporté mardi 23 février une large victoire dans le Nevada face à ses rivaux Marco Rubio et Ted Cruz, sa troisième d’affilée dans la course à la primaire des Républicains. Mais la soirée a été marquée par de nombreuses constatations de désorganisation, voire de fraude. Plusieurs cas dans lesquels les électeurs n’ont pas eu à présenter de pièce d’identité ont été signalés sur différents sites. La désorganisation de l’élection a aussi engendré de longues files d’attente et une pénurie de bulletins de vote. En cause, il y aurait apparemment la très forte participation. “Essayer d'attraper toutes les fraudes qui se passent ici serait comme essayer de boucher tous les trous du Titanic”, a expliqué Jeremy Hugues, membre de l’équipe de campagne de Marco Rubio, à CNN. “Vous en réparez une et une autre surgit.” Dans son bureau de vote situé dans le comté de Clark, il raconte que les bénévoles laissaient les votants opérer sans vérifier leur papiers d'identité, leur permettant de voter plusieurs fois. Jeremy Hugues a dénoncé ces violations à Sue Lowden, l'ancienne présidente du parti républicain du Nevada qui se trouvait sur place. Elle s’est chargée de réprimander le responsable. Des cas similaires ont été observés dans d’autres bureaux de vote. Selon la journaliste de Mashable Emily Cahn, les bénévoles auraient distribué des bulletins sans vérifier les papiers d'identité. “Un gars a voté Trump deux fois“, note-t-elle sur Twitter. “Un homme sur place dit ‘C’est un désastre'”, ajoute-t-elle. Des tenues à l’effigie de Donald TrumpD'autres témoins ont aussi rapporté que les bénévoles du caucus, qui ne sont pas censés montrer leur préférence pour l’un des candidats, faisaient clairement campagne pour Donald Trump. Elaina Plott, journaliste pour “The National Review”, cite une source de l’équipe de Rubio, qui lui explique qu’un des bénévoles, vêtu d'un t-shirt à l'effigie de Trump, “intimide” les gens. “C'est le foutoir”, ajoute cette même source.
Un journaliste du “Guardian” indique également avoir remarqué deux personnes avec un t-shirt Donald Trump parmi les bénévoles chargés de collecter les votes.
Les caucus ne sont pas régis par la loi. Leurs règles sont définies par les organisations politiques locales, et non par le gouvernement. Mais ces règles-là semblent avoir (volontairement ?) été laissées floues auprès des bénévoles et militants. En ce qui concerne la tenue des candidats par exemple, cette règle s’inscrit dans la tradition du précédent caucus, sans être réellement codifiée, explique le “Guardian”. Le GOP (Republican National Committee) a ainsi clarifié la situation dans la soirée sur Twitter : “Cela ne va pas à l’encontre des règles que les bénévoles portent des vêtements à l’effigie des candidats. Les bénévoles ont suivi une formation approfondie et font un excellent travail”. Le parti républicain botte en toucheLe parti républicain du Nevada a répondu à ces nombreux rapports de désorganisation dans un tweet : “Il n'y a eu aucun signalement d'irrégularités ou de violations du vote”. Un autre officiel du GOP a expliqué au journaliste Jon Ralston que le parti allait passer en revue les bulletins et vérifier les cas de signalement de doubles votes. “En terme de pénurie de bulletins de vote, nous étions préparés à la situation et des bulletins supplémentaires ont été amenés en quelques minutes”, a expliqué le représentant dans un communiqué relayé sur Twitter. La confusion dans le Nevada a encore été aggravée par l’arrivée impromptue de Donald Trump dans un bureau de vote du caucus. L’animateur Glenn Beck était en train de prononcer un discours de soutien à Ted Cruz, mais le favori des républicains l’a interrompu et lui a totalement volé la vedette. A. S. Source : Le Nouvel Obs, 24-02-2016
Primaire républicaine : une “convention négociée” pour faire barrage à Trump ?
Source : Le Nouvel Obs, Philippe Boulet-Gercourt, 25-02-2016 Donald Trump est favori, certes, mais vainqueur? Les Républicains pourraient arriver à la convention de juillet sans avoir choisi leur candidat. Ouvrant la voie à une “convention négociée”. Le candidat des Républicains ne sera pas choisi mardi 1er mars, ce “Super Tuesday” qui verra 13 Etats élire leurs délégués à la convention du parti en juillet. Ces 13 Etats enverront 595 délégués à Cleveland, élus à la proportionnelle, alors qu’il en faudra 1.237 (la moitié du total plus un) pour être le candidat du parti en novembre. Ce candidat n’émergera peut-être même pas le 15 mars, quand 6 autres Etats éliront 367 délégués. Ni même plus tard. Dans cette primaire folle, un scénario émerge, qui devient chaque jour de plus en plus vraisemblable: une convention négociée.
102 tours de scrutinDe quoi s’agit-il? Très simple… sur le papier. Le 18 juillet, les 2.472 délégués républicains se retrouveront pour choisir le candidat républicain. Lors du premier tour de vote, ils seront obligés de se prononcer pour le candidat auquel leur nom est attaché. Par exemple, Donald Trump a gagné 14 délégués dans le Nevada, Marco Rubio 7, Ted Cruz 6, etc. Mais si aucun candidat n’obtient une majorité absolue au premier tour, les délégués deviennent libres de voter pour qui ils veulent, y compris un candidat n’ayant pas concouru lors des primaires. On parle alors d’une “convention négociée” (en anglais, “brokered convention”), en référence à l’époque où quelques hommes puissants tenaient les rênes du parti et négociaient discrètement le choix du candidat dans des salles enfumées. L’histoire américaine regorge de conventions de ce genre, avec parfois des douzaines de votes sur plusieurs jours. Le record a été atteint en 1924, quand le Démocrate John Davis a été choisi après… 102 tours de scrutin! Mais il est vrai que la dernière convention négociée remonte à plus de 60 ans, en 1952 chez les démocrates. Du coup, les sceptiques haussent les épaules quand, tous les quatre ans, les journalistes politiques se mettent à saliver à l’idée d’un tel suspense. Sauf que cette fois c’est différent. “Je ne sais pas combien de temps cela va durer. Qui le sait”, disait récemment Marco Rubio. “Le comptage des délégués a plus d’importance que jamais.” Quatre facteurs militent en faveur d’une “brokered convention”. 1 Il y a plus de candidatsPremière raison : le nombre de candidats toujours en lice. C’est une nouveauté. Maintenant que les vannes à dollars sont grandes ouvertes, à la suite d’une décision de la Cour suprême en 2010, les candidats ont les moyens financiers de continuer leur campagne jusque tard dans les primaires. La preuve par l’absurde est Ben Carson, qui n’a plus aucune chance mais continue de faire acte de candidature. 2 De nouvelles règlesDeuxième raison: pour 2016, le parti républicain a changé les règles d’attribution des délégués. Pour faire durer le suspense – s’ils avaient su! –, le parti a décidé d’attendre les primaires du 15 mars, soit deux semaines après Super Tuesday, pour attribuer tous les délégués d’un Etat au vainqueur (jusqu’à cette date, ils sont attribués à la proportionnelle). Résultat: Trump a beau avoir remporté trois Etats, il n’a engrangé pour l’instant que 77 délégués, soit 6% du total nécessaire. Comme le remarque David Wasserman, du site “538”, “après le 1er mars, 52% des délégués républicains seront attribués sur la base du “winner-take-all” [tous les délégués vont au vainqueur], laissant ouverte la possibilité que l’avance de Trump soit rapidement effacée”. 3 Plus de débatsTroisième nouveauté: toujours dans un souci de pimenter la primaire – les malheureux! –, le parti a multiplié les débats cette année, donnant aux outsiders l’espoir d’améliorer leur fortune en cartonnant avec une réplique assassine. 4 Le parti ne veut pas de TrumpQuatrième facteur, enfin, peut-être le plus important: l’hostilité intense, palpable de presque tout l’appareil du parti à l’égard de Donald Trump, qui n’est pas prête de disparaître tant le programme de Trump (pour ne rien dire de ses manières de punk) est éloigné de l’évangile conservateur. Paul Ryan, l’homme fort du parti et du Congrès, est incompatible avec “le Donald”, et certains le verraient déjà bien en candidat de compromis, choisi en juillet par une convention négociée. Par ailleurs, la perspective d’un parti fracturé jusqu’à la convention peut pousser un John Kasich à rester en lice dans le seul espoir de jouer les faiseurs de rois. Combat de catch à 4Il y a bien sûr mille raisons de croire que le parti échappera à une convention négociée, et les Républicains ont intérêt à croire que ce sera le cas: en l’absence de leaders incontestés, une telle convention se transformerait rapidement en combat de catch à 4 où les protagonistes cogneraient pour de vrai. On n’ose imaginer, par exemple, la réaction de Trump si les délégués lui piquaient sa victoire en désignant un Paul Ryan! Avant d’en arriver là, bien des scénarios sont possibles: Trump peut continuer à écraser ses petits camarades, primaire après primaire, et finir par convaincre le parti qu’il est l’homme du moment. Ou bien ses concurrents peuvent trébucher sur l’obscure “règle n°40” de la convention, qui stipule que pour être nominé, un candidat doit avoir fini premier, pendant les primaires, dans au moins huit Etats. Tout est possible, rien n’est certain. Pas même une victoire de Trump. Philippe Boulet-Gercourt Source : Le Nouvel Obs, Philippe Boulet-Gercourt, 25-02-2016 |
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