Gaza : Aubry corrige Hollande
source: sans langue de bois.frFrançois Hollande a-t-il commis, vis-à-vis d'Israël et des Palestiniens la même faute que Nicolas Sarkozy par rapport à Ben Ali et aux Tunisiens, en ne mesurant pas l'ampleur de l'événement qui se déroulait sous ses yeux ? Martine Aubry le corrige à sa manière.
Certes, Laurent Fabius, le ministre des affaires étrangères, a dénoncé presque au même moment « ce qu'il faut bien appeler le carnage de Gaza », en ajoutant que le droit à la sécurité d'Israël « ne justifie pas qu'on tue des enfants et qu'on massacre des civils ». Certes, quelques heures auparavant, le président de la République avait aussi utilisé, depuis Liège, l'expression de « massacres à Gaza ».
Mais Martine Aubry ne s'en tient pas là : elle précise, mine de rien, qu'elle-même, maire de Lille, ancienne première secrétaire du PS, et accessoirement finaliste de la primaire socialiste en avait appelé, « dès le 15 juillet », à une action de la communauté internationale, et précise : « La réaction internationale est aujourd’hui insuffisante. Le seul avenir réaliste et souhaitable pour les populations est à construire autour du principe "deux peuples, deux États" devant chacun vivre en sécurité. »
Or qu'écrivait François Hollande le 9 juillet, après un entretien avec Benjamin Nétanyahou : « Il appartient au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces. »Autant dire un soutien à ce qui, moins d'un mois plus tard, deviendrait « un scandale » selon le secrétaire général de l'ONU, « des bombardements honteux » pour les États-Unis, ou « une situation intolérable » pour Philip Hammond, le ministre des affaires étrangères de Grande-Bretagne.
De son communiqué initial à son revirement de minuit moins deux, en passant par l'interdiction de plusieurs manifestations pro-palestiniennes qui pouvaient si peu être interdites qu'elles ont eu lieu quand même, François Hollande a semblé déconnecté des brûlures de l'histoire et s'en tenir à une vision d'antiquaire. Il doit faire face à une cascade de critiques ou de condamnations qui vont de la gauche du PS au Front de gauche, de Dominique de Villepin à plusieurs intellectuels tels Edgar Morin, Rony Brauman, ou Régis Debray.
Ce qui l'a conduit à cette solitude n'est pas son amitié déclarée pour le peuple d'Israël (elle n'a rien de déshonorant ni de choquant...), mais sa manière de coller à des dirigeants qui conduisent leur pays dans une impasse militaire, diplomatique, et désormais morale.
a radicalisé les colères et donné du crédit aux pires ennemis des juifs.
Car au-delà de sa sympathie déclarée pour Israël, qui obéit d'ailleurs à des mobiles intérieurs autant qu'à des préoccupations géopolitiques, Hollande a voulu s'en tenir sur le fond à la position traditionnelle de la France : droit à l'existence et à la sécurité pour Israël, et droit à un État aux frontières stables et reconnues pour les Palestiniens.
Le problème, c'est que cette politique initiée par Charles de Gaulle et poursuivie par ses successeurs suppose une capacité à tenir tête aux exaltés des deux camps et que, sur ce point, comme sur tant d'autres, la résistance de François Hollande aux raisons des plus forts a montré ses limites. Le président français n'a cessé de dénoncer le terrorisme de l'un, le Hamas, et il a eu raison, mais il a fermé les yeux sur les folies de l'autre, en l'occurrence la droite et l'extrême droite israélienne, et il s'est égaré.
La démesure et l'inhumanité des représailles engagées par Nétanyahou ont sapé les justifications de cette guerre, si bien que tous les arguments de défense d'Israël se retournent aujourd'hui comme un gant. Le droit de se défendre est légitime, mais justifie-t-il qu'on tire sur des femmes et des enfants ? Le Hamas est infréquentable, mais un pays qui tue 1 800 personnes, civils pour la plupart, sous des bombardements, peut-il donner des leçons de retenue et de démocratie ? L'antisémitisme est un sentiment hideux, il existe et se développe en France, mais n'est-ce pas l'alimenter que de reproduire la violence dont on se plaint, en la multipliant par cent ?
Au fond, la faute de François Hollande n'a pas été d'être l'ami d'Israël, mais de ne pas l'avoir été assez. De ne pas avoir dit la vérité à ses dirigeants. D'avoir craint que dénoncer leurs égarements reviendrait à condamner leur peuple et à renforcer ses ennemis. C'est le contraire qui s'est produit. La conséquence de ces yeux trop longtemps fermés, c'est qu'en France ce silence officiel, en passant pour du parti pris, a radicalisé les colères et donné du crédit aux pires ennemis des juifs.
http://sans-langue-de-bois.eklablog.fr/gaza-aubry-corrige-hollande-a108858812
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