vendredi 29 novembre 2013

Retraite Chapeau De Philippe Varin : Le Reniement De François Hollande et le Mensonge de l'Auto Régulation

Le patronat avait besoin d'un menteur " pour remplacer un Sarkozy pas assez libéral à leurs yeux...



Le “foutage de gueule” de Pierre Moscovici

source : Les 21 millions du PDG de PSA ou la mascarade de l'autorégulation 

Car, en plus de tout cela, cette affaire vient aussi illustrer l’un des reniements majeurs du gouvernement. Durant la campagne présidentielle, François Hollande avait en effet clairement fait comprendre qu’il mettrait de l’ordre dans les dérives de la finance et que, notamment, il prendrait des mesures d’encadrement des plus hautes rémunérations. Dans sa plate-forme, le candidat socialiste avait ainsi pris l’engagement – c’était la proposition n°26 – de plafonner les rémunérations publiques : « J’imposerai aux dirigeants des entreprises publiques un écart maximal de rémunérations de 1 à 20. » Et la proposition n°7 précisait : « Je supprimerai les stock-options, sauf pour les entreprises naissantes, et j’encadrerai les bonus. »

Et le candidat avait aussi clairement fait comprendre que les entreprises privées seraient, elles aussi, soumises à une enseigne identique.

Sitôt l’alternance, le gouvernement commence donc à honorer son engagement : un décret est pris qui plafonne à 450 000 euros le plafond brut annuel de rémunération des mandataires sociaux des entreprises publiques. Et il fait savoir que, conformément à la promesse du candidat, des mesures législatives seront prises pour encadrer aussi les rémunérations privées. C’est Pierre Moscovici, lui-même, qui en donne solennellement la confirmation, le 26 juillet 2012 : « Une loi régulera, voire prohibera certaines pratiques qui nous semblent excessives et donnera davantage de place aux représentants des salariés dans les instances qui fixent les rémunérations », promet-il, donnant ainsi le coup d’envoi à des consultations qui sont conduites par la direction du Trésor.

Mais finalement, après bien des tergiversations entre Bercy et le patronat, qui promet un nouveau code de bonne conduite, le gouvernement décide... de ne rien faire ! Et c’est le ministre des finances lui-même qui l’annonce le 23 mai 2013, à l’occasion d’un entretien : « Il n’y aura pas de projet de loi spécifiquesur la gouvernance des entreprises.  J’ai choisi d’agir dans le dialogue. Dans cet esprit, j’ai rencontré la semaine dernière la présidente du Medef, Laurence Parisot, et le président de l’Afep, Pierre Pringuet, qui se sont engagés à présenter rapidement un renforcement ambitieux de leur code de gouvernance. » Cela suffira- t-il à régler les problèmes, demande, incrédule, le quotidien patronal ? Réponse catégorique de Pierre Moscovici : « Ils m’ont assuré qu’ils étaient prêts à des avancées importantes, notamment en recommandant le "Say on Pay", qui permettra à l’assemblée des actionnaires de se prononcer sur la rémunération des dirigeants. Notre but est d’éviter de figer des règles dans la loi, quand celles- ci sont amenées à évoluer sans cesse dans un environnement international mouvant. Nous préférons miser sur une "autorégulation exigeante". Mais attention : si les décisions annoncées ne sont pas à la hauteur, nous nous réservons la possibilité de légiférer. »

Dans la foulée, Pierre Moscovici multiplie tout au long des mois suivants les amabilités à l’adresse des dirigeants du Medef, jusqu’à danser un véritable tango d’amour avec le président du Medef, à l’occasion de l’Université d’été de l’organisation patronale (lire Ce querévèle le tango d’amour Moscovici-Gattaz).

« Autorégulation exigeante » : la formule stupéfiante et désinvolte du ministre des finances est accueillie, quoi qu’il en soit, avec moquerie par de nombreux observateurs et chroniqueurs. Car tout le monde sait à l’époque que Pierre Moscovici vient de prononcer volontairement une stupidité et que l’enflure des mots choisis n’endiguera en rien... l’enflure des rémunérations. En clair, chacun comprend que « l’autorégulation exigeante » conduira immanquablement à de nouveaux scandales, pas loin de l’abus de biens. Résumant le climat général de moquerie et de sidération qui accueille la sortie de Pierre Moscovici, la journaliste de Marianne, Anne Rosencher écrit un billet ainsi intitulé : « Autorégulation dufoutage de gueule ».

Pour familière qu’elle soit, la formule était frappée au coin du bon sens. Car avec Philippe Varin, on dispose désormais de la preuve des retombées désastreuses et assez prévisibles de cette autorégulation.

Il faut donc se poser la seule question qui vaille : faut-il parler du scandale Philippe Varin ? Ou n’est-il pas plus juste de s’indigner tout autant de la manipulation Pierre Moscovici ? À la sortie du Conseil des ministres, Pierre Moscovici a, certes, jugé cette retraite chapeau « inappropriée ». « Il faut évidemment tenir compte de la situation de l'entreprise, des sacrifices qui ont été faits par les salariés, tenir compte aussi du fait que l'État a accordé une garantie de 7 milliards d'euros pour la banque PSA finance », a ainsi déclaré le ministre des finances. Plus direct, Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, a estimé de son côté que le montant de cette retraite chapeau devait être « reconsidéré ». Il n'empêche ! C'est bel et bien Pierre Moscovici qui a mis au point cette machine infernale, et ce qui advient aujourd'hui chez PSA est exactement ce qui était prévisible.



En fin de journée, mercredi, face à une controverse publique violente, Philippe Varin a donc dû jeter le gant et annoncer qu'il renonçait à sa retraite chapeau. Mais le gouvernement n'est pourtant pas sorti du piège dans lequel il s'est lui-même placé. Car, dans l'intervalle, de nombreuses prises de position se sont exprimées, y compris dans les rangs socialistes, soulignant que l'auto- régulation ne fonctionne décidément pas et qu'il faut donc bel et bien légiférer. Comme pour la fiscalité, voici donc François Hollande pris au piège... de ses propres reniements ! L'affaire Varin est donc close ce mercredi soir. Mais l'affaire des rémunérations scandaleuses des milieux d'affaires reprend de plus belle...

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