La menace (à peine) voilée du Guardian
Dedefensa.org : La menace (à peine) voilée du Guardian
A propos de l' affaire Snowden, les journaux ont été très prudents et très attentifs à ne publier qu’un minimum de documents, en choisissant ceux qui font le moins de dégâts. («Together with the New York Times and Washington Post, we have worked carefully and responsibly (in consultation with governments and agencies) to disclose a small proportion of what he leaked.») Si des mesures sont prises contre ces journaux (voir ce seul journal, le Guardian), alors l’on peut craindre ce qui arrivera à ce moment, c’est-à-dire la véritable dimension catastrophique que représente le fonds Snowden pour le Système ... Cette “catastrophe” pour “les services” qui a été évitée jusque là («The intelligence agencies were saved from true catastrophe by only one thing: the fact that Snowden didn't dump the material on to the web, but handed it instead to journalists.»), – cette catastrophe pourrait bien survenir : «Be careful what you wish for. Kick newspapers by all means, but, without them, be prepared for something much worse.»
Cela nous ramène à un texte antérieur du plus grand intérêt par l’hypothèse qu’il était conduit à évoquer, ce texte du 15 juillet 2013. Le texte avait été suscité directement par une interview de Greenwald au journal argentin La Nacion du 13 juillet, où Greenwald précisait que Snowden n’avait autorisé la publication que d’une part très faible des documents du fonds Snowden, qu’il laissait inexploité notamment dans le chef de documents plus politiques que techniques, dont le contenu est littéralement explosif (selon Greenwald : “assez d’informations pour causer au gouvernement US en une minute seulement plus de dommage que tout ce qu’il a subi dans toute l’histoire des États-Unis”). Nous écrivions à ce propos, ce 15 juillet-là :
«L’on comprend désormais, si Greenwald dit vrai et s’il est bien informé, – et il n’y a vraiment aucune raison pour que ce ne soit pas le cas tant cet homme nous a donné de preuves de sa droiture et de son expérience professionnelle, – que l’enjeu est d’une extraordinaire importance et d’une puissance considérable. Les révélations qu’évoque Greenwald sont d’un calibre colossal (“...enough information to cause more damage to the U.S. government in a minute alone than anyone else has ever had in the history of the United States”), et dans cela qui a figuré dans les publications déjà faites à partir du ‘fonds Snowden’ rien n’approchant leur volume supposé de puissance et d’effets politiques. Dans l’actuel climat d’infrastructure crisique, de crise générale de confiance du public, d’impuissance et de division des directions-Système, on comprend que leur révélation causerait un choc qui pourrait avoir des répercussions difficiles à imaginer et, surtout, hors de tout contrôle... Et le Système, dans sa fureur d’hybris, est capable d’effectivement provoquer cela en continuant à poursuivre Snowden jusqu’à une situation où l’activation des révélations de la partie cachée du ‘fonds Snowden’ serait possible.»
“L’on comprend”, effectivement, qu’il y est question du sort de Snowden, mais en vérité du sort de ses révélations qui implique toutes sortes de situations de pression et de contraintes de la part du Système, contre les USA comme le précise Greenwald, mais aussi contre les autorités et le gouvernement britanniques, éventuellement contre Cameron, qui traînent tous un nombre considérable de casseroles du type qui sont évidemment répertoriées dans les archives des “services” ... Si, effectivement (suite), des mesures d’interdiction et de censure sont prises contre les journaux relayant le fonds Snowden, on retrouverait dans d’autres termes la situation évoquée par Greenwald : une situation où l’un ou/et l’autre journaliste(s), ou/et Snowden lui-même, estimerai(en)t que les entraves faites à la publication des documents choisis dans un sens restrictifs ôtent toute raison de continuer à agir dans ce sens restrictif, ce qui conduirait à décider, à partir de tel ou tel centre antiSystème, la publication sans restrictions, avec les pièces explosives évoquées. Comme on le précisait dans le texte cité, cela n’impliquerait même pas Snowden directement vis-à-vis de ses conditions d’asile politique en Russie, puisque le fonds Snowden dans tout son entièreté est dupliqué et également réparti vers divers relais, dont Greenwald bien sûr. (Au reste, on a pu constater l’interprétation très souple que font les autorités russes des conditions de l’asile politique du whistleblower : Snowden s’agite beaucoup, se montre, parle, va peut-être donner son témoignage officiel à des délégations parlementaires de pays concernés par ses révélations, sans la moindre interférence de ces autorités...).
D’une guerre jusqu’ici suivies cahin-caha selon des règles, une sorte de gentlemen’s agreement qu’on dirait établi de facto, impliquant une certaine retenue de chaque côté, on passerait à cause de l’attitude du Système (les “services” britanniques dans ce cas, et l’autocensure générale), à une guerre totale. La crise Snowden/NSA, qui évolue encore de manière contrôlée malgré l’ampleur des dégâts causés, déboucherait sur l’explosion sans retenue, tout contrôle sur ses conséquences et ses effets étant définitivement écarté. C’est pour le cas que le Système sentirait toute la puissance du choc à la possibilité duquel il est confronté. C’est une bien difficile situation du Système, entre son acceptation contrainte d’une dégradation continuelle sous le coups des révélations contrôlées mais distillées selon une tactique de dissolution, et le risque d’une explosion catastrophique provoquée par son propre durcissement brutal.
Mis en ligne le 8 novembre 2013 à 07H13
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