La BCE évite la débâcle par une politique monétaire accommodante, mais maintient le pistolet sur la tempe des gouvernements dont elle peut à tout moment suspendre le rachat des dettes. Elle laisse exploser le chômage, manifestement dans l'objectif d'accélérer la réalisation de l'agenda néolibéral : baisse des salaires, destruction des retraites par répartition, précarisation générale de l'emploi, démantèlement des services publics et approfondissement du libre-échange.
Ni la France ni l' Italie ne seront "sauvées"
Cette fragilité structurelle de la zone euro risque aussi d’être mise en lumière en Italie qui vient dêtre à nouveau dégradée et dans une moindre mesure en France qui suit le même chemin à quelques années de distance. Or nous n’avons pas les moyens de sauver l’Italie et encore moins de sauver la France. On évoque souvent comme bouclier les opérations OMT annoncées par la Banque centrale européenne en septembre 2012. Ces opérations consistent pour l’institution monétaire à racheter massivement des titres de dette sur le marché des Etats membres en difficulté en vue d’éviter un renchérissement excessif de leur cout de refinancement.Le déclenchement de ces OMT est soumis à des conditions. Il suppose notamment de la part de l’Etat membre la demande d’une aide au Mécanisme européen de stabilité, l’élaboration d’une feuille de route des réformes budgétaires, fiscales et structurelles requises pour assainir les finances publiques et en sous jacent un certain transfert de souveraineté. Il n’est pas certain que le gouvernement italien instable actuel consente à demander cette aide, et trouve un accord sur cette l’édiction de cette feuille de route. Quand bien même les OMT sont déclenchées, il restera à déterminer l’ampleur de l’intervention de la BCE pour un pays aussi important que l’Italie.
C’est au tour du Portugal…
La méthode Coué a ses limites : répéter à l’envi que la Zone euro est tirée d’affaire et qu’elle est à l’abri des turpitudes obligataires grâce au verbe magique de Mario Draghi ne suffit pas !
Les difficultés économiques et budgétaires ne disparaissent pas par enchantement simplement parce que les marchés traversent une zone d’accalmie de quelques mois.
La récession risque de se prolonger en 2014 ; le taux de chômage des jeunes restera durablement le pire de l’après-Deuxième guerre mondiale.
Nous assistons à l’éclatement d’un nouvel épisode de la crise politique qui couvait au Portugal depuis le début de l’année. Il prend rapidement une dimension beaucoup plus préoccupante pour les marchés avec la perspective d’un éclatement quasi-inéluctable de la coalition gouvernementale de M. Coelho. On constate également une incertitude majeure concernant la poursuite de la rigueur voulue par Berlin et Bruxelles.
Les taux longs portugais se sont envolés de 150 points de base hier matin, franchissant le cap des 8%.
La bourse de Lisbonne a plongé de 5,3% dans le sillage des banques… ce qui plombait l’ensemble du secteur financier du nord au sud de l’Europe.
La BCE réactionnaire
L’idée que l’Europe ne contribue pas au bien être des peuples est en train de largement se répandre. La fragilité du gouvernements de coalition portugais a été éprouvée par la politique d’austérité conduite.
C'est une politique très exactement réactionnaire, puisqu'elle prétend nous ramener au XIXe siècle, en effaçant Keynes, la Résistance et l'Etat-providence. Mais elle s'appuie sur un agencement institutionnel performant, contenu dans les traités européens, pour interdire tout changement politique autre que cosmétique.
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