Tu as libéré le Mali des terroristes, maintenant libère Kidal, sinon avec toi, le Mali va divorcer brutalement’
La position conciliante de la France vis-à-vis des rebelles touaregs qui refusent l'autorité de l'État à Kidal est de plus en plus mal perçue par la population malienne. Comme par les partis politiques.
Les messages colportés par la foule, jeudi 30 mai, à Gao, sont à l’image du ressentiment d’une grande part de la population malienne envers les groupes armés touaregs qui se sont retirés à Kidal.
Le président Coulibaly s’est montré très hostile au paternalisme de la France à l’égard du Mali. C’est pourquoi il a dit que : « L’ingérence de la France dans notre souveraineté n’est pas acceptable. Le Mali est un Etat souverain qui doit être respecté. Des propos du genre « je serai intraitable sur la tenue des élections » de François Hollande et l’imposition du 28 juillet pour le 1er tour de la présidentielle, sont des faits qui font mal aux Maliens ». Il a ajouté que tant que Kidal n’est pas libéré, on ne peut pas aller aux élections.
Adama T. Coulibaly d’expliquer que le MNLA est un groupe de bandits, terroristes, manipulés par certains milieux et avec lesquels on ne devrait pas accepter de discuter, car le faire, c’est trahir purement et simplement la mémoire des soldats qui ont été exécutés à Aguelhok, Tessalit, Ménaka.
Et les mandats d’arrêts nationaux et internationaux dans tout ça ?
« Nos pensées aux victimes et non aux bourreaux », « Pas d'élections sans confiance », « Président François Hollande, merci pour la liberté, maintenant la justice »…
Mais a priori, la situation à Kidal n’est pas prête de s’améliorer, surtout après ce qui s’est passé le 2 juin. Le MNLA y a en effet annoncé l’arrestation de plusieurs personnes, dont des soldats, accusées d’espionnage pour le compte de Bamako.
“Les militaires maliens et les personnes liées aux services de renseignements maliens seront considérés comme des prisonniers”, a averti un responsable du MNLA. “Ils sont détenus à la gendarmerie du MNLA de Kidal. Les autres seront libérés”, a-t-il précisé.
Plus grave encore, plusieurs témoignages font état d’actes de racisme à l’égard de personnes de couleur noire. Ce que le MNLA a toutefois démenti, en assurant “rechercher des éléments infiltrés envoyés par les autorités maliennes.”
“Une chasse à l’homme noir est engagée à Kidal depuis ce matin. Le MNLA s’attaque aux populations noires, y compris femmes et enfants. Ils disent qu’ils vont les renvoyer vers le Mali, c’est-à-dire à Gao avec une complicité flagrante des Français qui ne font rien”, a ainsi affirmé, selon l’AFP, un habitant de la ville.
“Depuis ce matin, le MNLA arrête les Noirs dans la ville de Kidal. Ils disent qu’ils veulent se venger des Maliens qui ont tué des Tamasheq (touareg) à Gossi (dans la région de Gao)”, a renchéri un autre témoin. Et, selon la presse locale, le maire de Gossi, Oumar Wadarassane, un Touareg noir, aurait été attaqué la semaine passée, à son domicile, puis ligoté par des hommes armés.
Cela étant, il n’est pas exclu que certains témoins aient cherché à grossir le trait, afin d’obliger Paris à intervenir contre le MNLA à Kidal. Le contexte, en tout cas, fait que c’est une hypothèse à ne pas écarter, même si la rébellion touareg n’est pas non plus exempte de tout reproche.
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