Moscovici et les 37 voleurs |
Le vote à l’assemblée le 9 avril sur la loi de sécurisation de l’emploi (remember l’inversion sémantique orwellienne dans 1984, « la liberté, c’est l’esclavage ! ») héritière de l’ANI (accord national interprofessionnel), fruit des accords entre des syndicats à peine majoritaires et le Medef. Là, pour le coup, il s’agit d’un vrai changement de civilisation ! Et par pour quelques dizaines de milliers de couples gays mais pour des millions de salariés.
Quand on regarde le contenu de la loi ANI, on est étonné qu’elle ait été proposée en l’état par un parti qui se dit socialiste : plans sociaux plus faciles, accords de maintien dans l’emploi à condition d’accepter modulations de salaire ou de temps de travail en fonction des carnets de commandes, mobilité interne obligatoire sous peine de licenciement, temps partiel encore plus flexible, difficultés accrues dans le recours aux prudhommes, pouvoirs réduits du comité d’entreprise.
Sérieusement, comment voulez-vous que la droite s’oppose à cela puisque c’est exactement ce qu’elle souhaitait, et même un peu plus. L’analyse du scrutin parlementaire est édifiante. Elle illustre mieux que n’importe quelle image à quel point l’affrontement médiatique est surjoué et à quel point ce qui en termine tranquillement avec les acquis du CNR se passe avec une discrétion de violette. Que constate-t-on, à regarder cette analyse ? C’est l’abstention qui est majoritaire, notamment grâce à l’UMP, à quelques exceptions près et à l’UDI, qui nous rappelle l’actualité du proverbe « Qui ne dit mot consent. » On pourrait d’ailleurs faire remarquer la même chose à propos de l’abstention d’EELV qui ne veut pas passer pour trop libérale mais tient à ses strapontins gouvernementaux.
Votent contre seulement des socialistes de gauche (on est obligés de préciser, désormais) qui mêlent leur voix à celles du groupe FDG. Autrement dit, pendant que la droite et la gauche font semblant d’exister dans la rue, le parlement devient la chambre d’enregistrement des décisions prises par un grand parti unique. Bref, cette inquiétante conception, qui avait dominé durant plus de deux cents ans, selon laquelle une société pouvait être critiquable et transformable, réformée ou révolutionnée, n’est plus aujourd’hui qu’un spectacle télévisuel. Et vous pouvez zapper, c’est pareil sur toutes les chaînes.
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/les-politiques-se-foutent-de-notre-136040
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