Le Front national, planche de salut de François Hollande ?
source : Serge Federbusch
En faisant adopter la règle d’or, Hollande se place dans une seringue dont il sortira concassé. Ses efforts largement cosmétiques pour diminuer les dépenses publiques et l’alourdissement tous azimuts de la fiscalité seront insuffisants. La récession en cours rend en effet impossible l’atteinte des objectifs de réduction des déficits qu’il s’est fixés. Il le sait bien, le fait déjà susurrer par les hiérarques socialistes et espère que l’aggravation de la crise en Espagne, en Italie ou en Grèce fasse de son engagement une promesse mort-née dont plus personne ne se souciera dans un ou deux ans tant l’Europe aura d’autres chats à fouetter.
Son problème est qu’en attendant, le mécontentement populaire s’approfondit et que son image politique se confond avec celle des défenseurs du système "eurolandais". Bref, les perspectives sont sombres pour l’homme normal qui peine à nous gouverner.
Il lui reste toutefois un espoir de taille : le Front national. Fidèle copiste du plus grand des François de gauche, c'est-à-dire Mitterrand, qui avait limité la casse en rétablissant la proportionnelle pour les élections de 1986, Hollande sait déjà que le mouvement lepéniste est son dernier atout. Si son audience électorale côtoie voire dépasse celle de l’UMP, une victoire socialiste reste possible dans les échéances futures : des deuxièmes tours face à un candidat FN pour lequel une partie de la droite dite classique ne pourra se résoudre à voter et des triangulaires mortifères. On serait en pleine crise de régime, mais, après tout, puisque le PS conserverait ses possessions, l’essentiel serait sauf.
Avant de commencer les travaux, il faut préparer le terrain. Nul doute que la dose de proportionnelle que la commission Jospin préconisera sera substantielle, autour de 15 % des députés, ce qui limitera d’emblée la force du retour de balancier politique. De même, les débats sur le mariage homosexuel, l’homo-parentalité ou le vote des étrangers vont ajouter ce qu’il faut de vinaigre sur les plaies de l’électorat conservateur pour le radicaliser et l’inciter à s’éloigner d’une UMP qui ne parlera pas forcément d’une même voix. Et il suffit d’observer comment le PS et ses relais médiatiques tentent de faire enfler la pseudo polémique sur le racisme anti-blanc pour voir à quel point ils espèrent gêner l’opposition grâce à ces thèmes surjoués.
De son côté, Marine Le Pen n’aura pas beaucoup d’efforts à faire pour capitaliser sur les fusillades en banlieue, l’arrivée sans entraves des Roms quand les mesures transitoires prévues par l’Union européenne prendront fin en 2013, les images des foules vociférantes au Moyen-Orient, la crise interminable de l’euro, etc.
Le grand mérite de Sarkozy, en 2007, avait été de desserrer l’étau frontiste dans lequel Mitterrand avait placé la droite française. L’instrument a néanmoins resservi lors de la dernière élection présidentielle. Le discours "buissonnien" tenu par le président sortant lui a certes permis de prendre 2 à 4 points sur l’électorat qui aurait pu voter pour Marine Le Pen mais il lui en a fait perdre 1 à 2 chez les centristes et modérés. Le bilan électoral était positif et Sarkozy s’en est sorti honorablement. Mais rien ne dit que le futur champion de la droite, qui qu’il soit, parvienne à maximiser les bénéfices de ce grand écart en minimisant ses pertes.
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